ÉTOILES – Le festival Danses et continents noirs s’installe du 22 octobre au 5 novembre pour sa 18e édition à Toulouse. Au programme, une dizaine de spectacles oscillant entre hommage à des chorégraphes célèbres, créations venues des quatre coins du monde et découverte de jeunes talents.
©Patrick Andre« Chaque corps a sa façon de bouger, cela en dit beaucoup sur une personne, sa vie et son environnement. On ne se meut pas de la même façon que l’on vienne de Bretagne ou de Papouasie », lance en souriant James Carlès, le directeur artistique de Danses et continents noirs. Il appelle cela « le corps musical », une notion que le festival va s’attacher à explorer cette année encore.
Repensé en2008 sous l’impulsion de James Carlès, l’évènement veut sortir d’une approche académique ou institutionnelle. Se côtoient donc des spectacles influencés par la danse contemporaine, le coupé-décalé, le dancehall, le hip-hop, le tango, sans établir de hiérarchie entre chaque courant. «On ne sait pas vraiment déterminer leurs racines. En tout cas, quand je regardais des livres d’histoire de l’art, les historiens occultaient souvent les apports des afrodescendants dans la danse contemporaine.» Avec ce festival, James Carlès souhaite donc redonner une visibilité à cet héritage important. «Contrairement à certains discours que nous pouvons entendre, notre culture n’a pas qu’une seule racine. Aujourd’hui, on ressent beaucoup de peur de l’autre, ce festival veut donner à voir les racines plurielles de la France et de l’Occident car elles représentent une richesse.»
« Ce festival veut donner à voir les racines plurielles de la France par la danse »
Pour James Carlès, nul besoin d’être un connaisseur pour apprécier les différents spectacles. Parmi les événements à ne pas rater, “Event” de Robert Swinston qui a travaillé pendant plus de 30 ans avec le célèbre chorégraphe américain Merce Cunningham, un des grands noms de la danse contemporaine. Il avait notamment la particularité de laisser le hasard choisir pour lui ses compositions chorégraphiques. Il jetait des dés pour déterminer l’ordre des mouvements ou la succession des séquences de musique. Robert Swinston, du Centre national de danse contemporaine d’Angers, a choisi de mêler différents extraits de ses pièces mythiques.
«C’est très impressionnant d’un point de vue technique. Mais le spectacle est accessible au grand public, il n’y a pas de message, de propos particulier ou d’histoire à déceler, juste recevoir la beauté des mouvements avec des décors réalisés par la petite-fille d’Henri Matisse», explique le directeur du festival. Autre hommage à une figure de la danse, les compagnies James Carlès Danse & Co et Samuel Mathieu pour présenter la création “Grand Schlem” autour de l’œuvre d’Oskar Schlemmer. À noter également, des propositions originales comme celle du chorégraphe Pedro Pauwels qui demande aux spectateurs d’éclairer la pièce avec des torches.
Le festival se veut aussi un révélateur pour de jeunes talents. Une sorte de télé-crochet de la danse permettra au public de découvrir gratuitement le travail de quatre compagnies. Elles proposeront des spectacles de 15 minutes devant un jury de professionnels. Et décrocheront un accompagnement pour trouver des lieux de création et de diffusion.
Et parce que l’ambition de ce rendez-vous est aussi de (re)donner envie de se déhancher, des cours gratuits et payants sont organisés au centre James Carlès (voir encadré). «Une invitation à danser sans se prendre la tête et se faire du bien, je trouve qu’on le fait de moins en moins alors que c’est une vraie façon de relier les gens entre eux», glisse James Carlès.
Infos pratiques
Du 22 octobre au 5 novembre. Spectacles gratuits ou de 5 à 12 euros. “Event” de Robert Swinston, le 27 octobre, “Grand Schlem”, le vendredi 4 nombre.
Apprendre les danses de club
Du 22 au 26 octobre, le centre chorégraphique James Carlès propose des classes de découverte gratuites de danses urbaines afros dansées en club. Au programme : coupé décalé, afro beatz, une danse née dans les clubs de Londres et d’Accra au Ghana, ou encore le dancehall et ses racines caribéennes. Une heure tous les jours à 17h15, assurée par le chorégraphe professionnel Claude Gomis.
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