La Mairie de Toulouse tente de lutter contre les îlots de chaleur, un phénomène de plus en plus récurrent dans les grandes villes et métropoles. Voici ce que la municipalité a mis en place pour y faire face.
De fortes températures sont attendues en fin de semaine et avec elles les questions concernant la gestion des îlots de chaleur à Toulouse. Dans une étude publiée en mai 2023, l’Agence d’urbanisme et d’aménagement Toulouse aire métropolitaine (AUAT) a mis en lumière cinq leviers nécessaires pour rafraîchir la ville. Végétations, eau, formes urbains, bâtiment et espace public sont les grands axes évoqués par l’agence.
Pour rappel, le phénomène d’îlot de chaleur urbain est de plus en plus fréquent dans les villes et métropoles de France. Il influe notamment sur les conditions de vie des habitants des villes, obligeant les territoires à s’adapter afin d’améliorer le confort de sa population. Son principe est simple : c’est une « augmentation de température en ville par rapport aux zones rurales voisines », comme l’explique l’AUAT.
L’agence ajoute : « L’îlot de chaleur urbain (ICU) résulte du stockage de la chaleur des villes. Les surfaces urbaines étant très chaudes la journée, elles limitent le refroidissement nocturne de l’air, créant alors un contraste avec le refroidissement rapide de la campagne. Plus prononcé la nuit, l’ICU induit une augmentation moyenne de la température de l’air de +4°C. »
Ainsi, les principales causes de la chaleur en ville seraient les suivantes :
L’AUAT soulève alors cinq levers « pour agir contre l’îlot de chaleur et la surchauffe urbaine » que l’on peut retrouver à Toulouse.
Ainsi, selon l’agence, la végétation est un axe majeur à prendre en compte pour rafraîchir Toulouse. Son pouvoir repose sur « les phénomènes d’ombrage et d’évapotranspiration ». Cette ambition se traduit par de nombreux projets comme celui de végétalisation de la grande rue Saint-Michel. L’objectif : à partir de 2025, équiper le grand axe de Toulouse d’un espace végétal avec 42 arbres plantés, en plus des 16 existants et 2 000 m2 végétalisés contre 65 aujourd’hui.
Le plan “Toulouse + fraîche” présenté au mois de mai 2023 propose également des actions de végétalisation des cours d’école ou des Ehpad. Des places et des rues de la ville pourront aussi profiter de ce plan et voir quelques arbres investir les espaces publics.
Si la végétation est importante, l’eau l’est tout autant. Comme l’explique l’AUAT : « L’eau participe également à réduire le stockage de chaleur grâce au phénomène d’évaporation. » Ainsi, en désimperméabilisant les sols et en améliorant la gestion de l’eau en ville, le phénomène d’îlots de chaleur pourrait être moindre.
Dans ce contexte-là, la Mairie de Toulouse annonce la création d’un parvis 100% perméable au niveau du Jardin des Plantes. Cette idée a été notamment plébiscitée par les Toulousains lors de la campagne de votes “Mes idées pour mon quartier“. Cela se traduit par l’utilisation d’un joint perméable qui va stocker l’eau et permettre l’évaporation de celle-ci, les jours de fortes chaleurs.
Autre point important pour l’AUAT : la taille, la forme et l’agencement des constructions. Ceux-ci peuvent modifier « les apports solaires, les écoulements du vent et, par conséquent, les bilans d’énergie propres à un espace urbain. » En effet, plus une rue est étroite et entourée de bâtiment, moins la ventilation sera efficace. Une problématique à laquelle Toulouse est confrontée en raison de l’architecture de son centre-ville et que la Mairie évite de reproduire lorsqu’elle réaménage certains quartiers.
C’est le cas notamment de la première phase du projet Grand Matabiau quais d’Oc avec la transformation de l’avenue de Lyon. La hauteur des bâtiments imaginés ne dépassera pas les 35 mètres, soit 10 à 11 étages. Elle sera moindre à proximité du Canal du midi. Ces derniers ne disposeront effectivement que de quatre étages. L’objectif étant ici d’éviter « un effet couloir » comme l’avait indiqué Jean-Luc Moudenc, en mars 2023.
Le quatrième levier concerne les bâtiments. Que ce soit en terme de hauteur ou d’orientation, il existe plusieurs critères pour limiter le recours à la climatisation l’été ou au chauffage l’hiver. Mais le plus important reste l’isolation du bâtiment. Si celle-ci n’est pas correcte, les besoins énergétiques seront plus élevés. En octobre 2022, la Mairie avait ainsi annoncé investir un million d’euros supplémentaires par an dans la rénovation énergétique des bâtiments publics.
Et pour les habitants, la Métropole a mis en place des primes pour les encourager à la rénovation énergétique. Avec la prime “éco-rénovation“, proposée dans le cadre du Plan de relance adopté en juin 2020, les Toulousains peuvent ainsi rénover leur foyer tout en luttant contre le gaspillage énergétique et en diminuant les dépenses de chauffage.
Le dernier point évoqué par l’AUAT concerne les différents aménagements de l’espace public. L’agence précise : « Un rafraichissement local, souvent plébiscité par les citadins, par des dispositifs ayant recours à l’usage direct de l’eau : jets et jeux d’eau, fontaines… est utilisé depuis l’Antiquité. » À ces éléments s’ajoutent l’installation de structures d’ombrage telles que des pergolas, arcades, passages dans les bâtiments, auvents, toiles et voiles d’ombrage…
À Toulouse, plusieurs espaces ont été aménagés de manière à diminuer la sensation de chaleur. C’est le cas notamment du pont Saint-Pierre. Cet été encore, l’axe toulousain est réservé aux piétons. Une peinture au sol embellie et rafraîchit les lieux. Et pour la petite nouveauté, la Mairie de Toulouse a installé des ombrières pour lutter contre les îlots de chaleur. Un équipement que les habitants peuvent retrouver sous une forme différente rue Alsace-Lorraine.
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