Les occupants d’un squat à Saint-Ouen ont quitté les lieux ce 19 janvier 2022. La ville assure qu’ils ont décidé de partir “sans usage de la force publique”. Mais l’opposition et les associations contestent.
Leur départ sème la discorde. Depuis quelques jours, 55 personnes occupaient un bâtiment situé au 29 rue Émile Cordon à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Elles ont quitté les lieux ce mercredi 19 janvier 2022. D’après un communiqué de la mairie de la commune, “les occupants ont pris la décision de quitter les lieux sans usage de la force publique”. Ils auraient fait ce choix après une visite de l’experte judiciaire mercredi.
“Elle a confirmé l’état de péril imminent avéré avec risque d’effondrement des planchers et de nouvel incendie qui menace par conséquent grièvement la sécurité des personnes”, indique la ville de Saint-Ouen. Un feu était effectivement survenu en novembre 2020. Mais un membre de l’opposition municipale a démenti les propos de la mairie lors du conseil municipal de mercredi.
Pour ce dernier, la ville “a demandé l’évacuation des occupants du 29 rue Émile-Cordon”. Elle s’est défendue dans un autre communiqué. La mairie “réaffirme que cette affirmation est fausse”. “En aucun cas, le concours de la force publique ne pouvait être sollicité par la ville, pour la simple raison que la visite de l’expert mandaté par le tribunal était nécessaire à la rédaction éventuelle de l’arrêté de péril sur lequel est, en droit, fondée toute sollicitation de la force publique”, déclare la mairie.
La municipalité insiste : “L’expert, désigné par le tribunal, a conclu à la situation de péril imminent avéré et au risque d’effondrement de planchers. Il a ainsi demandé aux occupants de quitter les lieux immédiatement. Ces derniers ont suivi la procédure”.
Selon le comité Droit au Logement (DAL) Saint-Ouen, les faits sont tout autres. “Ce mercredi 19 janvier en fin de matinée les forces de police (nationale et municipale) ont procédé à l’expulsion des habitants en déguisant cela en «visite d’expert» ! La police a coupé la chaîne du portail, cassé une fenêtre de l’entrepôt pour entrer et évacuer les habitants. Elle n’a présenté aucun papier, ni décision de justice ou autre pour justifier son intrusion”, rapporte le DAL dans un communiqué.
L’association ajoute : “Les habitants sont maintenant dans le froid et la pluie, dans une situation bien plus périlleuse, sur le trottoir”. Face à cela, le DAL demandait “la réintégration des habitants dans les lieux ou la mise à disposition d’un autre lieu permettant de les mettre à l’abri”.
Le comité Droit au Logement (DAL) Saint-Ouen semble avoir été entendu. Hier, la mairie a indiqué sur les réseaux sociaux avoir reçu une délégation des occupants du 29 Rue Emile Cordon. Lors de ces échanges, elle s’est notamment engagée “à interpeller le Préfet dans les meilleurs délais pour accompagner et proposer un hébergement d’urgence adapté à la situation et aux besoins des personnes”.
Ce vendredi 21 janvier au matin, la ville informe avoir obtenu la mise à l’abri des réfugiés. Elle assure : “Les services de la DRIHL (direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement) veilleront dès ce soir à mettre à la disposition des personnes des nuitées d’hôtel”.
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