À Toulouse, il est possible de rouler sous le Canal du Midi. Au niveau de l’échangeur de Montaudran, le pont-canal des Herbettes enjambe en effet la rocade, transportant 4 500 mètres cubes d’eau. Un ‘’ouvrage sensible’’ des Voies navigables de France, placé sous haute surveillance.
Le pont-canal des Herbettes est-il suffisamment solide ?
Au début des années 1980, lorsqu’ils ont tracé les contours de la troisième section du périphérique Sud entre Jules-Julien et le Palays, les ingénieurs de la Direction départementale de l’équipement (DDE) se sont demandés comment traverser le Canal du Midi, qui coule aux Herbettes, dans le quartier de Rangueil, en direction de Castanet. « Faire passer la rocade au-dessus aurait nécessité la construction d’immenses rampes d’accès. La solution proposée par les ingénieurs était beaucoup plus simple », répond Jacques Noisette, responsable de la communication de Voies navigables de France (VNF), qui gère le canal. Il a donc été décidé de réaliser un pont inversé, accueillant l’eau et surplombant la route, qui avait en outre l’avantage de laisser cette portion de rocade semi-enterrée, afin d’en limiter les nuisances sonores. Et puisqu’on ne voulait pas interrompre trop longtemps le service de la navigation, le choix s’est porté sur un ouvrage préfabriqué en usine et facile à installer : un pont-canal métallique.
« C’est ainsi que l’on fit venir par convoi exceptionnel, depuis les établissements J. Richard Ducros à Alès, dans le Gard, douze tronçons en acier », indiquent les Archives municipales. Soudés sur place, posés en les faisant glisser à l’horizontale, puis renforcés par 14 ceintures transversales, ils peuvent supporter une charge de 2 700 tonnes. Pour assurer une sécurité maximale, VNF a fait installer des clapets capables de stopper l’écoulement du canal en amont et en aval de cet ouvrage de plus de 55 mètres. Aux flans du tablier, des capteurs donnent l’alerte en cas de vibration anormale de la structure ou si le niveau du plan d’eau monte trop haut : « Il y a deux ou trois ans, au printemps, alors qu’un violent orage s’abattait sur la région toulousaine, l’ouvrage s’est automatiquement mis en sécurité en quelques minutes. Heureusement, le système ne s’est jamais déclenché pour des raisons plus graves… », se réjouit Jacques Noisette.
Le spécialiste des voies navigables imagine le pire des scénarios, celui où le pont-canal venait à se rompre. Puisqu’il se situe entre deux écluses distantes de 12 kilomètres l’une de l’autre, ce sont 480 000 mètres cubes d’eau qui pourraient alors se déverser dans la rocade. C’est pourquoi sont régulièrement menés des contrôles de l’étanchéité et de l’anticorrosion de l’immense cuve ou du bon fonctionnement des capteurs. « Le pont-canal des Herbettes n’a jamais fait débat, ni sur son utilité ni sur ses matériaux. En 1996, lors de l’inscription à son patrimoine mondial, l’Unesco l’a envisagé dans toute sa modernité, preuve de la formidable adaptation du Canal du Midi au fil des siècles », conclut Jacques Noisette.
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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