Dopés par le nom de la nouvelle région, les partisans toulousains de l’occitanisme veulent marquer le coup en imposant dans le paysage un événement d’ampleur festif et populaire. Les 23 et 24 juin au Jardin des plantes de Toulouse, la deuxième édition de la Festa de la Sant Joan montrera le visage d’une culture occitane tournée vers l’avenir et propice aux rencontres.
DRC’est un événement jeune mais déjà fort en symboles. La deuxième édition de la Festa de la Sant Joan, les 23 et 24 juin, sera l’occasion de fêter les 800 ans, presque jour pour jour, de la fin du siège de Toulouse en 1218. Le 25 juin de cette année, le peuple se révolte contre ses assaillants menés par Simon de Montfort, seigneur du Nord de la France, à la tête de la croisade contre les Albigeois. Ce dernier meurt le crane fracassé par une pierre dont la légende dit qu’elle fut lancée par des femmes.
Si cette libération de la ville n’empêche pas la soumission entière du Midi toulousain au roi de France dix ans plus tard, l’épisode est un marqueur important pour les occitanistes. Tout comme le choix du nom de la nouvelle région, dont on célébrera aussi les deux ans au Jardin des plantes. « Il est incontestable que cela a fait progresser les choses. Avant, nous nous battions contre des moulins à vent. Aujourd’hui, la tradition occitane touche le grand public », se réjouit Jean-François Laffont, président de Convergence occitane, l’association qui organise l’événement.
Galvanisée par ce changement de nom, la structure a donc décidé de faire émerger LA grosse manifestation qui manquait à Toulouse pour promouvoir la culture occitane. Elle a choisi pour cela de s’appuyer sur la fête de la Saint-Jean. « Une tradition aux origines païennes, contrairement à ce que l’on croit. C’est la fête occitane par excellence, encore très présente dans le Sud. Un moment de réjouissance populaire pour célébrer le solstice d’été, la nuit la plus courte », décrypte Jean-François Laffont.
La tradition sera bien sûr au menu avec la déambulation des géants catalans de Vilanova i La Geltru ou encore l’Aplec de la Sardana qui invitera le public à entrer dans cette ancestrale danse en ronde, tout le dimanche. Mais la programmation sera surtout l’occasion de montrer la modernité et l’éclectisme de la bouillonnante scène musicale locale. « L’occitanisme n’est pas une culture passéiste. Nous avons convié de jeunes groupes comme Goulamas’K ou Gertrudis qui mêlent, chacun dans leur style, musiques actuelles et langue occitane, comme un point d’ancrage pour résister à la mondialisation » , analyse le président de Convergencia occitana.
Aux côtés de la relève, les grands frères marseillais de Massilia Sound System seront aussi présents, pour rappeler que l’espace culturel occitan historique ne s’arrête pas aux frontières de la nouvelle région. Enfin, pour clore les festivités, l’association a obtenu une dérogation pour allumer un feu de la Saint-Jean, avec une flamme venue du Mont Canigou. Une manière de marquer l’unité avec les Catalans suite aux tensions liées au choix du nom de la région. « Nous ne sommes pas dans le repli sur soi ni dans l’opposition avec la culture française. Notre volonté est d’ancrer durablement cet événement dans le paysage afin de briser les murs actuels et aller vers le plus grand nombre », conclut Jean-François Laffont. Et faire en sorte que l’occitanisme soit plus qu’un symbole.
Pendant les deux soirées et durant l’après-midi du dimanche au Jardin des plantes, plusieurs points de restauration et des buvettes seront assurés par les écoles Calandretas. Les bénéfices seront ainsi réservés à ces structures associatives bilingues qui œuvrent pour la survie de l’occitan, langue considérée comme en voie de disparition par l’Unesco.
23 et 24 juin au Jardin des plantes, gratuit sauf concert du dimanche soir (12 €), www.ostaldoccitanie.net
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