La Toulousaine Claire Castan, à la tête de la fabrique de chocolats Castan Chocolatier, vient de recevoir le titre de “Maître Artisan”. Une fierté pour celle qui a repris l’entreprise familiale en 2007. Portrait.
« Cela vient récompenser notre savoir-faire », estime Claire Castan. À la tête de Castan Chocolatier à Toulouse depuis 2007, elle vient de se voir remettre par la Chambre régionale de métiers et de l’artisanat d’Occitanie le titre de “Maître Artisan”, soit la plus haute distinction dans le domaine de l’artisanat. « C’est une fierté pour moi, par rapport à ce que j’ai pu construire avec mon équipe et à ce que m’a transmis mon père, René », souligne Claire Castan qui aurait d’ailleurs souhaité demander le titre de “Maître Artisan” pour lui qui a ouvert la chocolaterie en 1989 sur l’avenue Antoine de Saint-Exupéry.
« Mais il est décerné seulement aux artisans en activité », regrette-t-elle. Claire Castan dédie alors son titre à son père qui lui appris le métier de chocolatier, après qu’elle se soit formée à la vente des chocolats aux côtés de sa mère, Colette Castan, durant cinq ans. « En septembre 1999, mon père m’a proposé de travailler à la confection avec lui. Je connaissais bien les recettes de nos chocolats, mais je ne connaissais rien à leur fabrication », se remémore la Toulousaine qui a suivi des études en Langues étrangères appliquées (LEA) anglais et italien avant de décider de rejoindre l’entreprise familiale.
Quand elle se met à travailler le chocolat à l’aube de ses trente ans, c’est immédiatement le coup de foudre. « J’étais émerveillée par cette matière très noble qui a sa propre manière de cristalliser », confie l’artisane qui a enrichi sa formation avec des stages dans plusieurs écoles telles que celles de Valrhona ou de Cacao Barry. De ses débuts dans le métier, elle garde un souvenir ému. « Cela a été une période très belle de ma vie et de ma carrière professionnelle », sourit-elle. 20 ans après sa découverte du travail du chocolat, elle reste toujours « hyper fan » de la confiserie.
« Je ne m’en suis jamais dégoûtée et heureusement », rit Claire Castan qui est amené à goûter presque quotidiennement ses créations. Celle dont elle est la plus fière : le Tarfaya Cap Juby, une ganache infusée à la menthe fraîche, appelé ainsi en hommage à Antoine de Saint-Exupéry. Ce dernier a en effet été nommé chef de l’aéroplace de Cap Juby à Tarfaya au Maroc en 1927. « Alors que je travaillais sur ce chocolat en 2007, une personne de la Succession Saint Exupéry – d’Agay m’a suggéré de l’appeler ainsi. Ce que j’ai accepté », raconte la Toulousaine.
C’est lors de la même année qu’elle va reprendre l’entreprise familiale. « Mes parents voulaient arrêter, donc soit ils la vendaient à quelqu’un, soit je la reprenais. Comme je trouvais le métier d’artisan chocolatier magnifique et avait envie de perpétuer la tradition, la question ne s’est pas posée longtemps », relate-t-elle. Claire Castan va alors relever le défi. « Je n’avais toutefois pas mesuré à quel point être chef d’entreprise n’est pas le même challenge que d’être artisan chocolatier », révèle-t-elle. Elle poursuit : « J’ai eu beaucoup de pression et rencontré de nombreuses épreuves ».
Aujourd’hui, sa plus grande fierté est justement d’avoir réussi à tenir « contre vents et marées ». « Je suis allée chercher au plus profond de moi-même les ressources nécessaires pour maintenir le cap », révèle la Toulousaine. Des épreuves, Claire Castan en rencontre toujours et envisage même d’écrire sur le sujet un jour. En plus du chocolat, l’artisane a effectivement une passion pour l’écriture, notamment la poésie, mais aussi pour les Kanji, des caractères chinois utilisés en écriture japonaise, et le Feng shui, une technique de bien-être chinoise via l’aménagement intérieur.
Fière de sa capacité de résilience, Claire Castan l’est aussi de son équipe et de ses apprentis à qui elle a cœur de transmettre son expérience. À l’instar de son père, Claire Castan a en effet le goût de la transmission. « Si je peux léguer des choses à un jeune qui souhaite se former au métier, c’est avec plaisir », souligne la Toulousaine qui intervient d’ailleurs en tant que jury d’examen pour le Brevet technique des métiers chocolatier à Muret. La Toulousaine cherche également à transmettre sa passion à ses clients, dont certains viennent depuis l’ouverture de la boutique.
Si Claire Castan a repris l’entreprise familiale, elle ne sait pas si quelqu’un prendra la relève à sa suite lorsqu’elle partira à la retraite. « Ce serait beau que tout ce que nous avons construit puisse continuer ainsi. Mais cela ne dépend pas de moi. Je n’ai pas la maîtrise là-dessus », indique l’artisane avant d’expliquer : « Mes neveux sont encore jeunes et ne semblent pas partir dans la voie d’artisan chocolatier », constate Claire Castan. En attendant, elle s’applique « à faire savoir son savoir-faire », notamment au travers de portes ouvertes dont une est d’ailleurs organisée ces vendredi 29 et samedi 30 septembre.
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