La Métropole de Toulouse va mettre en place un procédé de puçage des poubelles du territoire à partir du mois de juillet prochain. Une mesure qui permettra de les identifier et ainsi de connaître exactement les déchets produits par les ménages et les entreprises.
Si vous habitez dans l’une des communes de la métropole de Toulouse, votre poubelle sera bientôt dotée d’une puce. Les élus du conseil métropolitain ont effectivement voté une délibération « portant sur le lancement d’enquêtes auprès des producteurs de déchets et l’installation de systèmes d’identification sur les bacs de collecte » ce jeudi 22 juin. En clair, la collectivité va déployer un dispositif de puçage sur toutes les poubelles du territoire ce qui permettra de les identifier au moment du ramassage des détritus. Il y en a pas moins de 400 000 sur la métropole toulousaine.
Comme l’indique la délibération, les enquêtes et marquages vont rapidement débuter puisqu’ils sont prévus à partir du deuxième semestre 2023, soit au mois de juillet prochain. Ils seront réalisés sur environ cinq ans, le temps d’équiper tous les bacs. La Métropole va investir un montant de 6 millions d’euros pour cette opération. Une « coquette somme », selon Aymeric Deheurles, membre du groupe d’opposition Alternative pour une métropole citoyenne (AMC), qui souligne : « D’autant qu’il faudra y ajouter le coût du lecteur de puces et du logiciel qui agrège les données. Tout ça pour faire des “stats”, ça fait cher de la statistique ».
Vincent Terrail-Novès, vice-président de Toulouse Métropole chargé de l’économie circulaire, des déchets et de la propreté, admet que « c’est une somme qui n’est pas négligeable et qui est importante ». Mais il assure que cela ne servira « pas uniquement à faire de la statistique ». « Notre objectif en puçant les bacs est de quantifier de façon exacte et certaine ce que produit chacun », précise le vice-président.
La collectivité dispose bien d’informations sur les 175 000 producteurs de déchets de la Métropole, c’est-à-dire les ménages mais aussi les entreprises ou les administrations, « renseignées depuis des dizaines d’années dans une base de données » et avec un volume « qui a évolué à proportion de la croissance démographique ». Mais elle souhaite les mettre à jour « afin de mieux qualifier les producteurs et de s’assurer que les bacs en place et les réalités du terrain correspondent bien à ce qui est renseigné ». « Nous notons une certaine incohérence entre le nombre de bacs et la production de déchets. Il est donc nécessaire de nettoyer notre fichier », informe Vincent Terrail-Novès.
Pour Aymeric Deheurles, cette opération aurait été intéressante « si la tarification incitative était mise en place ». « Sauf que nous avons payé pour une enquête qui a permis de dire que nous ne le ferions pas. Et ce, pour tout un tas de raisons qui pourraient être discutables », estime l’élu d’opposition. Pour rappel, la Métropole avait décidé de ne pas la mettre en place au vu du pourcentage trop important d’habitants vivant en logement collectif. Cela aurait en effet nécessité de mettre en place des bacs pour chacun d’eux. « Nous avons abandonné l’objectif de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères incitative pour des raisons qui sont très factuelles. Nous allons à présent nous engager sur la voie de la communication incitative », répond Vincent Terrail-Novès.
L’élu explique : « Connaître la production de chacun et la mettre en comparaison avec une moyenne nationale ou locale, permettra de sensibiliser et d’inciter les habitants à changer leurs comportements. Nous engagerons aussi des actions de correction ». La Métropole envisage effectivement des évolutions du service de collecte « qui permettront d’atteindre les objectifs de réduction et de valorisation des déchets ». « Si demain nous décidons d’abaisser le seuil de collecte, qui est de 10 m3, à 8 m3, ceux qui en produisent plus devraient faire appel à des sociétés privées pour ramasser le surplus de déchets. Nous sortirions ainsi 15 kilogrammes de déchets par habitant et atteindrions les objectifs visés », avance-t-il.
Outre le prix de cette opération, Aymeric Deheurles dénonce l’utilisation du terme « producteur de déchets ». « Cela m’irrite particulièrement. Le consommateur lambda ne produit pas de déchets, il se contente de faire le passe-plat entre l’industriel et la poubelle », appuie-t-il. Aymeric Deheurles poursuit : « Vous allez me dire : “c’est une façon de parler”, mais nous qualifier de producteurs de déchets revient à dire que nous sommes les coupables et non les industriels et les grandes surfaces qui le sont réellement. C’est une façon de rejeter la responsabilité sur le citoyen et pas sur le vrai responsable. Je souhaite vivement qu’une nouvelle formulation, qui ne soit pas culpabilisante pour la personne qui n’a pas le choix de faire autrement que de récupérer plein d’emballages, soit trouvée ».
Pour Vincent Terrail-Novès, il s’agit « d’une question philosophique ». « Nous appelons encore cela un producteur de déchets dans le jargon. C’est comme ça que l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) et tous les organismes le qualifient », rappelle-t-il. Pour information, la délibération a été adoptée par le conseil métropolitain.
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