Nichés dans une pile du pont neuf ou sur le piédestal de la statue Jeanne d’Arc, les moulages en résine rouge de l’artiste James Colomina fleurissent à Toulouse. Mystérieux ou provocants, ces personnages semblent surgir de nulle part pour interpeller le passant sur sa condition. Dernière apparition : un enfant armé d’un lance-cœur au milieu d’une manifestation lycéenne.
Rien ne prédisposait James Colomina à devenir un artiste avec pignon sur rue. Élevé dans l’Aude, entouré d’enfants de la Dass, par une mère assistante maternelle, le futur sculpteur ne s’intéresse pas aux études. « J’ai grandi au milieu de jeunes à problème et l’école ce n’était pas mon truc. Cela a suscité chez moi un besoin de réussite, de revanche. À 19 ans, j’ai fait une formation pour devenir prothésiste dentaire et à 24 ans j’avais mon propre labo. Je voulais rentrer dans le moule », témoigne l’artiste.
Pendant 19 ans, le jeune homme moule des arcades, des palais ou des rangées de molaires. « Quand on est enfermé toute la journée dans un atelier, on a besoin de décompresser. Alors, pour plaisanter, on fait des moules de parties de son corps qu’on détourne pour en faire des objets insolites. J’ai senti un potentiel, une ouverture pour m’exprimer, dans laquelle je me suis engouffré », dévoile l’ancien prothésiste.
Affublés d’un bonnet d’âne, d’une coiffe du Ku Klux Klan ou armés d’un lance-cœur, la plupart de ses moulages représentent des enfants indissociablement témoins et victimes d’un monde violent et oppressant. « Mon travail interroge notre conditionnement, l’emprise de la société qui peut nous transformer en mauvaises personnes », analyse James Colomina qui concède que le garçon du pont-neuf tient autant de l’autoportrait que de l’hommage à ceux qui sont stigmatisés.
Il y a cinq ans, James Colomina monte son atelier de sculpture dans l’ancien consulat d’Autriche. Rapidement, il trouve son style et la couleur rouge carmin qui fait sa signature. « Au début, je ne montrais mon travail qu’à des amis. En 2016, un galeriste m’a remarqué. Tout est allé très vite », se souvient l’artiste qui se pense déjà à ses futurs projets. « Là, je viens d’installer le petit frère de l’enfant au bonnet d’âne sous le pont Mirabeau à Paris. Maintenant, je voudrais me lancer dans des performances XXL », dévoile celui qui vient de recevoir ses premières sollicitations new-yorkaises.
Nicolas Belaubre
Nicolas Belaubre a fait ses premiers pas de journaliste comme critique de spectacle vivant avant d’écrire, pendant huit ans, dans la rubrique culture du magazine institutionnel ‘’à Toulouse’’. En 2016, il fait le choix de quitter la communication pour se tourner vers la presse. Après avoir été pigiste pour divers titres, il intègre l’équipe du Journal Toulousain, alors hebdomadaire de solution.
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