L’isdaT, l’école des arts et du design de Toulouse, est en proie à des difficultés financières. Ses enseignants, étudiants et agents se mobilisent pour demander de l’aide aux financeurs de l’école, dont fait partie la Mairie. Cette dernière annonce qu’une analyse est en cours pour trouver des solutions.
Ils se mobilisent depuis plusieurs mois. Les membres du “comité en lutte de l’isdaT” (institut supérieur des arts et du design de Toulouse), composé d’enseignants, d’étudiants et d’agents, dénoncent « la situation budgétaire et humaine catastrophique » dans laquelle se trouve leur école qui compte 415 élèves. « Nous sommes passés d’un excédent de 300 000 euros en 2018 à un déficit de 500 000 euros en 2023 », révèle Quentin Jouret, enseignant à l’école et membre du “comité en lutte de l’isdaT”. En cause : « une gestion hasardeuse ». « La direction générale a laissé une grosse ardoise. Elle n’a pas regardé à la dépense et a eu une gestion détachée du terrain », estime Quentin Jouret. Nicole Yardeni, adjointe au maire de Toulouse et présidente du conseil d’administration de l’école, reconnaît « des problèmes de gouvernance ».
Mais pour l’élue, la direction générale n’est pas la seule fautive. « Les responsabilités sont partagées », indique-t-elle avant de préciser que le problème rencontré par l’isdaT est commun aux autres écoles d’art : « Un rapport de la Cour des comptes sur la période 2014-2020 a montré une fragilité dans la gestion des Établissements publics de coopération culturelle, dont l’isdaT ». Quentin Jouret est du même avis. « Beaucoup d’écoles d’art ont des soucis budgétaires à cause notamment de la hausse du point d’indice et donc du coût de la masse salariale, des coûts de l’énergie et de l’inflation ». Les écoles se sont ainsi mobilisées en début d’année pour obtenir plus de moyens. Et le ministère de la Culture les a entendus. « Il a accepté de donner deux millions d’euros aux écoles qui en demandaient 11 millions. L’isdaT a obtenu pour sa part 180 000 euros », informe Nicole Yardeni.
Mais cela n’a pas suffi. « La situation reste difficile. Par manque de moyens, nous ne pouvons plus faire entrer de matériels ni organiser de workshops et les voyages scolaires sont remis en question », indique l’enseignant qui souhaite que « la Mairie prenne ses responsabilités de financeur ». La Municipalité soutient en effet l’isdaT à hauteur de 4,7 millions d’euros, et l’État de 1,5 million, pour un budget global de 7,4 millions d’euros. « C’est déjà beaucoup. Cela représente environ 10 000 euros par étudiant en moyenne », révèle Nicole Yardeni qui poursuit : « Les services de la Mairie sont conscients des difficultés de l’école. Et nous nous en occupons avec l’État ». Une « analyse des questions financières et de projets » est d’ailleurs en cours.
« Elle va nous permettre de décider de la trajectoire que nous voulons poursuivre et de combler le trou. Cela passera peut-être par l’arrêt de certains projets. Nous allons aussi examiner la nécessité ou non d’engager des gens pour remplacer les postes vacants », détaille Nicole Yardeni. Selon le “comité en lutte de l’isdaT”, 39 postes sont « en passe de disparaître ». « Ce sont des postes vitaux qui vont impacter la qualité de l’enseignement. Il risque de ne plus y avoir de cours de peinture, ni de bois, ni de son… », déplore Quentin Jouret qui fait état de « la pression morale qui pèse sur les personnels ». « Il y a beaucoup de burn-out et d’arrêts maladie », note l’enseignant. Nicole Yardeni tempère : « Cette souffrance n’est pas nouvelle. Elle n’est pas liée à la conjoncture actuelle ».
Le directeur administratif et le directeur général de l’isdaT sont d’ailleurs actuellement en arrêt. Le contrat du second prendra fin en septembre. Un nouveau sera donc élu à la rentrée. Et le “comité en lutte de l’isdaT” demande à avoir un droit de regard sur le choix de celui-ci. « Nous voulons être partie prenante sur le recrutement du directeur. Nous souhaitons également avoir accès aux comptes », demande Quentin Jouret. Nicole Yardeni lui répond : « Il n’est pas prévu dans les statuts que les enseignants, les étudiants et les agents puissent choisir le directeur. En revanche, ils auront bientôt les comptes administratifs. Nous les présenterons lors du conseil d’administration de ce vendredi 23 juin. Nous ne pouvions pas les communiquer avant, car ils n’étaient pas terminés ».
Un conseil d’administration attendu par Quentin Jouret, qui espère obtenir « de vraies annonces ». La présidente du conseil d’administration prévient : « Nous avons la volonté de trouver des solutions stables et pérennes pour l’école. Mais nous sommes en attente des résultats de l’analyse. Ce qui va prendre du temps. Une fois que nous l’aurons, nous pourrons trouver des axes de réflexion sur le long terme ». De leur côté, les membres du “comité en lutte de l’isdaT” se préparent déjà à se mobiliser dès la rentrée. « Nous sommes motivés et soudés », affirme l’enseignant qui « appelle tous les citoyens » à signer leur pétition. Mise en ligne il y a deux semaines, celle-ci a récolté 7 500 signatures pour le moment.
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