Le Conseil départemental de la Haute-Garonne et l’académie de Toulouse ont signé une convention pour la mixité sociale dans les collèges. Cette dernière vient pérenniser l’expérimentation mise en place par la collectivité pour lutter contre la ségrégation sociale.
Le Département de la Haute-Garonne demandait encore il y a peu un cadre juridique pour son programme de mixité sociale dans les collèges. C’est désormais chose faite. Le président du Conseil départemental, Sébastien Vincini, et le recteur de l’académie de Toulouse, Mostafa Fourar, ont effectivement signé une convention en ce sens ce lundi 19 juin. Cette dernière est la première de France. « La signature de cette convention vient formaliser ce qui existe. Elle nous fait entrer dans une phase de pérennisation », indique Mostafa Fourar. Plus question, donc, de parler d’expérimentation pour ce programme de mixité mis en place dès la rentrée 2017 par le Département. « Cette convention acte notre politique innovante », appuie Sébastien Vincini.
Pour rappel, ce dispositif consiste à repenser la sectorisation des collèges afin de favoriser la mixité sociale. « La ségrégation scolaire est encore une réalité. Il faut casser ce plafond de verre », souligne le président du Conseil départemental pour qui ce programme est « une alternative à l’éducation prioritaire ». Ainsi, en six ans, le Département a scolarisé 1 400 élèves, issus du quartier du Grand Mirail, vers les collèges de Saint-Simon et Guilhermy, ouverts en septembre 2022 et construits dans des secteurs « socialement mixtes », ou vers des établissements « favorisés » de l’agglomération toulousaine.
Le collège Michelet, qui accueille des élèves de Bellefontaine depuis quatre ans, est l’un d’eux. Et son proviseur, Bernard Vigouroux, est convaincu de l’efficacité du programme de mixité sociale. « C’est une réussite », assure-t-il. Les résultats au Brevet des collèges pour les élèves intégrés au programme en témoignent. En effet, les taux de réussite étaient de 50% avant la mise en place du dispositif, puis ont atteint 63% en 2021 et se sont élevés à 70,6% en 2022. « Les résultats scolaires sont très encourageants et la première évaluation sociale également », informe Sébastien Vincini.
Le Département a engagé une chercheuse universitaire toulousaine pour réaliser une étude sur les enjeux sociologiques du programme, notamment l’évolution des comportements et des rapports sociaux entre élèves ou l’implication des familles, durant trois ans. Celle-ci a notamment pu constater un sentiment d’appartenance des élèves du programme mixité à leur établissement d’accueil. D’ailleurs, ils sont quatre sur cinq à avoir choisi d’entrer au lycée du secteur rattaché au collège d’accueil. Les autres ont préféré intégrer le lycée Rive Gauche du secteur historique. La chercheuse a également pu noter l’autonomie des élèves dans les moyens de déplacement.
Le Conseil départemental de la Haute-Garonne a d’ailleurs mis en place 18 navettes pour les transporter gratuitement vers les établissements d’accueil. « Cette convention signée avec le rectorat va permettre de pérenniser les moyens déployés nécessaires au programme de mixité », annonce Sébastien Vincini. Ainsi, le rectorat va poursuivre la limitation des effectifs à 25 élèves dans chaque classe de sixième de ces collèges et l’affectation de “maîtres mixité sociale” pour faire le lien entre les écoles primaires des quartiers politiques de la ville et les établissements du programme mixité. Il va aussi maintenir et renforcer les moyens de vie scolaire par le biais de la création de postes de Conseillers prioritaires d’éducation (CPE) et d’Assistants d’éducation (AED).
De son côté, le Département va poursuivre son dispositif d’incitation financière. Basé sur le modèle de “bonus-malus”, celui-ci récompense les collèges publics ou privés qui s’engagent dans une démarche de mixité sociale et sanctionne ceux qui ne le font pas. En 2022, 56 des 97 établissements publics de Haute-Garonne ont bénéficié d’un bonus et un seul d’un malus. Les 21 collèges privés du département n’ont eux obtenu aucun bonus et 13 se sont vus appliquer un malus.
Cette convention vient donc consolider le programme pour la mixité sociale. Un renforcement qui amènera vers une généralisation ? C’est en tout cas un premier pas dans cette direction. Mostafa Fourar souhaiterait d’ailleurs voir ce dispositif se déployer sur les autres territoires de l’académie de Toulouse, comme à Montauban, ou ailleurs en Haute-Garonne. « Il faudrait notamment se pencher sur les établissements situés en milieu rural où il existe un vrai problème de mixité sociale. Les IPS (Indice de positon sociale qui permet de rendre compte des disparités sociales existantes entre établissements et à l’intérieur de ceux-ci, NDLR) y sont faibles », indique le recteur.
Sébastien Vincini appuie le souhait de Mostafa Fourar, mais il prévient : « Nous ne pouvons pas faire de la mixité sociale partout. Il envisage donc plutôt de « faire tache d’huile au niveau national ». Le président du Département imagine aussi le déploiement d’un tel programme au primaire. « Si cela se faisait dès le premier degré, il n’y aurait pas tout ce rattrapage à faire au collège où les écarts scolaires entre élèves sont alors importants », note Sébastien Vincini. La collectivité et le rectorat envisagent aussi de travailler avec la Région Occitanie pour « prolonger le programme jusqu’au lycée ».
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