La fête place Saint-Pierre. Le JT s’est plongé dans l’histoire de Toulouse pour savoir à quand remonte cette tradition festive tant ancrée. Et il semblerait qu’elle soit liée à l’arrivée des premiers mètres de pastis…
Toutes les fins de semaine, un ballet se répète à Toulouse. Dès 18 heures, étudiants et jeunes actifs envahissent les terrasses de la place Saint-Pierre. Verres en mains, rires et chants fusent jusqu’à ce que ce beau monde rentre chez lui en titubant. Un rendez-vous si incontournable pour tout néo-arrivant que l’on a le sentiment que ces réjouissances estudiantines remontent à l’époque romaine.
Un détour par les archives prouve pourtant que la place n’a pas toujours été le lieu de prédilection des fêtards. Pendant la seconde moitié du XIXe siècle, le quartier est plutôt pauvre et regroupe ouvriers, pêcheurs et artisans dont l’activité est liée à la Garonne. «Avant la construction du premier pont en 1840, la place est un cul-de-sac sans grande activité commerciale», explique Nicolas Marqué, historien à l’université Jean-Jaurès. Pas de soirée happy hour à l’horizon donc.
Car, même si les universités ne sont pas loin, la fête se déroule ailleurs. Par exemple, sur l’île de Tounis (l’actuelle rue de la Garonnette), avec ses joutes nautiques très prisées. Au début du siècle dernier, les jeunes trinquaient… sous les fenêtres du bureau du maire, place du Capitole, où se tenaient les bals étudiants. «Ils fréquentaient aussi beaucoup les théâtres et les salles de billard. Cela dégénérait parfois en bagarre, ils n’étaient pas moins agités qu’aujourd’hui», glisse-t-on aux archives.
Jusque dans les années 1970, la place Saint-Pierre compte surtout des troquets de quartier. S’y côtoient des gradés de l’hôpital militaire qui vont chez Antonin, l’ancêtre du Bar Basque, des joueurs de pétanque et des maquereaux. «Pour commander, ils tapaient leur bague sur la table», rapporte Clément Bernat, actuel gérant de Chez Tonton. Pas tout à fait le cocktail idéal pour voir émerger une ambiance de fête. C’est en fait l’arrivée de Françoise Pujo et de son mari qui change la donne. En 1979, elle quitte Gavarnie pour racheter le bar Le Suspendu.
Le couple le baptise chez Tonton en hommage à Léon, l’ancien gérant que tout le monde surnommait ainsi. «À l’époque, il n’y avait que des vieux qui jouaient aux cartes, c’était tristounet», explique-t-elle derrière son comptoir. Le couple lance un concept : le pastis au mètre, soit 17 verres de jaune alignés. Les étudiants des départements limitrophes commencent à s’y rassembler, et lui font de la pub dans les férias du Sud-Ouest. Chez Tonton sur les rails, Françoise Pujo veut «proposer d’autres ambiances», elle rachète d’autres établissements : La Couleur de la culotte en 2002 puis Le Saint des Seins en 2007. Selon son gérant, le succès de Chez Tonton ne se dément pas : «aujourd’hui, on est le bar qui sert le plus de pastis au monde.» Une information à croire avec modération bien sûr.
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