Immersion. Réalisatrice et scénariste toulousaine, Léa Fehner signe son second long métrage Les Ogres, diffusé dans les salles obscures depuis le 16 mars. Un film voyageur, entre émotions graves et joyeuses, à l’image de ses personnages issus d’une troupe de théâtre itinérant…
C’est dans le milieu du théâtre de rue qu’a grandi Léa Fehner. Avec ses parents, comédiens de la compagnie toulousaine l’Agit Théâtre, elle en a connu des aventures et c’est certainement là sa première inspiration pour la réalisation de son film Les Ogres. « Dans les années 80, il y avait une énergie un peu punk, déjantée, qui cherchait un nouvel impact sur le public. Arrivés dans les années 90, il me semble que mes parents et la troupe de l’Agit ont voulu troquer ce gigantisme contre un désir plus modeste d’un théâtre moins intimidant et la volonté de l’amener dans des endroits où il n’existait pas. Je me souviens des tournées d’été avec eux, c’est en partie là qu’est l’origine du film », raconte Léa Fehner.
Malgré l’importance du théâtre dans son histoire, c’est par le cinéma que la jeune femme a été séduite. Son bac en poche, elle entre en Cinésup à Nantes, puis passe par Bruxelles avant d’intégrer la Fémis (Fondation européenne des métiers de l’image et du son) à Paris. De ses 4 années d’études parisiennes, Léa Fehner en ressort avec le scénario de son premier long métrage « Qu’un seul tienne et les autres suivront » traitant avec fierté et sérieux la prison et ses parloirs. « Je n’ai pas formulé un désir pour le cinéma dès le début, c’est une découverte que j’ai faite au fur et à mesure. Petite je peignais beaucoup, j’avais des piles de carnets remplis d’histoires, de répliques que je pouvais entendre, j’amassais une matière vivante qui me donnait envie d’écrire, de démêler mes interrogations, pour construire quelque chose à partager », précise la réalisatrice.
« Réduire la frontière entre vie et théâtre pour vivre plus vite et plus fort »
C’est toujours avec cette idée de partage et de transmission que Léa Fehner a appréhendé son second long métrage Les Ogres. « J’avais envie de partager autre chose avec les spectateurs. C’est un film plus solaire, plus joyeux, plein d’insolence et d’âpreté, mais axé autour de la joie d’un groupe, d’hommes et de femmes qui réduisent la frontière entre vie et théâtre pour vivre plus vite et plus fort », souligne-t-elle, avouant s’être largement inspirée de la vie de ses parents et de son enfance, allant même jusqu’à les faire participer à son film. « Lors de mon processus d’écriture, j’ai demandé à l’Agit de m’aider à improviser pour trouver une autre forme de dialogue. J’ai adoré leur manière d’accepter de jouer avec des rôles qui n’étaient pas tout à fait eux, mais pas tout à fait les autres, et de se plonger dedans généreusement », se remémore Léa, fière d’avoir réussi à créer une troupe avec des gens d’horizons si différents, un mélange singulier, mais cohérent pour servir son film et le rendre plus « voyageur, dans la galerie de personnages, entre les émotions, les tons et les lieux… ». Un film à l’énergie salvatrice, vivante et nécessaire à raconter, un film sur d’autres choix de vie possibles, une façon d’être dans les relations, entre joie et violence, une volonté tapageuse de croquer le présent sans penser à se préserver.
Myriam Balavoine
Le + : Une histoire de famille
Dans Les Ogres, Léa Fehner fait jouer ses parents, François Fehner et Marion Bouvarel, créateurs du collectif de théâtre itinérant l’AGIT à Toulouse. Ils sont des figures du théâtre militant, installant régulièrement leur chapiteau au cœur des quartiers de la ville. Du 6 au 9 avril, ils proposeront l’évènement Empalot s’Agit(e), une semaine pluridisciplinaire en partenariat avec les associations AIFOMEJ et Karavan.
Infos : Les Ogres
En salles depuis le 16 mars
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