Casil Europe, l’actionnaire chinois qui détient 49,9 % des parts de l’aéroport de Toulouse Blagnac, est à la recherche d’un repreneur. Entre projet d’investissement et opération financière, cette vente pose à nouveau la question de la privatisation de l’infrastructure.
Arrivé en 2014, Casil Europe, l’actionnaire chinois qui détient 49,9% des parts de l’aéroport de Toulouse-Blagnac est à la recherche d’un repreneur. En dépit d’un bilan financier plutôt positif, le groupe aurait donné un mandat à la banque d’affaires Lazard pour trouver des candidats. Celui-ci s’était pourtant engagé à investir 850 millions d’euros sur 30 ans. Cette décision pourrait s’expliquer par le revirement de l’État qui a finalement annoncé ne pas vouloir lui céder ses parts restantes (10,1%), privant celui-ci d’une position majoritaire. Et cela malgré un pacte d’actionnaires secret qui lui garantissait un soutien a priori de toutes ses résolutions.
Trois candidats se sont officiellement déclarés intéressés par un rachat des actions, pour un montant minimum évalué à 500 millions d’euros. Vinci Airports associé à la Caisse des dépôts et consignations et à Predica (groupe Crédit Agricole) seraient en concurrence avec Eiffage et un groupement réunissant la société d’investissement Ardian, la Banque Populaire Occitane, la Caisse d’Épargne Midi-Pyrénées et les fonds Mirova (Natixis).
« Une privatisation bâclée leur permettant de ponctionner les réserves »
Cette vente générerait une plus-value de 200 millions d’euros qui viendrait s’ajouter aux 30 millions d’euros perçus comme dividendes par le consortium chinois au cours des quatre dernières années. Une rétribution régulièrement supérieure aux bénéfices réalisés par l’aéroport et parfois puisée dans ses réserves financières. Ce que dénonce le Collectif contre la privatisation de la gestion de l’aéroport : « C’est une privatisation bâclée qui a permis à un actionnaire chinois de ponctionner les réserves patiemment accumulées par des générations de travailleurs. »
Cette association de riverains et de citoyens a lancé une pétition en ligne baptisée ‘’Rendez l’argent !’’ qui demande aux collectivités locales actionnaires de revenir à une gestion 100% publique et de dénoncer une tromperie de la part de Casil Europe. « Pour convaincre la commission, en 2014, les Chinois avaient annoncé 850 millions d’euros d’investissement. C’était une promesse en toc pour duper les décideurs de l’époque. En droit français, cela s’appelle un dol (un vice du consentement sanctionné par la nullité du contrat, ndlr) », défend maître Leguevaques, l’avocat du collectif qui a adressé, le 8 février, un courrier aux trois collectivités également actionnaires (aux côtés de la Chambre de commerce et d’industrie de Toulouse).
Selon lui, Toulouse Métropole, le Conseil départemental et la Région pourraient donc saisir la justice pour obtenir l’annulation de l’achat des parts par le consortium chinois et, ainsi, le remboursement des dividendes versés.
Les trois collectivités concernées, que nous avons contactées, ont répondu à l’unisson. Toutes ont signifié leur souhait de voir l’État conserver ses parts quoiqu’il arrive et préserver ainsi un actionnariat majoritaire public. Le Département, qui examine actuellement la proposition de maître Léguevaques, se dit même prêt à étudier des solutions de rachat des parts en question, par la mise en place d’un consortium d’acteurs publics ou l’ouverture du capital aux citoyens. Aucune des collectivités ne s’est exprimée sur la liste des candidats à la reprise.
Commentaires
Toin le 08/10/2024 à 11:08
Si vous voulez en savoir plus sur les dessous de la prise de participation à hauteur de 49.9% par cet actionnaire chinois ainsi que sur les raisons de sa mystérieuse disparition après cette acquisition, lisez l'excellent "L'empreinte du Dragon" de Jean Tuan chez CLC Editions. Dans cette fiction plus vraie que vraie, l'auteur, observateur crédible de la Chine, dévoile les raisons qui ont présidées à cette lamentable situation. Disponible en librairies et sur les sites internet. Une lecture jubilatoire !