Échanges. Ouvrir un espace de discussion entre les citoyens et les élus, tel est l’objectif de Politizr, la nouvelle plateforme web lancée par Lionel Bouzonville et Thomas Champion. Ces deux professionnels du numérique ont mis leurs compétences au service de la politique.
«Remettre le citoyen au cœur du débat et faire en sorte que les élus prennent leurs responsabilités en expliquant leurs actions aux administrés, via l’outil numérique.» Pour Lionel Bouzonville, c’est là tout l’intérêt de Politizr, plateforme numérique qu’il a élaborée avec Thomas Champion. Elle permet «à n’importe qui de lancer un sujet lié à la vie de la cité et à interpeller les élus», précise-t-il.
Le premier, développeur informatique, installé en indépendant, cherche à concrétiser son idée sur le web et en parle au second, graphiste freelance. Ensemble, ils travaillent sur une nouvelle approche de la politique par le numérique. Sous une version béta, Politizr voit le jour en juin dernier.
Cette idée, comme le précise amusé Lionel Bouzonville, est le fruit d’un constat de carence. «Sur le web, les seuls sites qui abordent des sujets de politique restent ceux des partis et des médias. Et encore, ils le font de manière cloisonnée. Il n’existait pas d’outils numériques permettant de discuter de sujets politiques au sens large», commente-t-il.
De même, par son expérience de conseiller municipal à Foix, il ressent le besoin de pouvoir justifier et expliquer de façon pédagogique aux administrés les mesures votées par la ville. Et il n’est pas le seul puisqu’il relève cette frustration chez plusieurs de ses homologues. Selon le cofondateur de Politizr, cela pourrait permettre «de lutter contre le “tous pourris”.» Une rengainerévélatrice, pour les créateurs du site, du désintérêt grandissant des citoyens pour la politique.«Mais attention, ils ne doivent pas confondre la politique politicienne avec la vie de leur cité, car même à l’échelle ultra locale, tout est géré par la politique », préviennent-ils.
En 2016, Lionel Bouzonville, militant écologiste convaincu, choisit de se consacrer pleinement à son nouveau projet. Et décide donc de « laisser les autres parler de réchauffement climatique» par souci de neutralité, pour garantir la légitimité de la plateforme, même s’il reconnaît que «cela peut être frustrant.»
Un nouvel outil que les fondateurs ont voulu interactif : un lieu de discussion pour coconstruire un débat politique non stérile, «il s’agit au final d’une communauté bienveillante qui échange sur des préoccupations du quotidien», précise Thomas Champion. Un habitant de Toulouse pourra ainsi demander les raisons d’une augmentation des impôts dans sa ville. Des élus locaux auront l’opportunité de se justifier de manière très concrète, quand des représentants d’autres territoires pourront alimenter la discussion en témoignant d’actions menées sur leurs zones géographiques.
Sans prétendre apporter des solutions, Politizr se propose d’ouvrir les débats, voire de faire évoluer les points de vue, une fois que les électeurs ont obtenu des explications claires et concrètes de la part de leurs élus. « Même, si l’on a conscience que c’est utopique, nous souhaiterions que notre site impulse une dynamique de réinvestissement des électeurs en politique », lance Lionel Bouzonville. Une ambition d’envergure en ces temps d’élections.
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