À quelques mois de la mise en place de groupes de niveaux dans les collèges publics hauts-garonnais dans le cadre du plan gouvernemental “Choc des savoirs”, l’intersyndicale éducation appelle à la grève ce jeudi 25 avril et prépare une « casserolade » devant le rectorat.
Retour de vacances agité pour l’intersyndicale éducation de Haute-Garonne. Avec en mot d’ordre « Non au choc des savoirs », les syndicats d’enseignants (CGT Educ’action, Sud Education, Fnec-FP-FO, FSU-SNUIPP, SNES-FSU) appellent à la grève pour la seconde fois de la semaine ce jeudi 25 avril à Toulouse. Par la même occasion, ils entendent se rendre sur le parvis du rectorat à 14h pour une « casserolade » suivie d’une assemblée générale.
De quoi faire entendre leur mécontentement qu’ils partagent via de petites actions comme du tractage devant les établissements scolaires depuis plusieurs mois. « L’enjeu, c’est que les parents d’élèves comprennent cette réforme. Certains ne se rendent pas compte du tri social prévu à la rentrée », explique une adhérente de Sud éducation 31.
Présenté par Gabriel Attal lorsqu’il était ministre de l’Éducation Nationale, le plan “Choc des savoirs” prévoit la mise en place, dès septembre 2024, de groupes de niveaux en français et mathématiques pour les élèves de collèges publics. Une mesure inacceptable pour l’intersyndicale, qui craint de voir voler en éclats l’égalité des chances. « Les élèves seront assignés dans le groupe des forts ou celui des faibles, résume le secrétaire SNES-FSU, Pierre Montels. C’est mettre de la compétition à tous les étages puisque, dans chaque groupe, on retrouvera des éléments forts ou faibles ».
Les syndicats enseignants de Haute-Garonne s’accordent à dire que les élèves risquent de ne jamais basculer d’un niveau à un autre avec ce format. « On ne peut pas dire que l’on essaye pour voir ce que ça donne puisque cela a déjà été fait. En tant que professeur de langue, j’ai vécu l’expérience et les élèves restent dans leurs groupes et ne progressent pas », regrette Christopher Gautier, représentant du Fnec-FP-FO. « C’est illusoire de croire que les élèves faibles pourront rejoindre les forts », appuie Alexia Seguin du FSU SNUIPP. « Sans parler de la perte de repères. C’est très déstabilisant d’être triés de la sorte dès la sixième. Les classes seront séparées un tiers de leur temps de cours », ajoute à son tour le syndicat Sud Éducation.
S’ajoute à cela une autre interrogation pour les syndicats du département : quid du plan Mixité, déployé en Haute-Garonne depuis 2016 ? Ce dispositif consiste à repenser la sectorisation des collèges pour lutter contre la ségrégation sociale. Plus de 1000 élèves initialement scolarisés dans le secteur du Grand Mirail à Toulouse avaient été rescolarisés dans onze collèges plus “favorisés” de la métropole. « Auront-ils droit à une dérogation ? Ces deux mesures sont incompatible et se percutent de plein fouet », réagit le syndicat FNEC FP FO.
S’ils pointent du doigt un manque de personnel chronique depuis de nombreuses années, la mise en place du plan “Choc des savoirs” laisse craindre une plus grande précarisation du personnel selon l’intersyndicale des enseignants. « On va manquer de professeurs donc il faudra avoir recours aux contractuels, voire même puiser parmi les professeurs du premier degré, ce qui va évidemment créer d’autres problèmes », alerte Christophe Gautier, pour qui « le manque de moyens ne va faire que s’accentuer ».
Pour SUD Éducation, la solution ne s’annonce pas simple : « Les contractuels sont formés en quelques jours et certains arrivent sans l’être donc il faudra travailler ensemble, avec des collègues que nous ne connaissons pas, ce qui entraîne une perte de cohésion d’équipe, et qu’il faudra évidemment aider. »
Si les cinq syndicats hauts-garonnais se dressent contre le “plan “Choc des savoirs”, tous soutiennent le plan urgence 31 qu’ils ont eux même établi. En se basant sur 24 élèves par classe, l’intersyndicale déplore un manque actuel de 3 000 professeurs (1700 pour le premier degré et 1300 pour le second degré) ainsi que 500 accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) et 300 assistants d’éducation (AED).
Un bilan qui pourrait donc s’alourdir dans les mois à venir. L’intersyndicale prévoit d’ici là plusieurs actions telles qu’une réunion publique à la bourse du travail de Toulouse le jeudi 16 mai ou encore le soutien à la manifestation organisé par l’association de parents d’élèves FCPE le samedi 4 mai.
Esteban Xivecas
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