La région Occitanie est riche de ses châteaux, véritables vestiges de l’Histoire de France, et après plusieurs siècles d’existence, certains édifices ont connu une seconde vie en devenant la propriété de riches particuliers. Certains d’entre eux ne vous sont sûrement pas inconnus. Le Journal Toulousain vous propose de découvrir qui sont les propriétaires de 10 châteaux privés en Occitanie.
En Occitanie, il existe de magnifiques forteresses médiévales encore debout. C’est le cas du château privé de Belcastel dans l’Aveyron. L’édifice a été bâti au VIIIe siècle, sur la rive Nord de la rivière Aveyron, à l’Ouest de Rodez. Sa vocation initiale était de protéger la vallée contre les potentielles invasions. Après plusieurs siècles, le château est finalement abandonné et laissé en ruine au début du XVIIe. Les années passent et la forteresse dépérit doucement sous les yeux des habitants de Belcastel.
C’est en 1972 que l’architecte réputé, Fernand Pouillon, découvre les ruines du château et décide de le rénover complètement. Pendant huit ans, il assure d’importants travaux de restauration avant de s’y installer. Il finira par y mourir le 24 juillet 1986. Le château trouve alors une nouvelle propriétaire en 2005 : Heidi Leigh, une célèbre galeriste new-yorkaise. Pendant près de 20 ans, la châtelaine ouvre les portes de son monument historique au public. Elle a finalement vendu la forteresse en juillet 2023.
Direction le Lot, à Luzech, où le château de Caïx est devenu un véritable domaine agricole, propriété de la famille royale du Danemark. Son histoire remonte au début du XIVe siècle. Selon les propriétaires actuels, le château privé, situé au Nord de l’Occitanie, devait probablement servir à « contrôler et monnayer la navigation sur le Lot ». Puis au XVe siècle, la famille Couderc, notaires de Luzech, en fait l’acquisition.
La bâtisse a été construite à flanc de colline en forme de rectangle avec quatre tours rondes à chaque extrémité. À travers les siècles, il a été progressivement agrandi et aménagé afin de devenir une magnifique « demeure en pierre de taille ». Il passe entre les mains de plusieurs propriétaires tels que le président de la Cour des aides de Cahors, Géraud Lefranc, ou encore Jean-Jacques Lefranc de Pompignan.
Puis, le château devient la propriété de Margrethe II, reine du Danemark, et de son époux le prince Henrik de Danemark, en 1975. Cette acquisition n’est pas un hasard, puisque la famille du prince vivait déjà depuis quelques années sur la commune d’Albas, non loin de là. Le couple décide alors de transformer le château en domaine viticole, où il vient passer ses vacances. Régulièrement, la famille royale y organise également des concerts ou des événements au bénéfice d’associations caritatives.
Nous continuons notre tour des propriétaires de châteaux privés en Occitanie avec l’édifice situé à Beaumont-sur-l’Osse, dans le Gers. Cette bâtisse, décrite comme un manoir de style maison forte médiévale, date de la fin du XIIIe siècle. De sa hauteur, il domine la vallée du village fortifié de Larressingle, un des plus beaux villages de France, au cœur du vignoble d’Armagnac. Au fil des siècles, il verra sa superficie s’agrandir avec la construction d’une quarantaine de pièces supplémentaires, d’un parc circulaire, d’un jardin à la française, de douves… Le château de Beaumont a d’abord appartenu à la famille de Pardaillan de Gondrin. L’un de ses héritiers avait d’ailleurs été chassé de la cour de France au XVIIe siècle alors que son épouse, Madame de Montespan, était la maîtresse favorite du Roi soleil, Louis XIV.
Ce n’est qu’au milieu du XXe siècle qu’un couple de concertistes décide alors d’acheter l’édifice en ruine, et le restaure. Leur fille, passionnée par l’Histoire de France, finira à son tour par acheter la bâtisse en 1973. Cette dernière n’est autre qu’Ève Ruggiéri, animatrice de radio et de télévision française et écrivaine. Elle continue ainsi le travail de restauration entamé par ses parents et organise même le festival “Un été en Gascogne avec Ève Ruggiéri”, tous les étés au sein de sa propriété.
