ENGAGEMENT. Dans les entreprises comme sur la place publique, le fondateur du restaurant Le Vélo Sentimental défend farouchement l’insertion comme une nécessité pour la société. Rencontre avec un touche-à-tout passionné.
Par Maylis Jean-Préau
®franckalix/JTDans la cour de l’ancienne maison éclusière Bayard qui abrite la Maison du vélo, Jean Arroucau s’est installé au milieu des bicyclettes en réparation. Ici, le directeur du Club régional d’entreprises partenaires de l’insertion (Crepi 31) est dans son élément. En 2005, c’est lui qui a élaboré le projet de ce lieu à part, abritant également une société d’insertion, le restaurant Le Vélo Sentimental.
L’insertion. Un mot lié depuis longtemps à Jean Arroucau. Depuis les bancs de la fac de droit plus exactement. Dans les années 90, ce fils de diplomates qui a grandi en Afrique étudie alors à Nantes. « Avec des amis, on avait monté La maison des étudiants, on faisait des photocopies, on avait des postes avec Internet… », raconte Jean Arroucau. « Et puis, nous avons créé un point “vélo campus”, on prêtait des bicyclettes et la maintenance était assurée par une entreprise d’insertion. » Quand sonne l’heure du service militaire, ayant pris goût à l’engagement associatif, il décide de sauter le passage par la caserne. Objecteur de conscience, il devient animateur du dispositif nantais de médiation sociale. On le retrouve ensuite à Aubervilliers où il met en place pour le Crepi 93 un service de Correspondants de nuit, des personnes en insertion assurant une veille technique dans les quartiers. Depuis, Jean Arroucau n’a plus quitté le monde de l’insertion. Car en 2000, il apprend qu’un master d’économie sociale s’ouvre à Toulouse, la ville où sont nés son père et son grand-père. « J’ai postulé et je me suis retrouvé à crécher au foyer des jeunes travailleurs », se souvient-il avec amusement. Son diplôme en poche, il devient directeur du Crepi 31.
« L’insertion ce n’est pas de la charité ! On se prive de talents et de compétences si l’on ne va pas vers des personnes handicapées, des jeunes de quartiers populaires, des seniors… », lance, convaincu, Jean Arroucau. « Chaque entreprise devrait faire de l’insertion ! » Sous son égide, le Crepi 31 devient une véritable force engagée pour le retour à l’emploi des personnes qui en sont éloignées, et s’appuie sur un réseau de 106 entreprises. De la définition du projet professionnel jusqu’à l’emploi, Jean Arroucau crée un parcours d’accompagnement très concret, à l’image de la formation “Décollage” pour apprendre les codes de l’entreprise ou du service “Ambassadeurs des métiers”, « un réseau de 60 professionnels qui font découvrir leur environnement en recevant à leur poste de travail. » Insatiable, Jean Arroucau veut aller plus loin. Après s’être engagé dans l’association Movimento, pionnier de la location de bicylclettes à Toulouse, l’envie le prend « de créer un lieu ouvert avec un côté militant et des services autour du vélo, un peu comme le café Bicicletta à Montréal. » En 2007, le projet aboutit avec la création de la Maison du vélo et du Vélo sentimental. Le roman ne s’arrête pas là. Jean Arroucau a aussi œuvré pour la création de l’atelier d’insertion La Glanerie, pour la mise en place du marché de l’Inquet, réservé aux précaires, à Arnaud Bernard… Et il lui reste encore de nouvelles pages à écrire.
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