Jean-Christophe Calmes, tout nouveau président de l’Union des professionnels de santé Médecins libéraux d’Occitanie témoigne de leur mobilisation face à l’épidémie de la Covid-19 et appelle à une réforme structurelle du système de soins français. Interview en quatre questions.
Le Journal Toulousain : Comment les professionnels de santé libéraux ont-ils traversé la crise sanitaire ?
Jean-Christophe Calmes : Ils ont fait un énorme boulot, toujours au service de la population. Dès le début, ils sont restés sur le pont, en maintenant leurs cabinets ouverts, alors que les hôpitaux étaient débordés. Sans masque ou équipement de protection, ils ont tenu bon. Tout le monde a voulu se rendre utile. Les cliniques ont libéré des lits pour les patients Covid, les médecins généralistes, spécialistes, infirmiers ou pharmaciens ont participé à la prévention et organisé les centres de dépistage. Ensuite, ils ont aidé à la prise en charge de la vaccination, notamment pour les personnes isolées. Ils ont fait preuve d’une incroyable capacité d’organisation. En un rien de temps et à partir de rien.
Qu’est ce qui vous a le plus marqué lors de cette mobilisation ?
Les professionnels de santé libéraux se sont montrés particulièrement soudés face à l’épidémie. Je parlerais même d’une union sacrée. Alors qu’ils avaient l’habitude de travailler de façon isolée, ils ont appris à collaborer. Profitons de ce qui s’est passé pendant cette crise majeure, pour se préparer à d’autres. Et renforçons les liens forts qui ont été noués. Je ne crois pas à l’exercice solitaire de la médecine libérale, nous sommes tous interdépendant.
Quelle modification du système de soins appelez-vous de vos vœux ?
Il faut le réorganiser au profit de la médecine libérale. Beaucoup d’argent a été investi dans l’hôpital français, qui est en avance dans les comparaisons internationales. C’est le contraire pour nos soins primaires et notre prise en charge à domicile. Or, cette dernière va connaître une forte demande, à l’horizon 2030. Avec le vieillissement de la population, il y aura davantage de personnes âgées qui voudront être maintenues chez elles. La Caisse nationale d’assurance maladie évoque même ”une transition épidémiologique”. Il faut axer le système de soin, non plus sur l’excellence hospitalière, mais sur la prise en charge à domicile de patients complexes et polypathologiques. Une telle transition ne peut pas se faire sans moyen.
Les avez-vous chiffrés ?
Lorsque l’on compare les systèmes des pays de l’OCDE, 33 % des budgets de santé sont consacré à la médecine libérale et 28 % à l’hôpital. En France, les chiffres sont exactement inverses. Sur un budget global de plus de 300 milliards d’euros, la différence représente 5 milliards d’euros. Cela donne une idée de l’importance de l’enjeu. Le rééquilibrage ne pourra pas se faire d’un seul coup. Nous demandons un alignement progressif des budgets. De manière à ce que les deux modèles se retrouvent sur un même plan, constituant un système de soins solide, porté par la sécurité sociale. Mon rôle, à la tête de l’URPS Médecins libéraux d’Occitanie sera, entre autres, de porter ce message et d’y faire adhérer un maximum d’autres représentants régionaux.
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