Depuis sa création en 1840, le cimetière toulousain de Terre-Cabade est le plus réputé de la Ville rose, à l’image du Père-Lachaise à Paris, dont s’est d’ailleurs inspiré son créateur Urbain Vitry, lui-même enterré là. À ses côtés reposent de nombreuses autres personnalités qui ont marqué Toulouse en leur temps. Voici lesquelles.
Vaste de 33 hectares, le cimetière de Terre-Cabade est le plus important de Toulouse. Dans son enceinte se trouvent environ 28 000 tombes et 20 000 caveaux familiaux. Et dans certains d’entre eux reposent d’illustres personnalités locales qui ont marqué la Ville rose. Des hommes politiques, des résistants, mais aussi de nombreux artistes, et même… un footballeur. Découvrez les plus grands noms des personnages toulousains inhumés dans la plus grande nécropole de Toulouse.
Les figures politiques enterrées à Terre-Cabade les plus connues sont sans nul doute les anciens maires de Toulouse. À commencer par Paul Feuga (1863-1939). Certains n’ont entendu ce nom que parce qu’il a été donné à des allées se trouvant entre le pont Saint-Michel et les allées Jules Guesde. Mais avant d’être attribué à une rue, ce nom était celui d’un homme politique bien connu à Toulouse. Il aura d’abord été conseiller municipal, puis conseiller général et maire de la Ville rose de 1919 à 1925, délogé du Capitole par un certain Étienne Billières. Il siègera ensuite au Sénat jusqu’en 1933.
Pierre Baudis (1947-2014) suivra peu ou prou le même chemin, à l’exception du Sénat puisque lui fréquentera les bancs de l’Assemblée nationale. Également inhumé dans le plus célèbre des cimetières toulousains, côté Salonique, il a été concomitamment conseiller général de Haute-Garonne et adjoint au maire de Toulouse Louis Bazerque, avant de battre ce dernier aux municipales de 1971 et de prendre à son tour les rênes du Capitole. Il ne les lâchera que pour mieux les laisser à son fils, Dominique Baudis. Dans son palmarès électoral, il compte aussi une fonction de conseiller régional et de député européen.
À ses côtés, repose son fils Dominique Baudis (1947-2014), qui a été incinéré. Ce journaliste de formation, que l’on a pu voir présenter le “20H” de TF1 puis le “Soir 3” de FR3, ne quittera la profession que pour succéder à son père à la tête de Toulouse, qu’il prend en 1983. Il restera connu pour être celui qui a donné à la Ville rose son rang de métropole et pour l’avoir dotée d’un métro. Il sera, dans la foulée, également élu député européen, conseiller général de Haute-Garonne, conseiller régional de Midi-Pyrénées et député à l’Assemblée nationale. Il terminera sa carrière en tant que Défenseur des droits, après avoir été président de l’Institut du monde arabe et président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).
Plusieurs artistes, de renommée locale, nationale, voire internationale, sont également enterrés à Terre-Cabade, à l’image du sculpteur Bernard Griffoul-Dorval (1788-1861). Il est notamment connu pour avoir été l’un des artisans du renouveau de l’école toulousaine de sculpture, dans laquelle il enseignera durant toute sa carrière. Quant à ses œuvres, elles sont principalement commandées par des municipalités. Il s’agit entre autres de bustes, de statues et d’ornements de monuments. Plusieurs d’entre elles sont aujourd’hui conservées au musée des Augustins, mais il en est au moins deux qu’il est possible d’admirer dans Toulouse. En effet, il est le sculpteur de la grande statue de Pierre-Paul Riquet qui trône en haut des allées Jean-Jaurès et des quatre griffons se trouvant à la base de la colonne Dupuy.
Autre artiste reposant dans le plus grand cimetière de Toulouse, Jules Léotard (1838-1870). Son nom ne vous dit peut-être rien, pourtant il a révolutionné le monde du cirque. Il est le premier à avoir exécuté un passage entre deux trapèzes en effectuant un saut périlleux. Il est ainsi l’inventeur de la voltige entre deux trapèzes, discipline circassienne aujourd’hui traditionnelle. Et c’est également lui qui a inventé le justaucorps, désormais porté par tous les gymnastes du monde. En anglais, ce maillot moulant s’appelle d’ailleurs un “léotard”.
Plus contemporain, le chanteur lyrique Pierre Nougaro (1904-1988), père de Claude Nougaro, est également inhumé à Terre-Cabade, plus précisément au cimetière de Salonique. Chanteur d’exception, le baryton a arpenté les scènes parisiennes avant de prendre la direction du théâtre de Rennes qu’il sauvera de la fermeture. Puis c’est à la télévision et au cinéma qu’il terminera sa grande carrière d’artiste. Il apparaît dans plusieurs téléfilms, avant de tourner notamment avec Claude Berri dans “Jean de Florette” et “Manon des sources” où il interprète Casimir, et avec Claude Chabrol dans “Masques”.
