Monsieur le Maire de Toulouse,
J’aurais aimé pouvoir vous appeler Jean-Luc, mais le contexte ne s’y prête pas particulièrement et je n’ai aucun souvenir de vous avoir aperçu au repas de famille, chez ma grand-mère, dimanche dernier. Il aurait pu y avoir mille et une façons de commencer cet humble courrier, mais sauf avis contraire de votre part, mettons une fois n’est pas coutume, la forme de côté, afin de se concentrer sur le fond du sujet, tant ce dernier semble préoccupant. La salle de concert « La Dynamo », l’un des derniers bastions intramuros, de ce que les milieux institutionnels appellent « la musique actuelle amplifiée », vient de passer ces derniers mois à nager entre les vagues d’un avenir pour le moins incertain. Alors que le calme semble revenir, il convient de rappeler à quel point ce terrain d’expression est l’un des poumons principaux de la vie culturelle de notre ville, et donc à quel point sa présence nous est essentielle. Nous sommes musiciens, artistes, producteurs de soirées, mais aussi et avant tout simples spectateurs, passionnés de musique en tout genre. L’intérêt de la présence d’une telle salle dans le centre de notre ville apparaît comme une évidence, puisque depuis son ouverture, elle est pour nous une partenaire singulière, proposant un espace scénique à échelle humaine, favorisant conditions d’accueil exemplaires et diversité de styles musicaux.
« Nous avons besoin de lieux culturels actifs pour incarner des fonctions de lien et de cohésion sociale »
Cette ouverture d’esprit dans la programmation, vient sans nul doute des valeurs que La Dynamo incarne, proposant au tissu local associatif de participer activement à faire vivre des spectacles dans des styles et formats différents. Quelle salle peut donc se vanter d’accueillir un bal traditionnel occitan le dimanche, un concert de hip-hop le lundi, et un groupe de trash métal le mardi ? Au travers de cette pluralité revigorante, l’équipe de la Dynamo a réussi le pari de souder un réseau d’acteurs locaux, se nourrissant de la force des initiatives locales, et de cette richesse créative qui est le cœur de nos préoccupations. En tant que citoyens, nous sommes donc bien évidemment plus que jamais attentifs à la politique culturelle de Toulouse. Quelle agréable surprise d’apprendre par exemple, le prolongement des horaires du métropolitain en fin de semaine dans notre ville rose ! Quelle satisfaction de savoir que la vie nocturne va pouvoir être prolongée pour les habitants de la ville et de son agglomération, un début de reconnaissance pour les activistes noctambules que nous représentons ! À une période où la notion du « vivre ensemble » est omniprésente dans les conversations des citadins, une époque où apprendre à cohabiter est devenu une véritable mission citoyenne, nous avons grandement besoin de lieux culturels actifs pour incarner des fonctions de lien et de cohésion sociale. C’est tout ce que représente La Dynamo. Une adresse reconnue, où se mélangent des publics différents, attirés par une programmation éclectique, venue des quatre coins du globe, des tarifs d’entrée raisonnables favorisant la mixité sociale. Que les élu(e)s de la ville apportent un soutien sans faille à ce genre d’initiatives apparaît dès lors comme une évidence, merci de bien vouloir nous donner raison dans les mois à venir. Je vous inviterai certainement à dîner chez mamie.
Expéditeur : Romain Fraysse
Educateur spécialisé de métier, Romain programme des concerts punk rock avec le collectif To Loose Punkers. Il est régulièrement sur la route avec les groupes Charly Fiasco et Lame Shot!, et sort quelques disques avec le label “Les disques de Géraldine”. Vous pouvez le lire au www.noroadistoolong.com
Destinataire : Jean-Luc Moudenc.
Il a été élu maire en avril dernier, lui qui fut déjà l’édile de la ville rose de 2004 à 2008. Il est également président de Toulouse Métropole, mais aussi de l’association des maires des grandes villes de France.
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