Ce vendredi 16 avril, le Mouvement Sol, qui développe les monnaies locales en France, présente les résultats d’une enquête sur leur impact social. Cette étude porte sur cinq domaines : le pouvoir citoyen, la solidarité, l’écologie, l’économie locale et les dynamiques territoriales.
Le Mouvement Sol, laboratoire national d’expérimentations monétaires, publie ce vendredi 16 avril les résultats d’une enquête menée depuis un an et demi sur l’impact social des monnaies locales complémentaires (MLC) à l’euro. Cette étude porte sur cinq domaines : le pouvoir citoyen, la solidarité, l’écologie, l’économie locale et les dynamiques territoriales. « L’objectif était de déterminer les impacts concrets de ces monnaies locales et prouver que ce n’est pas simplement un outil économique » précise Charles Lesage, Délégué général du Mouvement Sol.
La première monnaie locale est apparue il y a dix ans dans le Sud-Ouest de la France. Aujourd’hui, il en existe 82 sur tout le territoire, pour un montant de 5 millions d’unités de monnaie locale actuellement en circulation (1 euro = 1 unité de monnaie). À Toulouse, le Sol-Violette cumule 3 000 utilisateurs, pour un montant total de 65 000 unités de monnaie. « Plus de 200 établissements, principalement alimentaires ou de services, acceptent les paiements en Sols-Violette » confie Joachim Labouret, membre de l’association du Sol-Violette ayant participé à l’élaboration de l’enquête.
L’enquête menée par le Mouvement Sol montre qu’utiliser ces monnaies locales favorise la création de nouveaux espaces de citoyenneté, de délibération et de participation à la vie économique. En effet, la mise en circulation de nouvelles monnaies locales passe par la création d’associations auxquelles les utilisateurs doivent adhérer.
Ainsi, l’étude dévoile que la moitié des adhérents ont déjà participé à une réunion au sein de leur association. Par le biais de ces échanges, l’organisme révèle que 69 % des répondants comprennent mieux les liens entre les enjeux économiques, écologiques, sociaux et démocratiques.
De même, les monnaies locales tendent à rétablir une relation de confiance entre les acteurs. Deux tiers des adhérents avouent discuter davantage avec les professionnels qui acceptent les monnaies locales qu’avec les autres. Neuf répondants sur dix ont le sentiment que la personne d’en face partage les mêmes valeurs.
La solidarité se forme aussi entre les professionnels : 25 % d’entre eux ont déjà rendu service à un autre professionnel et 80 % ont déjà recommandé un confrère qui accepte la monnaie locale. Parfois, certaines associations se saisissent des MLC pour aider les publics précaires. Par exemple, à Toulouse, grâce à des dons, des coupons d’un montant de 30 Sols-Violette ont été distribués à vingt familles pendant sept mois au début de la crise sanitaire (de mai à novembre 2020). L’association prévoit de réitérer l’expérience dans les prochains mois.
« Nous observons des impacts notamment au niveau de la baisse des transports » explique Angèle Dransart membre de l’association de la Doume (monnaie locale du Puy-de-Dôme). En effet, 48 % des répondants affirment consommer davantage de produits locaux depuis leur adhésion à la monnaie locale, réduisant ainsi la pollution liée aux transports de longues distances. De plus, un tiers d’entre eux s’est mis à consommer davantage de produits issus de l’agriculture biologique. Résultat : 69 % déclarent se rendre moins souvent dans les grandes surfaces.
Pour ce qui est des professionnels, 84 % disent avoir modifié leurs méthodes de travail pour réduire leur impact environnemental depuis qu’ils ont adhéré au réseau. Plus sensibilisés à ces questions, un quart d’entre eux déclarent avoir fait appel à des partenaires commerciaux plus proches de chez eux (à moins de 150 kilomètres).
Enfin, le Mouvement Sol soutient qu’adhérer à une monnaie locale revient à favoriser l’économie réelle. C’est-à-dire, laisser échapper moins d’argent dans la finance spéculative, et garantir qu’il soit redépensé dans son territoire d’origine. Oriane Lafuente-Sampietro, doctorante en sciences économiques, explique que « le versement d’un revenu initial de 1 000 euros en monnaie locale engendrera 2 000 euros de revenus pour le territoire, là où un revenu initial de 1 000 euros versé en monnaie conventionnelle ne générera localement que 1 300 euros à 1 600 euros ».
Pour appuyer ces propos, l’enquête montre que 70 % des professionnels déclarent ne jamais reconvertir en euros la monnaie locale. « Cela signifie que ces monnaies circulent bien sur le territoire et n’en sorte que peu souvent » argumente Angèle Dransart. 22 % d’entre eux estiment même que la monnaie locale a un effet positif visible sur leur chiffre d’affaires.
Alix Drouillat
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