FRAIS. À Toulouse, les produits vendus au MIN (Marché d’Intérêt National) sont incontournables. Marchés de plein vent, restaurants ou commerces alimentaires, tous se fournissent ici. Après Rungis en région parisienne, c’est le deuxième marché de gros en France. Le JT y a rencontré producteurs et grossistes. Et rempli son sac à provisions.
// Par Vanessa Vertus
®franckalix/JTLe lieu ressemble à une vaste zone industrielle et la plupart des Toulousains n’auraient pas l’idée de s’y présenter, cabas en main, pour faire leurs courses. Au marché d’intérêt national (MIN), les clients sont restaurateurs, primeurs ou vendeurs aux marchés de plein vent. Ils sont plus de 3000 à s’y rendre quotidiennement, dès l’aube. Le jour n’est pas encore levé que les camions et leurs grosses palettes de bois font déjà le va-et-vient. Toute la marchandise doit être en place à 5 heures du matin pour les grossistes, 6 heures pour les producteurs.
Produits carnés, de la mer, fruits, légumes et fleurs, le MIN est un marché complet, mais les ventes de gré à gré (directes et libres entre le vendeur et l’acheteur) ne se font que sur les fruits et légumes. Ils représentent les trois quarts des ventes des 227 000 tonnes de produits alimentaires qui transitent ici chaque année. Dans le grand hall qui abrite le Carreau des producteurs, l’ambiance est détendue. Au milieu des radis, pommes et autres courgettes qui ont poussé sur les terres d’Occitanie, les affaires se concluent vite. « Tout se négocie avant l’ouverture. Les tractations, elles commencent au café », glisse Jean-Christophe Michelet, un primeur de Tournefeuille. La production locale des 254 maraîchers du MIN est prisée. Il n’est pas encore sept heures et les stands sont déjà presque tous vides.
Devant ses 6 cagettes d’aubergines et de courgettes, Mohamad Abdelrazek, un primeur toulousain, arbore le sourire de l’acheteur satisfait : « Je viens ici depuis plus de 20 ans, les produits sont toujours frais et de grande qualité », explique-t-il.
Stylo en main, Mme Marty, productrice de salades dans le Tarn-et-Garonne, note ce qu’elle vient de vendre. Ses produits, on les retrouve au marché des Carmes, de Victor Hugo, mais aussi sur les marchés aveyronnais. Le MIN ne nourrit pas seulement Toulouse et son agglomération, il touche aussi dix départements de la région. Ce matin-là, Mme Marty est l’une des rares femmes présentes sur le site. Le Carreau des producteurs ouvert depuis 1964, est un milieu d’hommes et d’anciens.
Dans le hall d’en face, côté grossistes, les petits stands artisanaux laissent place à de larges emplacements, appelés loges. De part et d’autre des allées, sur des écriteaux verts disposés en hauteur, les noms des vendeurs se succèdent. Chez les Rambla, les allées du MIN font partie de l’histoire familiale. Grossistes depuis trois générations, la famille fournit primeurs, marchés et grande distribution. Les produits des grossistes viennent de partout sur la planète, mais ici aussi on joue la carte du terroir. Si leur tomate a des allures de poivron, c’est parce que c’est une Cornue des Andes qui vient de Bretagne. Une région dont, les Soulage, qui occupent une loge depuis 1978, en ont fait leur marque de fabrique. Dans cette loge, 90% des produits sont bretons, comme leurs pommes de terre, venues de l’ile de Batz. « En Bretagne les prix des produits sont fixés sur le marché au cadran. Quand les prix montent ou descendent là-bas, nous faisons pareil ici », note Maryse Soulage. Constamment en ligne avec ses fournisseurs, son téléphone n’est jamais bien loin. L’ambiance est plus nerveuse que « sur le Carreau des producteurs».
«Tu pars vite et tu reviens en courant», lance à son livreur Didier Pigasse, propriétaire de la maison Fayos. Le grossiste est connu comme le loup blanc. Courgette verte chinoise, poivron goutte du Pérou au goût inimitable, quelques produits trouvés chez lui sont rares, originaux, les autres sont classiques et réputés. « Ça, je t’en fais des Ferrari », lance Pierre Lambinon en promenant son doigt sur la multitude de fruits et légumes proposés. Le jeune chef du restaurant toulousain le Py-r, une étoile au guide Michelin, ne jure que par cette loge quand il vient ici. « Je pourrais commander, mais je préfère venir sur place. Quand je vois les produits, ça m’inspire », souligne-t-il en chargeant rapidement ses colis. Lui et bien d’autres se hâtent d’emporter leur marchandise. Dans quelques heures à peine, ces produits garniront les assiettes des tables toulousaines.
Commentaires