BIOCONTRÔLE. Pour lutter contre l’emploi massif de pesticides dans l’agriculture, des chercheurs toulousains ont découvert des mini protéines capables d’agir naturellement sur les plantes. Une révolution que la start-up MicroPep s’applique à ériger en alternative économiquement viable.
© MicropepC’est une petite découverte mais qui, à long terme, pourrait bien révolutionner les pratiques agricoles. Grâce aux micropeptides, mini protéines produites par les plantes elles-mêmes et repérées pour la première fois par des chercheurs toulousains du Laboratoire de recherche en sciences végétales (LRSV), la start-up MicroPep s’est engagée dans la voie d’une alternative aux engrais chimiques.
« Le potentiel est extraordinaire mais il reste tout de même beaucoup de barrières à lever », tempère Thomas Laurent, directeur général de MicroPep. Le secret de ces fameuses micropeptides ? Elles permettent de réguler l’expression des gènes des plantes de façon temporaire et sans modifications d’ADN. Des molécules qui ont donc à la fois le pouvoir de stimuler ou au contraire d’inhiber la germination d’une plante. « Nous avons identifié plusieurs peptides pour le soja ou le maïs mais il en reste beaucoup à découvrir et chacune est spécifique à une plante », lance Thomas Laurent.
Rapidement repérées par Toulouse Tech Transfer, la société d’accélération de transfert de technologie rattachée à l’Université fédérale de Toulouse Midi-Pyrénées, les recherches menées notamment par Jean-Philippe Combier ont fait l’objet dès 2014 d’investissements et de plusieurs dépôts de brevet. La start-up, fondée en 2016, est déjà lauréate du Concours mondial de l’innovation.
Mais avant de renvoyer les fertilisants et autres herbicides comme le glyphosate aux oubliettes, le chemin est encore long. La recherche continue entre autre sur la question de l’application des micropeptides : « Ils sont impossibles à extraire. La méthode consiste donc à synthétiser les séquences pour les recréer. Pour les appliquer, plusieurs modes existent suivant l’effet désiré. Pour le maïs, on procède par enrobage de semences mais la formulation peut être aussi liquide », détaille Thomas Laurent.
Les prochaines étapes pour MicroPep : obtenir les autorisations pour lancer les essais en champ et enfin travailler sur la production industrielle pour démontrer la viabilité économique du projet. Avec pour objectif de proposer davantage de solutions naturelles pour le marché des biostimulants, estimé à 1,6 milliard d’euros et en croissance de plus de 10% par an.
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