En 25e position des pays européens pour son taux de recyclage des déchets plastiques, la France a beaucoup à apprendre de ses voisins. Hervé Millet, directeur des affaires techniques et réglementaires pour l’Europe de l’Ouest de Plastics Europe, a une idée précise de ce qui pourrait nous faire gagner des places.
© DRSi pour Hervé Millet l’objectif de 100% de recyclage des déchets plastique en 2025 est inatteignable, « il est en revanche possible de valoriser la quasi-totalité de ceux qui sont collectés. Cinq États européens y parviennent déjà », signale le directeur des affaires techniques et réglementaires pour l’Europe de l’Ouest de Plastics Europe, qui regroupe les principaux producteurs de plastique du vieux continent.. Suisse, Autriche, Allemagne ou pays scandinaves, c’est dans le Nord de l’Europe que l’on recycle le mieux. Une performance qui va systématiquement de pair avec la mise en place d’une réglementation limitant la mise en décharge : « C’est un exutoire facile et pas cher qui a jusqu’ici empêché le recyclage de se développer en France », martèle l’expert.
Il se félicite des objectifs fixés en la matière par le Plan Climat. Et se bat également pour que l’on récupère davantage de déchets : « Les bons résultats des pays performants sont notamment le fruit d’une politique de collecte séparée bien organisée ». Ainsi, alors que, pendant plusieurs décennies, seuls les bouteilles et les flacons en plastique des Français étaient recyclés, aujourd’hui, un quart d’entre eux dispose d’une poubelle dans laquelle ils peuvent jeter l’ensemble de leurs déchets valorisables, en papier, en bois, en métal, en verre et en plastique : « Cela augmente le flux et donc la nécessité de développer le marché et l’utilisation de la matière recyclée. C’est une petite révolution qui implique des investissements dans les centres de tri et des efforts de la part des industriels ». Dans le cadre de son Paquet économie circulaire, la Commission européenne appelle d’ailleurs ces derniers à s’engager à inclure davantage de plastique recyclé dans leur fabrication. Des multinationales comme Total, Coca-Cola ou Evian ont déjà répondu présent. L’écoconception est également encouragée, pour prendre en compte la recyclabilité du produit dès le départ.
La qualité de la matière recyclée a ainsi toute son importance : « Si elle s’améliore, le champ d’application sera plus vaste, les clients potentiels plus nombreux et les prix plus élevés », explique le représentant des producteurs de plastique européens, qui ont donc du pain sur la planche. Certains d’entre eux, en Allemagne, en Italie et en Autriche, expérimentent le recyclage chimique, qui consiste à modifier les molécules de plastique pour qu’elles soient davantage réutilisables. « Une voie de progrès supplémentaire, à moyen terme. » Et s’il est un facteur susceptible de valoriser la filière, c’est bien la hausse du prix des matières premières : « Avec un baril de pétrole à 150 ou 200 dollars, on aura intérêt à utiliser du plastique recyclé ! »
Hervé Millet est depuis sept ans le directeur des affaires techniques et réglementaires pour l’Europe de l’Ouest de Plastics Europe, l’association professionnelle européenne qui représente les producteurs de matières plastiques.
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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