L’association Seuil propose à des mineurs condamnés par la justice de marcher pendant trois mois avec un accompagnant. Peu répandue, l’initiative a prouvé son efficacité pour détourner les jeunes de la délinquance.
Marcher pour sortir les mineurs de la délinquance. C’est ce que propose l’association Seuil. L’idée naît en 1998 lorsque Bernard Olivier, ancien journaliste, rencontre sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle deux jeunes à qui un juge belge avait présenté un accord : la marche ou la prison. Convaincu que l’enfermement n’est pas une solution, il importe l’initiative.
« Il a fallu du temps pour trouver le juste équipage. Au début, les jeunes partaient à deux ou trois, c’était un fiasco. On ne faisait que transporter le phénomène de délinquance », raconte Patrick Viguier, correspondant de l’association dans le Sud. Désormais, les marches sont effectuées par un seul adolescent et un accompagnant, en accord avec la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et sur autorisation d’un juge qui peut ainsi laisser sortir de prison un mineur, une fois purgée la moitié de sa peine.
« La marche est un formidable outil de résilience »
Après une marche test de huit jours, les volontaires partent pendant trois mois et près de 1 600 kilomètres sur les sentiers d’Espagne ou d’Italie afin de se confronter à une culture différente. L’expédition se déroule sans musique, sans téléphone et sans stupéfiants ni cigarettes, avec une heure de silence quotidienne à respecter. « Nous ne lâchons pas les binômes dans la nature. Nous mettons en place tout un dispositif avec un poste de commandement à Paris, disponible en permanence pour soulager le jeune autant que l’accompagnant », précise Patrick Viguier. 30 séjours sont organisés par an.
Et selon une étude indépendante publiée en 2017, plus des trois quarts des adolescents ayant mené leur périple à bien présentent une amélioration de leur comportement. « L’objectif est de les désenclaver de leurs habitudes marginales pour les aider à formuler un projet. La marche est un formidable outil de résilience pour dépasser les traumatismes de l’enfance », assure Patrick Viguier.
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