INNOVATION – Une chercheuse Toulousaine a fait une découverte prometteuse. En stimulant les connexions neuronales de rongeurs modèles de la maladie d’Alzheimer, elle a montré qu’il est possible de leur faire recouvrer la mémoire.
Faire recouvrer la mémoire à des souris. C’est le défi qu’a relevé la chercheuse Claire Rampon, du Centre de Recherches sur la Cognition Animale (CRCA, CNRS-Université Toulouse 3). Spécialiste des mécanismes de la mémoire, elle a notamment démontré qu’élever des souris présentant les mêmes symptômes que la maladie d’Alzheimer, dans un environnement enrichi en stimulations, peut contribuer à prévenir certains troubles cognitifs.
©Rene Schwietzke« Des études épidémiologiques ont montré que les personnes qui ont un niveau d’éducation élevé, des activités sociales et associatives intenses, qui font du sport, sont celles qui ont le moins de risque de développer des maladies telles qu’Alzheimer », explique Claire Rampon. La chercheuse a donc voulu reproduire cet effet bénéfique et protecteur chez la souris pour en étudier ensuite les mécanismes précis. Pour cela, elle a testé trois cohortes de rongeurs en les soumettant, ou non, à des stimulations cognitives, motrices et sensorielles. Parmi elles se trouvaient des sujets auxquels avait été inoculé un gène provoquant certains des symptômes de la maladie d’Alzheimer. « Les souris stimulées ont à leur disposition des jouets, des tunnels, des odeurs, et nous changeons les stimuli tous les deux jours, c’est Disneyland ! », lance la chercheuse. Résultat : « les animaux les plus stimulés sont ceux qui, par la suite, présentent le moins de déficits de mémoire, notamment spatiale ».
La chercheuse s’est aussi intéressée à la production de nouveaux neurones dans le cerveau adulte (la neurogénèse), un processus qui a lieu dans l’hippocampe, une région cérébrale cruciale pour la formation des souvenirs. « Chez les souris atteintes de la maladie d’Alzheimer, les nouveaux neurones y sont moins nombreux et sont très mal connectés. En les manipulant génétiquement, nous avons réussi à les reprogrammer pour les ‘’forcer’’ à se connecter, rétablissant ainsi leur fonctionnement… et les capacités mnésiques des souris ». Des résultats prometteurs qu’elle a publiés dans la revue Brain et qui pourraient ouvrir la voie à de potentielles recherches médicales. « Nous espérons que des équipes vont se saisir de cette découverte pour travailler sur des molécules capables de stimuler la connectivité des nouveaux neurones dans le cerveau atteint de la maladie d’Alzheimer. Cela ne la guérirait pas, mais pourrait atténuer les symptômes les plus gênants pour les patients, à savoir la perte de mémoire », conclut-elle.
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