Depuis plusieurs jours, Toulouse connaît des nuits agitées par des violences urbaines. Dans un même temps, des élus sont régulièrement menacés, voire agressés, et ce dans tout l’Hexagone. Pour Jean-Luc Moudenc, maire de la Ville rose c’en est trop ; il se positionne pour la restauration de la loi “anticasseurs”.
Depuis maintenant une semaine, les nuits toulousaines sont régulièrement émaillées de violences urbaines. Incendies, dégradations de mobiliers urbains, saccages de bâtiments publics… Ces exactions font suite à la mort de Nahel, abattu à Nanterre par un policier ce mardi 27 mai. Dans certaines villes d’Île-de-France comme à Neuilly-sur-Marne, à Cergy, à Fresnes… et bien sûr à Nanterre, des scènes de pillages, des attaques de mairies ou de commissariats ont été observées. « Heureusement, Toulouse a été relativement épargnée », constate le maire de la Ville rose, Jean-Luc Moudenc. Selon lui, « on ne peut pas dire que les quartiers se sont embrasés. On est loin des émeutes de 2005 », faisant référence aux événements violents déclenchés par la mort de deux adolescents, Zyed Benna et Bouna Traoré, dans un transformateur électrique alors qu’ils tentaient d’échapper à un contrôle de police.
Les quartiers ne se soulèvent pas, « il s’agit juste de 200 éléments perturbateurs, qui se saisissent de l’occasion pour commettre leurs méfaits en centre-ville », analyse le maire de Toulouse. Avis partagé par le préfet de Haute-Garonne. Les deux hommes sont en contact quotidien, et étoffe leur stratégie ensemble : saturer le centre-ville de “bleu” (présence accrue de la police). Manœuvre efficace pour Jean-Luc Moudenc qui salue la fermeté de Pierre-André Durand.
Fermeté que l’édile aimerait voir appliquée par la justice. Au vu du nombre d’interpellations réalisées ces dernières nuits, et des traductions effectives en justice, la réponse de l’État n’est pas assez sévère selon lui. « Et en disant cela, je ne dénonce pas le travail des juges, mais plutôt les outils dont ils disposent », précise-t-il, lors d’un échange informel. En effet, Jean-Luc Moudenc regrette aujourd’hui l’abrogation de la loi dite “anticasseurs” en novembre 1981 par François Mitterrand, qui la jugeait « liberticide ». « Il faut que la justice ait les moyens d’agir face à des groupuscules violents, quitte à toucher à la Constitution. C’est pour cela que je suis pour la remise en vigueur de cette loi », lance le maire de Toulouse.
La loi “anticasseurs”, avait été instaurée en juin 1970, après les événements de “Mai 68” pour instituer une responsabilité pénale aux auteurs de violences agissant en groupe. « Alors, un individu pouvait être condamné par sa seule présence avérée au sein d’un rassemblement violent. Aujourd’hui, il faut prouver par une vidéo ou une photo que la personne interpelée a commis elle-même une dégradation ou une agression. Cela ne permet plus de dissuader et intensifie l’effet de groupe », explique Jean-Luc Moudenc.
Un effet de groupe qui expliquerait notamment les attaques de bâtiments publics (mairies, écoles, centres sociaux…) et les agressions envers les élus. Ému par l’attaque à la voiture bélier du domicile du maire Les Républicains de L’Haÿ-les-Roses, Jean-Luc Moudenc a participé au rassemblement ce lundi 3 juillet à midi devant le Capitole pour dénoncer les violences envers les représentants de la République. Lui-même victime d’une agression, en marge de la fête d’une manifestation de soutien au mouvement des Soulèvements de la Terre, récemment dissout, il estime que c’est bien l’effet de groupe qui a galvanisé les quelques individus qui s’en sont pris à lui. « Mais jusqu’où ça ira ? » s’interroge le maire de Toulouse. « C’est quoi la prochaine étape ? L’assassinat de l’un d’entre nous ? » poursuit-il.
En réponse, Dominique Faure, ministre déléguée chargée des collectivités territoriales, et ancienne maire de Saint-Orens-de-Gameville, a travaillé sur la protection des élus. Elle a remis une quinzaine de propositions au président de la République, qui devrait les annoncer ce mardi 4 juillet lors de la réception à l’Élysée de 220 maires de communes ayant subi des dégradations ces derniers jours. De nouvelles mesures se déclinant selon quatre axes : « La protection juridique et psychologique, la protection physique en complément de ce qui a déjà été déployé, de nouvelles mesures judiciaires et des mesures autour du rapprochement entre les maires et les parquets », explique Dominique Faure sur Public Sénat.
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