Malgré son occupation par des familles en attente de relogement et l’opposition des riverains qui préféreraient que la collectivité y réalise des équipements publics, l’ancien centre des finances de la rue Roquelaine a été mis aux enchères aujourd’hui.
L’immeuble de l”ancien centre des finances de la rue Roquelaine est mis en vente aux enchères aujourd’hui ©Chambre des notairesC’est aujourd’hui que doit avoir lieu la très contestée vente aux enchères de l’immeuble du 36 rue Roquelaine à Toulouse. Le bâtiment, ancien centre des finances publiques, est en effet au cœur de la polémique depuis la publication de l’annonce, au début du mois de juillet, par la Direction régionale des finances publiques. L’opération s’inscrit dans le cadre d’un vaste plan de l’État visant à se séparer de ses biens désaffectés.
Sauf que depuis le 17 janvier dernier, le bâtiment n’est, en réalité, plus tout à fait désaffecté. Il est en effet occupé par 5 familles qui ont réquisitionné les lieux avec le soutien des militants de la campagne « Un toit pour apprendre », initiée par plusieurs associations toulousaines (DAL, FCPE, RESF, Ligue des droits de l’homme…).
« Nous avons été consternés d’apprendre la mise en vente par l’État qui a pris cette décision sans se préoccuper du relogement des personnes qui s’y trouvent. Cela fait des mois que nous attendons en vain des propositions de la part de la mairie ou de la préfecture. Mais vente ou pas, nous resterons tant qu’il n’y aura pas de solutions pour les familles », indique Nina Condeço, porte-parole du DAL 31, qui rappelle que toutes les démarches administratives pour obtenir une prise en charge avaient été faites en bonne et due forme avant de procéder à la réquisition.
Une dizaine de personnes originaires d’Albanie, de Syrie, de Guinée ou de Colombie vivent actuellement au 36 rue Roquelaine, dont des enfants scolarisés dans le quartier ainsi qu’un étudiant. Mais ce ne sont pas les seules que la vente inquiète. L’association de quartier Chalets Roquelaine s’est également mobilisée afin de demander à la mairie de Toulouse qu’elle se rende maître du terrain. Dans un contexte de rareté du foncier, les riverains auraient en effet préféré que la municipalité profite de l’opportunité pour créer des équipements dont le quartier a besoin tels qu’une crèche publique ou des logements sociaux.
« La mairie a la possibilité de faire jouer son droit de préemption. Mais c’est le choix de la spéculation immobilière qui a été fait », regrette Nina Condeço. Si Annette Laigneau, adjointe à l’urbanisme, a assuré qu’elle étudierait l’opportunité pour la ville d’acquérir le bâtiment, il n’est pas sur que le timing de la vente ne lui en ait donné le temps. L’immeuble situé sur une parcelle de 791 m² et mis à prix à 1,9 millions d’euros devrait certainement trouver preneur dès aujourd’hui.
En attendant, malgré une décision de justice enjoignant la préfecture à trouver une solution de relogement, les familles présentes dans l’ancien centre des finances sont toujours sous la menace d’une expulsion. Dans l’annonce de la vente aux enchères, il est en effet mentionné que « par ordonnance du 23 juin, statuant sur l’expulsion des occupants sans droit ni titre du bâtiment, le juge des référés du tribunal judiciaire de Toulouse s’est déclaré incompétent au profit du juge des contentieux de la protection du même tribunal ». Une procédure qui ne devrait, toutefois, pas refroidir les potentiels acquéreurs.
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