Etat des lieux – Comédien depuis 1988, Jean-Jacques Cripia surtout connu grâce à sa troupe de théâtre du Duo des Non, se lance dans un spectacle solo appelé « La dérive des incontinents », qui réquisitionnera le Grenier de Toulouse à la fin du mois.
Par Gilles Vidotto
« La dérive des incontinents », titre du spectacle de Jean-Jacques Cripia fait bien sûr allusion au phénomène géologique de la tectonique des plaques : la dérive des continents. Et aborde en sous-main les thèmes de l’âge et du temps qui passe. « Vieillir c’est dur, heureusement ça passe … », le sous-titre du spectacle en dit déjà long sur le sujet… L’objectif d’un tel projet est de faire oublier, l’espace d’une heure et demie « les malheurs qui nous pourrissent et qui nous traversent » indique Jean-Jacques Cripia. Car pour le comédien « l’humour est notre force et notre politesse ». Un moyen d’aborder des sujets « avec drôlerie », pour tenter de redonner le sourire aux spectateurs : « les incontinents sont des gens qui souffrent d’un temps humain, mélanger cela avec le temps qui se mesure en ère peut rendre leur sort moins douloureux ». L’écriture du spectacle est venue de paire avec le cap de la cinquantaine : « Ce qui m’a motivé, c’est rien d’autre que mon âge » justifie-t-il. Jean-Jacques Cripia ne souhaite pas cibler uniquement un public « mature ». Selon lui, « tout dépend de la curiosité, on ne peut pas rire des mêmes choses, le sujet traité, qui est un sujet grave, forcément intéresse tout le monde ». Pour autant, même si le comédien avoue s’attarder sur un sujet qui peut être sensible pour certains, il ne souhaite pas donner une leçon : «Dans ce spectacle il n’y a pas de messages, je ne suis pas porteur de messages. J’essaie d’être un moraliste, pas un moralisateur. J’essaie de dépeindre des mœurs, y compris les miens avec un regard amusé. L’objectif est de dire, de façon comique, les choses les plus tragiques du monde ».
Une drôle de mise en scène
« La dérive des incontinents » est à l’origine, une pure invention du cerveau du comédien : « J’assume parfaitement tout ce que j’écris, j’écris toujours tout seul » explique Jean-Jacques Cripia. Cependant, le projet a pris le temps de mûrir : « C’est un travail de longue haleine, l’écriture a duré plus d’un an ». Et pour cause, le comédien a voulu faire quelque chose qui sorte de l’ordinaire : « Je l’ai rédigé comme une conférence avec une introduction, un développement et une conclusion ». Pourtant, son développement, au même titre qu’une dissertation niveau lycée, est illustré d’une théorie suivie d’exemples. Pour cela, il incarne des personnes qu’il juge « emblématiques », capable d’être un bon témoignage et pouvant parler à tout le monde : « Pendant le spectacle, il m’arrive d’interpréter plusieurs personnages pour illustrer ce que je dis. Je suis dans la citation, c’est fabriqué comme ça. J’ai voulu faire venir des personnages qui appartiennent au paysage de pas mal de gens ». Pour les habitués et les fidèles de Jean-Jacques Cripia, les protagonistes, ne sont pas inconnus : « Je n’ai pas pu m’empêcher d’introduire des éléments de Bourcagneux » (village imaginaire où habite la plupart des personnages caricaturés par le duo des non ndlr) explique-t-il. « Je me suis aperçu que ce n’était pas la peine de me trahir. Si j’utilise Bourcagneux, c’est parce que je ne veux pas que ce soit réducteur. J’essaie de changer, mais mon humour reste le même » termine-t-il.
Au grenier de Toulouse les 30 et 31 janvier à 20h30. Tarif entrée : 20€
Le plus : Le « Duo des Non », né en 89, marqué par des duos emblématiques comme : Maryse & Geneu : « sa meilleure copine que la terre a jamais portée », a connu un vif succès durant 16 ans avec son émission quotidienne sur Sud Radio. Aujourd’hui la troupe continue à sillonner le sud-ouest de la France.
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