Malgré la double crise sanitaire et économique, le nombre de défaillances d’entreprises est au plus bas depuis 30 ans. Cette apparente bonne santé du tissus économique, due au prolongement des aides de l’État, pourrait laisser place à une hausse des difficultés en 2022.
Le ”quoi qu’il en coûte” prôné par le gouvernement pendant la crise sanitaire aura indéniablement permis de sauver, au moins provisoirement, de nombreuses entreprises de la faillite. Instaurée en 2020 puis prolongé en 2021, la mise en œuvre par l’État d’une politique de soutien massif aux entreprises en difficulté pendant la pandémie de Covid-19 a abouti, alors que plane l’ombre d’une crise économique, à une baisse spectaculaire du nombre de défaillances.
« Avec 2221 entreprises placées en redressement ou en liquidation judiciaire en Occitanie, le niveau de défaillances est en chute de 16 % dans la région en 2021 après une baisse de 40 % observée l’année précédente », révèle le groupe Altares, expert de l’information sur les entreprises, dans un rapport rendu public le 26 janvier dernier. Un niveau inédit depuis 30 ans et exceptionnellement bas qui pourrait, toujours selon le document d’Altares, repartir à la hausse avec « le débranchement progressif des aides ».
La suspension de ces mesures d’aide en 2022 pourrait ainsi dévoiler la fragilité d’un tissus économique toujours en sursis et provoquer une recrudescence des défaillances d’entreprises. D’autant que les entreprises doivent également faire face à des difficultés d’approvisionnement et à l’envolée des prix des matières premières.
Sur le plan local, la région Occitanie tire relativement bien son épingle du jeu en présentant une baisse des défaillances d’entreprises plus marquée (16,2 %) que ce qui se constate au plan national (11,8 %). Si c’est en Lozère que le nombre absolue de défaillance est le plus bas (moins de 20 procédures ouvertes) c’est dans le département de l’Ariège que la baisse a été la plus significative en 2021 (-31%).
Au contraire, c’est dans le Lot que le prolongement des dispositifs d’aide semble avoir été le moins profitable puisque le nombre de défaillances n’a diminué que de 2 % par rapport à l’an passé. Enfin, si la Haute-Garonne est descendue en dessous du seuil des 500 procédures (465 en 2021 contre 1 300 en 2014), l’Hérault en déplore toujours 578 (soit une baisse de 10 % par rapport à 2019).
« En Occitanie, l’essentiel des défaillances (94 %) concernent des TPE », rappelle le rapport d’Altares qui fait de la situation des PME un indicateur essentiel de l’efficacité des mesures de soutien dans la région. Avec une baisse de 17 % du nombre de défaillances par rapport à l’année dernière, les TPE de moins de 10 salariés semblent avoir profité pleinement des aides de l’État. De même, que les groupes de plus de 50 salariés qui ont vu le nombre de ce type de procédures diminuer de moitié (moins d’une dizaine en 2021, contre près de 20 en 2020).
En revanche, les entreprises de taille moyenne (entre 10 et 49 employés) ont eu plus de mal à résister à la crise économique sur la durée. En 2021, malgré le maintien des aides de l’État, les procédure pour défaillance ont augmenté. « 121 de ces entreprises ont fait défaut contre 106 un an plus tôt », déplore le rapport d’Altares qui précise également que le tiers d’entre elles se situent dans la construction.
De même, alors qu’elles avaient plutôt bien résisté en 2020, les sociétés de l’industrie manufacturière ont vu, en 2021, le nombre des défaillances rebondir de 22 %. Le secteur du commerce de détail résiste encore bien avec une baisse de 23,7 % des défaillances, de même que le secteur des services aux entreprises (-6,4 %), des services à la personne (-15,6%) et, enfin, de la restauration (-40 %), un secteur toujours particulièrement bien accompagné par L’État.
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