Toujours dans le Gers, direction Berrac, au Nord du département. Le château de Cadreils a été construit à la fin du XVIIe siècle, entre Lectoure et Condom, par les seigneurs Berrac de Cadreils. La bâtisse se présentait d’abord sous la forme d’un rectangle à laquelle une tour carrée et des ailes ont ensuite été rajoutées plus tard. Au XVIIe siècle, les châtelains ont également construit un pigeonnier et une galerie. Ils ont aussi procédé à la restauration du château et de son escalier. La propriété laisse perplexes les historiens, qui ont bien du mal à déterminer le style architectural de l’édifice. Leur choix se porterait sur le type gascon. Puis, en 2005, les parents de Julie Gayet, actrice et productrice française, ont discrètement racheté le château aux agriculteurs qui vivaient là. Ils en sont les propriétaires depuis et l’ont entièrement rénové pour lui rendre sa splendeur architecturale.
À l’Est du Gers, les amateurs d’histoire, de télévision et de patrimoine doivent déjà connaître cet édifice. Parmi les propriétaires de châteaux privés en Occitanie, les frères Bogdanov, Igor et Grichka, ont fait l’acquisition de la bâtisse d’Esclignac, située sur la commune de Montfort, en 1986. Sa construction date du XIe siècle, à la place d’une ancienne villa gallo-romaine. Et a été successivement la propriété de nombreuses familles réputées. Elle a d’abord été la demeure des nobles de Preissac, puis celle de la famille du Cos de la Hitte.
Le château d’Esclignac finit par être acheté par les frères Bogdanov en 1986. Mais l’édifice est en très mauvais état. C’est pour ces raisons qu’une association de sauvegarde du patrimoine gascon a lancé en 2014 un appel aux fonds pour rénover le château. Elle a d’ailleurs essayé de l’acquérir, mais sans succès. Depuis le décès des propriétaires en 2021, la bâtisse revient désormais à la famille Bogdanov.
Le Gers est très prisé pour ses châteaux. En effet, après les familles Ruggieri, Gayet ou encore celle des Bogdanov, c’est au tour des Castelbajac. Cette longue lignée de nobles originaires de Bigorre possède toujours de nombreux biens d’exception dans la région, à l’image des châteaux de Loubersan et de Caumont, tous deux dans le Gers. Le premier a été construit au XIe siècle par la famille de Lobersan. Il domine la vallée avec ses belles pierres jaunes. Après avoir servi de lieu de chasse ou de prison pendant la guerre d’Espagne, l’édifice appartient désormais au très célèbre couturier Jean-Charles de Castelbajac.
La seconde propriété de la famille se situe à Cazaux-Savès, à l’Est du département. Majestueuse, la bâtisse est un véritable témoin de la Renaissance française construit au XVIe siècle par l’architecte toulousain Nicolas Bachelier. La famille Castelbajac en devient propriétaire en 1839. Le château est ensuite racheté en 1980 par une autre branche de la famille, qui en fait alors un lieu public et l’ouvre au public.
Des propriétaires célèbres ont également jeté leur dévolu sur des édifices de départements voisins. C’est le cas notamment dans les Hautes-Pyrénées. Le château de Miramont, situé sur la commune d’Adast, est une magnifique demeure datant du XVIIe siècle. L’édifice a été construit sur les ruines de l’ancien château fort de la ville. Cette ancienne forteresse du Xe siècle appartenait d’abord au premier vicomte de Lavedan. Puis elle est devenue la propriété de la famille de Bigorre-Mâtas avant d’être léguée à la famille Miramont. Cette dernière s’occupe alors de faire bâtir le château que nous connaissons actuellement pour Gabrielle Caubotte de Miramont, la mère du poète et auteur de chansons béarnais, Cyprien Despourrins. Après le décès de la châtelaine, l’édifice revient à la famille de son fils.
Les années passent et les propriétaires se succèdent jusqu’à la fin des années 1960. Les filles du dernier occupant vendent le domaine au journaliste et animateur de télévision, Jacques Chancel. Né sous le nom de Joseph Crampes, il décède le 23 décembre 2014 à Paris et se fait inhumer dans la crypte de la chapelle de son château. L’édifice est désormais la propriété de sa famille. Vous pouvez d’ailleurs le visiter lors des Journées du Patrimoine.
