Soupçons de corruption à Agde : le maire placé en détention

La Ville d’Agde se retrouve au cœur d’une tourmente judiciaire : le maire de la commune, Gilles d’Ettore, se trouve actuellement en détention provisoire, pour des soupçons notamment de détournements de fonds et de prises illégales d’intérêts. Cette affaire, qui a éclaté suite à une enquête préliminaire en octobre 2023, met en lumière des accusations de corruption et de manipulation présumées, impliquant également une femme se présentant comme voyante et médium.

Le maire d’Agde, Gilles d’Ettore, se retrouve actuellement au cœur d’une affaire judiciaire complexe, ayant conduit à sa mise en détention provisoire pour soupçons de corruption. Cette situation découle d’une série d’événements qui ont débuté par une enquête préliminaire en octobre 2023, menée par le commissariat d’Agde, et qui a abouti à une information judiciaire ouverte contre X le 5 janvier dernier.

Le maire d’Agde placé en détention provisoire

Les accusations portées à l’encontre de Monsieur d’Ettore incluent des chefs notamment « d’escroqueries en bande organisée, détournements de fonds par personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public, prises illégales d’intérêts, recels de ces différents délits et travail dissimulé », comme l’indique le procureur de la république, Raphaël Balland dans un communiqué de presse.

Le mardi 19 mars dernier, les autorités ont alors placé en garde à vue le maire d’Agde ainsi qu’une femme présentée comme une voyante et médium, accompagnée de son mari, et ont interrogé une quarantaine de personnes en parallèle.

Que leur est-il reproché ?

Le parquet explique alors que la femme est accusée d’avoir dissimulé ses revenus de voyante et d’avoir manipulé le maire d’Agde. Le procureur détaille : « Au cours de sa garde à vue, elle reconnaissait avoir utilisé un stratagème consistant à modifier sa voix auprès de nombreux interlocuteurs, y compris les membres de sa famille et ses proches amis. En utilisant au téléphone cette voix d’apparence masculine, posée et rauque, elle réussissait à leur faire croire qu’ils étaient en conversation avec un être surnaturel provenant de l’au-delà. »

Le maire d’Agde serait alors devenu l’un des proches de la voyante après leur rencontre en mai 2020 comme le précise le parquet. « Elle était parvenue à lui faire croire à l’existence de “la voix” », déclare le procureur avant d’ajouter : « Par ce stratagème, elle reconnaissait avoir ainsi bénéficié de nombreuses prestations de nature différente, principalement de la part du maire d’Agde. » Cela se traduirait notamment par le recrutement « au sein de la commune ou de l’agglomération, cinq personnes membres de la famille de cette femme ou de son proche entourage amical, dont son propre mari en qualité de directeur technique de la mairie. »

La version du maire d’Agde

De son côté, les charges pesant sur le maire d’Agde concernent alors le délit de prises illégales d’intérêts dans le cadre du « recrutement des cinq personnes de l’entourage de cette femme et d’avoir détourné des fonds ou de biens de la commune ou de l’agglomération pour lui offrir de nombreuses largesses ou prestations. »

L’édile aurait déclaré au cours de sa garde à vue qu’il avait été « convaincu de l’existence de “la voix” et que cette femme, qu’il considérait comme sa fille, était douée de pouvoirs surnaturels. » Le parquet ajoute : « Il ne réalisait avoir été victime d’une escroquerie que lorsque les enquêteurs lui montraient une vidéo de la femme en train de modifier sa voix. En revanche, il niait avoir commis un quelconque délit. »

L’avocat de Gilles d’Ettore, Me Jean-Marc Darrigade, a d’ailleurs confirmé ces dires auprès de nos confrères de France 3 : « Ce sont des accusations qu’il conteste. » Il poursuit : « C’est elle qui évoque des sommes qui lui ont été remises. » Pour la défense du maire, « L’enquête devra déterminer si ces sommes existent et, si elles existent, d’où elles proviennent. » Il estime également que l’édile est ici reconnu en qualité de « victime ».

À ce stade de la procédure, Raphaël Balland rappelle que toutes les parties impliquées bénéficient de la présomption d’innocence. L’enquête se poursuit sous l’autorité du magistrat instructeur.