Le collectif Atécopol, qui regroupe 200 scientifiques toulousains, demande l’arrêt immédiat des travaux de l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres. Une demande qu’il a adressée par lettre ouverte aux représentants politiques qui soutiennent le projet.
Alors que les travaux se poursuivent, la mobilisation contre l’A69 ne flanche pas. Un collectif de 200 scientifiques a décidé d’afficher son accord avec les manifestants. Pour rappel, ce sont désormais 14 personnes qui sont en grève de la faim contre le projet dont Thomas Brail, une des figures du mouvement. Le militant, qui jeûne depuis 25 jours, a été délogé du platane dans lequel il logeait depuis quelques jours devant le ministère de la transition écologique. En soutien, le collectif Atécopol adresse une lettre ouverte aux représentants politiques favorables au projet. Il demande alors l’arrêt des travaux de l’autoroute A69 et souhaite rencontrer au plus vite Carole Delga.
« Pas un seul membre n’est favorable à la construction de l’autoroute A69. Il s’agit d’un rejet unanime », déclare le collectif. Dans leur lettre ouverte, les signataires commencent par rappeler que la conclusion du Conseil national de la protection de la nature est « sans appel » : « il ne considère pas les arguments invoqués comme suffisants pour constituer une raison impérative d’intérêt public majeur. Ce dossier s’inscrit en contradiction avec les engagements nationaux en matière de lutte contre le changement climatique, d’objectif du zéro artificialisation nette et du zéro perte nette de biodiversité, ainsi qu’en matière de pouvoir d’achat. »
Les scientifiques s’appuient également sur le rapport remis au Commissariat Général à l’Investissement. Ce dernier critique celui d’Atosca avec des manques relevés par les experts: « surestimation manifeste des gains de temps de parcours, hypothèses discutables sur le taux de croissance routier, conclusion sur le lien entre développement économique et autoroute contestable, large surdimensionnement de l’autoroute par rapport au trafic attendu, gains socio-économiques majoritairement dus à la valorisation économique du “confort”, et absence de comparaison avec des projets alternatifs. »
Dans la seconde partie de la lettre, les scientifiques apportent leur regard d’experts. Pour eux, « l’intérêt de la limitation du temps de trajet deviendrait caduc en cas de forte limitation de la vitesse sur l’autoroute. » Ils évoquent également une potentielle concurrence entre l’autoroute et la ligne ferroviaire existante. Le collectif précise : « Pourtant, le train émet pour l’instant trois fois moins de CO2 lors du trajet que s’il est fait en voiture individuelle. Ce facteur monterait à 25 si la ligne Toulouse-Mazamet, pour l’instant parcourue par un train diesel, était électrifiée. »
Les signataires estiment également que les effets à très court terme ne justifient pas les « dommages irréversibles qui seront subis. » Les 200 scientifiques listent alors ces dégâts : « Les pertes de terres agricoles, l’artificialisation d’espaces sauvages, les dommages sur la santé des populations induits par les centrales à enrobés, les expropriations, les dizaines de milliers de tonnes de CO2 qui seront émises au cours de la construction et les milliers par an supplémentaires lors de l’utilisation. » Ainsi, le collectif soutient le projet alternatif de La Voie est Libre. Il estime que ce dernier est « à la hauteur de la bifurcation nécessaire pour nos sociétés face à l’urgence écologique. »
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