La Maison médicale de la Grave, la plus ancienne de Toulouse, ferme ses portes ce soir à minuit. Mais pour quelle raison ?
C’est une information choc, la Maison médicale de garde de la Grave (MMG La Grave) va fermer définitivement ce soir à minuit. Inauguré en 2003, l’établissement est ouvert tous les jours de la semaine de 20h à minuit, le samedi de midi à minuit et le dimanche de 8h à minuit. Le quartier Saint-Cyprien va donc se retrouver, en dehors des horaires d’ouverture des cabinets médicaux, sans alternative pour les bobos qui ne nécessitent pas d’aller aux urgences.
L’ARS (Agence Régionale de Santé) a mis en place un nouveau cahier des charges régionales en ce mois de mai. Ce dernier, approuvé en Haute-Garonne, met en place de nouvelles réglementations, et parmi elles, l’obligation d’une régulation de l’accès aux patients. En d’autres termes, la nécessité pour ces derniers, d’appeler au préalable le 15 ou le 39-66 afin d’être conseillé et/ou dirigé vers les services compétents. « La Maison médicale de la Grave ne remplit pas ce critère là. Leurs médecins ne souhaitent pas changer leur mode de fonctionnement », explique Thierry Cardouat, directeur départemental de l’ARS. En effet, comme le révèle Médiacités, 60% des patients reçus à la MMG ne sont pas passés par un numéro de “triage”.
Cet accès régulé est l’élément principal du litige. L’ARS a alors décidé de couper les subventions de 85 000 euros, soit deux tiers du budget de fonctionnement de la Maison médicale de la Grave. « Je n’ai pas le droit de financer un établissement qui ne respecte pas le nouveau cahier des charges régionales », justifie Thierry Cardouat avant de poursuivre : « Ce n’est pas un problème d’argent puisque nous allons subventionner 12 établissements dans le département en 2023, au lieu de deux en 2021. Si les référents de la MMG décident de changer d’avis, ma porte reste ouverte. » En attendant, pour l’ARS, « la fermeture annoncée par les médecins de la Maison médicale de la Grave correspond à une volonté individuelle de ces professionnels », estime l’ARS dans un communiqué de presse.
L’association des médecins de la Maison médicale de la Grave estime que la MMG couvre les besoins médicaux de 10 000 personnes. La trentaine de médecins généralistes de l’établissement ont réalisé 10 728 consultations en 2022. Alors, pour pallier la fermeture du centre, Thierry Cardouat compte donc ouvrir un nouveau point fixe de consultation en centre-ville, « dans le même périmètre que celui de la Grave », d’ici à deux semaines. « Il sera ouvert sur les horaires de la PDSA (Permanence Des Soins Ambulatoires, ndlr) soit en semaine de 20h à minuit, le samedi de midi à minuit et dimanche de 8h à 20h », détaille Thierry Cardouat.
De leurs côtés les médecins de la Maison médicale de garde de la Grave ne comprennent pas ces décisions. « On fonctionnait très bien depuis notre création. De plus, dans le cahier des charges, il est stipulé que l’accès régulé des patients est conseillé mais pas obligatoire », déplore Jean-François Reinard, le président de la Maison médicale de la Grave. « En Occitanie, environ 25 maisons de médecine de garde fonctionnent en accès direct (sans régulation par téléphone, NDLR). Nous sommes connus à Toulouse, les gens viennent en ne sachant pas qu’il faut appeler le 15, ou se disent que pour un cas bénin, cela n’est pas utile. Et l’on ne veut en aucun cas refuser des gens qui viennent nous voir », poursuit ce dernier. Il avoue être ému de la situation. « Cela m’a fait beaucoup de peine, c’est un immense gâchis. D’autant plus que cela va mettre cinq secrétaires au chômage », concède Jean-François Reinard.
Il émet également des doutes quant au fonctionnement de la Maison médicale de garde installée à Purpan. « Eux aussi vont travailler en accès direct, de plus ils n’ont pas assez de secrétaires pour gérer l’afflux de patients qui grimpe chaque jour. Pour une ville de 500 000 habitants, cela va devenir ingérable », lâche t-il. A défaut de trouver les arguments officiels crédibles, Jean-François Reinard s’interroge sur d’éventuelles raisons personnelles ayant entrainé cette coupe de subvention. « J’ai refusé d’aller à Purpan, c’est peut-être une vendetta personnelle…», évoque le président de l’association des médecins de la Grave…
Florian LEFEBVRE
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