Et si la musique s’invitait dans les châteaux privés d’Occitanie ? C’est ce que proposent les propriétaires suivants. Partons vers l’Ariège, et plus précisément au château de Terride où les propriétaires ne sont autres que le chanteur d’opéra français Edwin Crossley-Mercer et le danseur Vincent Chaillet. Tous deux ont été saisis par la beauté de l’édifice au point de l’acheter en décembre 2020. Seulement, d’importants travaux doivent y être effectués. Le château, situé au sommet d’une colline, sur la commune de Mirepoix, existe depuis le XIIe siècle. L’édifice portait autrefois le nom du village avant de devenir le “château de Terride”, suite au mariage du seigneur de Mirepoix et de la fille du baron de Terride, en 1563.
À la fin du XIIIe siècle, un second château est construit, mais il n’en reste plus qu’une tour rectangulaire et des ruines. Au décès de Jean de Lévis Lomagne, seigneur de Mirepoix, la famille n’a plus habité la bâtisse. Plusieurs propriétaires se sont alors succédé et ont rénové tour à tour des parties de l’édifice. Jusqu’à l’achat par les deux artistes. Ces derniers ont désormais de nombreux projets. En premier lieu, les nouveaux châtelains souhaitent revaloriser les lieux. Ils ont alors fait appel à la Fondation du patrimoine de Stéphane Bern. Puis, depuis 2021, les propriétaires organisent le festival “Castel Artès”, qui accueille chaque année de grands artistes au château de Terride.
Parmi les propriétaires notables de châteaux privés en Occitanie, nous retrouvons la famille de Thonel d’Orgeix, des nobles ariégeois. Celle-ci est à l’origine de la construction du château éponyme au XVIIe siècle. Au fil des siècles, les générations de marquis ont successivement agrandi cette belle bâtisse qui, aujourd’hui, possède une quarantaine de pièces. Le château a, comme les autres, subi différentes guerres. Il a notamment été bombardé le 5 juin 1938, lors de la guerre civile d’Espagne. Seul le toit a souffert. Mais le propriétaire de l’époque se fait finalement assassiner par les Allemands, en 1944, pour avoir abrité des résistants.
Puis, l’un des marquis d’Orgeix devient une personnalité publique : l’acteur et sportif français Jean-François-Marie-Henri de Thonel. Il a joué notamment aux côtés de Jean Marais dans “Si Paris nous était conté” et remporté la médaille de bronze en saut d’obstacles des épreuves d’équitation aux Jeux Olympiques d’été de 1948, à Londres. Le cavalier a donc été propriétaire du château jusqu’à son décès, en 2006. Sa famille possède toujours la propriété ariégeoise. Elle a également fait l’acquisition d’une autre demeure, celle du château de Loubens-Lauragais. Situé en Haute-Garonne, l’édifice est un véritable vestige de l’histoire du pastel et des Capitouls de Toulouse. Celui-ci se visite tout au long de l’année.
Cette dernière demeure est actuellement au cœur d’une polémique. En effet, depuis 2021, le château de Castelmore dans le Gers est en vente. Construite entre le Xe et le XIIe siècle, la bâtisse, située sur la commune de Lupiac, aurait vu naître le mousquetaire D’Artagnan, de son vrai nom Charles de Batz de Castelmore, au XVIIe siècle. Ce dernier a inspiré les nombreuses histoires d’Alexandre Dumas. Le château a, de son côté, connu plusieurs changements au fil des années avant de devenir la propriété de l’ancien sénateur-maire du Gers, Yves Rispat. Seulement, depuis la disparition de celui-ci en 2015, l’édifice est à l’abandon. Et en décembre 2023, la famille de l’élu défunt a reçu une offre du PDG d’Auchan Retail, Yves Claude.
Une proposition qui ne plaît pas aux élus locaux. La Communauté de communes de Fezensac a alors fait une offre similaire et déposé un recours gracieux. Plusieurs personnalités et élus locaux ont également lancé un appel au rassemblement le samedi 20 janvier à Lupiac pour exiger que le château passe dans le domaine public. De son côté, le PDG d’Auchan assure, dans une lettre envoyée à France 2 : « Depuis le premier jour, j’ai bien précisé à la propriétaire, ainsi qu’à la Safer, que la propriété serait ouverte et que je mettrais mon énergie à partager ce lieu le mieux possible avec le public. »
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