TAMBOUILLE. Pour manger sainement et s’y retrouver face aux étiquettes complexes des emballages, nous sommes de plus en plus nombreux à avoir besoin d’un coup de pouce. Cap sur les ateliers nutrition qui permettent à chacun de comprendre quelle alimentation est la mieux adaptée. Et cassent quelques idées reçues.
« On ne nous fait pas la leçon parce qu’on a mangé des chips et des rillettes pendant tout le week-end », s’amuse Mathilda en croquant dans son sandwich de crudités. « Au contraire, on en parle, on en rit, tout en cuisinant des choses beaucoup plus saines que d’habitude ! ». Étudiante en licence 3 de mathématiques, Mathilda a participé à des ateliers nutrition sur le campus de l’université Paul Sabatier. L’objectif de ces moments conviviaux ? Apprendre aux étudiants comment manger de façon équilibrée, avec un petit budget et un équipement limité. « Dans mon studio de 20m2, avec mes deux plaques électriques, ce n’est vraiment pas évident de faire la cuisine », poursuit Mathilda. « Mais les ateliers m’ont appris que c’était possible de faire des choses très simples et bonnes avec un paquet de pâtes, une boite de thon et deux tomates ! »
« Les ateliers m’ont appris que c’était possible de faire des choses très simples et bonnes avec un paquet de pâtes, une boite de thon et deux tomates ! »
Pendant une année scolaire, l’étudiante a suivi les conseils d’une diététicienne et partagé des recettes avec ses camarades. Elle a également pris conscience de l’importance du régime alimentaire sur la réussite scolaire. Mathilda y a appris que 20 à 25% de l’apport calorique quotidien devrait se concentrer sur le petit déjeuner. « On m’a expliqué qu’en sautant ce repas, ce qui m’arrivait souvent, j’avais plus de difficultés à suivre mes cours ou aux examens, et que ma mémoire fonctionnait moins bien. Maintenant, j’achète des bananes, riches en glucides et en fibres, et des fruits secs en vrac au marché. Comme ça, j’ai mes petits déjeuners pour une semaine. » Finies également les soirées de révision avec un pot de confiture et du pain de mie. Aux ateliers, la jeune fille a appris à faire des soupes de légumes relevées avec quelques épices. Elle a constaté qu’en suivant les conseils de la nutritionniste et en changeant ses habitudes, son budget alimentation n’avait pas augmenté.
Les étudiants ne sont pas le seul public visé par ces ateliers dédiés au bien manger, se développant à Toulouse comme en zone rurale. Manque de temps, méconnaissance de ces propres besoins nutritionnels, faible budget… Les raisons qui nous poussent à mal manger sont nombreuses et touchent tous les âges. Certaines mutuelles se sont emparés de ce sujet et organisent, à titre préventif, des rendez-vous spécifiques.
« Plus on avance en âge et plus les comportements alimentaires ont une incidence sur les performances physiques ou intellectuelles… »
« Nous proposons un cycle d’atelier avec une diététicienne pour les personnes de plus de 60 ans. Plus on avance en âge et plus les comportements alimentaires ont une incidence sur les performances physiques ou intellectuelles… », explique Philippe Carbonne, chargé de mission pour l’association Midi-Pyrénées Prévention. Ainsi, pendant huit séances de deux heures, les personnes âgées se retrouvent pour décortiquer le contenu de leurs assiettes : lipides, graisses, acides gras ou hygiène alimentaire… de nombreux sujets sont abordés. « Les ateliers sont orientés en fonction du public », poursuit Philippe Carbonne. « L’aspect santé est essentiel, notamment pour les personnes âgées fragiles, auprès de qui nous mettons l’accent sur le risque de dénutrition. » Pour d’autres, ce qui prime c’est de comprendre ce qu’ils mangent. « Aujourd’hui, avec les différents scandales, les consommateurs veulent pouvoir déchiffrer les étiquettes, savoir ce qu’ils ont dans leur assiette », constate Cloé Pierre, diététicienne indépendante intervenant dans des crèches auprès de parents. « Fabriqué en France ne veut pas dire que le produit est français. Les proportions de conservateurs, de sucre sous toutes ses formes et d’additifs sont rarement lisibles.»
Enfin, l’aspect pratique, avec la réalisation de recettes facilement reproductibles, est au cœur de ces ateliers gourmands. Cette année, des personnes en difficulté, en insertion aux Jardins de Cocagne de Haute-Garonne, ont ainsi pu apprendre à faire de nombreux petits plats équilibrés. « Elles produisent des légumes bio et ont la possibilité d’acheter un panier de cette production pour 2€. Mais nombreuses sont celles qui ne le font pas, ne sachant pas quoi en faire », explique Philippe Carbonne.Au cours de huit rendez-vous, ils ont appris à concevoir un menu sain à petit prix et à réaliser toutes sortes de recettes à partir de leurs légumes, des gâteaux à la carotte aux chips de courgettes. Par le biais des ateliers, de nombreuses solutions sont apportées à ces personnes en situation de précarité pour bien manger à petit prix. Prochaine étape, un atelier conserverie afin de profiter tout au long de l’année des légumes qu’ils produisent.
Maylis Jean-Préau
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