Non loin de celle de Pierre Nougaro se trouve la dernière demeure de Mady Mesplé (1931-2020). Elle était l’une des plus grandes cantatrices, de ses débuts dans les années 1950, à la fin de sa carrière à laquelle elle a mis un terme en 2001. Cette Toulousaine a intégré le Conservatoire à l’âge de 7 ans, à titre exceptionnel, pour y apprendre la musique, le piano plus exactement. Mais à 18 ans, c’est le chant, lyrique, qui a obtenu ses faveurs. Soprano, elle s’est illustrée par sa prestation emblématique dans “Lakmé”, à l’opéra de Liège, qui restera sûrement l’une de ses plus belles interprétations. Mady Mesplé a enchaîné les triomphes en France et en Belgique, mais aussi à l’international. Elle est ainsi l’une des rares voix françaises à s’être exportée, avec brio, dans le monde entier.
Les résistants étaient nombreux durant la seconde Guerre mondiale, mais il en est certains qui sont passés à la postérité. Dans la Ville rose, François Verdier (1900-1944) est de ceux-là. Ce Républicain convaincu entre en résistance en 1941, sous le pseudonyme de “Forain”. Au vu de son engagement, le général De Gaulle le nommera chef des Mouvements Unis de la Résistance dans le Sud-Ouest. Il sera alors chargé d’organiser toutes les actions en région. Arrêté par la Gestapo en 1943, il sera torturé à la prison Saint-Michel, mais ne dira rien des secrets de son réseau. Il sera abattu dans la forêt de Bouconne, dans laquelle une stèle a été érigée en sa mémoire. Il repose désormais au cimetière Terre-Cabade.
Quelques mois plus tôt, dans cette même prison Saint-Michel, la tête de Marcel Langer (1903-1943) tombait. Guillotiné après un procès intenté par les services de Vichy, cet ouvrier communiste, d’origine polonaise, a rejoint la résistance en 1942 après avoir officié dans les Brigades internationales. Il devient alors le premier dirigeant de la 35e brigade de la région toulousaine, qui prendra d’ailleurs son nom après son exécution. Auteur de plusieurs actes de résistance, il est arrêté à Saint-Agne, avec une valise remplie d’explosifs. Il est également inhumé à Terre-Cabade.
Dans ce Père-Lachaise toulousain, ouvert à la visite, se trouvent plusieurs personnalités qui ont donc fait la renommée de la Ville rose. Parmi ceux-là le créateur du cimetière lui-même. En effet, Urbain Vitry (1802-1863), architecte et urbaniste en chef de Toulouse, à qui l’on doit la physionomie de la ville au XIXe siècle, réalise des bâtiments communaux comme Les Abattoirs, l’observatoire de Jolimont, le théâtre Sorano, et le cimetière Terre-Cabade. Pour ce dernier, il présente un projet néo-égyptien inédit pour l’époque, qui reste une curiosité locale encore aujourd’hui. L’entrée de la nécropole étant flanquée de deux obélisques et ornée de deux pavillons symétriques à colonnades et chapiteaux palmiformes réalisés en briques taillées.
Une création qui a sûrement plu au grand voyageur et explorateur qu’était Georges Labit (1862-1899). Issu d’une famille de notables toulousains, il n’appréciait pas beaucoup sa ville natale, et disait même que « ce n’est pas sur les bords de la Garonne qu’il faut chercher les idées larges », dans une correspondance à sa tante. C’est pourquoi il sillonnera le monde sa vie entière. D’abord l’Europe, puis la Scandinavie, pour finir par les pays bordant la Méditerranée, après être passé par le Japon et l’Extrême-Orient. De ces multiples expéditions, il ramène une multitude d’objets, aujourd’hui exposés au musée toulousain des arts de l’Égypte antique et de l’Asie qui porte son nom. C’est pour la création du musée Georges Labit que le Toulousain est connu, mais également pour avoir connu une mort mystérieuse.
Lui, est nationalement connu pour détenir le record du nombre de buts marqués lors d’une même Coupe du monde (1958). Avec 13 buts, Just Fontaine (1933-2023) n’a toujours pas été détrôné. Il est également la dernière personnalité à avoir “franchi les portes du 11”, comme il est coutume de dire de ceux qui reposent à Terre-Cabade, en référence aux deux obélisques de l’entrée du cimetière. Il n’a rejoint Toulouse qu’à l’âge de 35 ans, mais a toujours été considéré par les Toulousains comme un digne représentant de la ville. Il fait partie des meilleurs joueurs français, lui qui a connu ses heures de gloire à Reims, club avec lequel il atteindra la finale de la Coupe des clubs champions européens. Quatre fois titré champion de France, l’attaquant a inscrit 164 buts en 200 matchs de championnat de France et 30 buts en 21 sélections nationales.
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