J-58. Alors que l’élection présidentielle approche à grands pas, le JT va à la rencontre de ceux qui abordent la politique autrement. Aujourd’hui, en France, 50 000 détenus ont le droit de vote. Pourtant seulement une minorité d’entre eux l’utilise. L’association Robin des Lois propose une solution pour remettre les personnes incarcérées sur le chemin des urnes.
DISP-Toulouse«Lorsque vous êtes détenus, c’est très compliqué d’aller voter et rien ne vous rappelle que vous êtes encore un citoyen», confie Pierre*, incarcéré 6 ans à la maison d’arrêt de Seysses et au centre de détention de Muret. Cela aurait des conséquences sur le taux de participation : selon l’Observatoire international des prisons, si 50 000 détenus ont le droit de vote en France, moins de 4% d’entre eux ont participé aux élections présidentielles de 2012.
Aujourd’hui, deux moyens de voter existent pour les personnes écrouées. Mais c’est «un véritable parcours du combattant» d’après François Korber, délégué général de l’association Robin des lois et spécialiste de la question. Depuis 2009, la loi permet aux détenus de s’inscrire sur les listes électorales de la commune où ils sont incarcérés et ainsi de voter par procuration. Or, il est très difficile pour eux de trouver un mandataire sur place : « Si vous venez d’un petit village près de Toulouse, vous ne connaissez pas forcément quelqu’un de confiance à Seysses ou Muret », explique-t-il. Le détenu peut également demander une permission de sortie : sauf qu’il serait « héroïque », selon François Korber, d’utiliser un jour de permission pour aller voter plutôt que pour aller, par exemple, à l’enterrement d’un membre de sa famille. Ainsi, Pierre a dû surmonter de nombreux obstacles pour faire son devoir de citoyen alors qu’il était encore derrière les barreaux. Il y est finalement arrivé grâce aux membres du groupe prison de la Ligue des Droits de l’homme de Toulouse «mais je n’aurais pas pu voter sans qu’une personne se démène pour moi à l’extérieur», précise-t-il, reconnaissant.
Afin de rendre le vote plus accessible, Robin des lois se bat pour que des urnes soient installées au cœur même des prisons. Une solution déjà adoptée en Pologne où en 2011, près de 59 % des détenus ayant le droit de vote auraient participé aux élections législatives. «Si nous n’arrivons pas à le mettre en place en France pour la présidentielle, nous essayerons à nouveau pour les législatives», explique François Korber, déterminé. Le délégué général le rappelle, il ne s’agit pas de donner le droit de vote à des personnes en ayant été déchues mais d’offrir à celles qui l’ont, les moyens de l’utiliser : «On dit qu’il faut que la prison prépare une réinsertion : leur permettre de mettre un bulletin dans l’urne est l’occasion de montrer aux détenus qu’ils font partie de la société», argumente François Korber. Pierre partage son avis : «Il faut faciliter le vote car les décisions politiques influent aussi sur le quotidien en prison.»
* Le prénom a été changé
Commentaires