Premier vecteur de prévention du sida, le dépistage. Diagnostiquer les personnes atteintes permet de casser la chaîne de transmission. Par le lancement d’une campagne de sensibilisation sur le sujet, Nathalie Lydié, responsable de l’unité sexuelle de l’agence nationale Santé publique France, espère le généraliser.
“Les modes de dépistage s’adaptent à votre vie”. C’est le nouveau message de la campagne de prévention 2017 que vient de lancer l’agence nationale Santé publique France pour valoriser les différents outils de dépistage. « Aujourd’hui, c’est la seule manière de savoir si l’on est séropositif. Il est donc indispensable qu’il se généralise le plus possible », explique Nathalie Lydié, responsable de l’unité sexuelle de l’agence de santé.
D’autant que la diversité de l’offre en matière de dépistage rend son accès plus facile. Des tests prescrits par les médecins généralistes, à ceux proposés anonymement par les Centres gratuits d’information, de dépistage et diagnostic (Cegidd), en passant par les Tests rapides à orientation diagnostique (Trod, voir page 7) effectués par les associations, ou par l’autotest, « tout le monde peut trouver son bonheur si j’ose dire », observe Nathalie Lydié. Pourtant, « 25 000 personnes en France ne savent pas qu’ils sont porteurs du virus et ne se protègent pas. Ils représentent 60 % de la contamination actuelle », précise-t-elle.
Car il reste encore des barrières psychologiques et structurelles qui font obstacle à la généralisation du dépistage. « Beaucoup n’ont pas l’impression d’avoir pris un risque et n’en voient pas la nécessité, d’autres ont peur de se confronter aux résultats ou s’exposer à une stigmatisation si ce dernier est positif », témoigne la responsable de l’unité sexuelle de Santé publique France. Le manque de temps pour prendre rendez-vous, aller acheter un test ou attendre les comptes-rendus sont également des freins selon l’agence nationale.
La diversité des outils de dépistage permet de lever certaines de ces barrières, de même que les initiatives proactives des associations qui distribuent des autotests ou effectuent des Trod. « Certaines personnes n’osant pas se rendre dans les centres dédiés ou être vues en train d’acheter un test en pharmacie peuvent ainsi être atteintes par la prévention menée par les politiques publiques », souligne Nathalie Lydié.
Pour élargir encore cette offre, Santé publique France vient de développer une nouvelle démarche, celle de la mise à disposition d’autoprélèvement à domicile. « Nous lancerons ce dispositif en avril 2018, en direction d’une population ciblée, celle des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes », précise la responsable. Ils peuvent ainsi effectuer la ponction sanguine chez eux en toute intimité et toute discrétion, avant de l’envoyer à un laboratoire.
Une marche supplémentaire vers la généralisation, voire la banalisation du dépistage. La Haute autorité de santé (HAS) recommande d’ailleurs de vérifier sa sérologie au moins une fois dans sa vie. Pour les populations dites à risque, citant les homosexuels et les migrants, la HAS préconise de réaliser un test tous les trois mois pour les premiers et une fois par an pour les seconds. « Le but est de parvenir à ce que le dépistage du sida soit aussi courant à faire qu’un test de diabète ou qu’un bilan de santé », conclut Nathalie Lydié.
Nathalie Lydié est responsable de l’unité sexuelle de l’agence Santé publique France.
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