Récompensée au prestigieux concours Lépine, elle a bravé les rudesses des expéditions en milieu sauvage avant d’être invitée autour des tables des plus grands restaurants étoilés. Son nom ? Georgette. D’origine ariégeoise, elle fait aujourd’hui la fierté de son père, Jean-Louis Orengo. Le JT vous emmène sur ses traces.
Toujours dans les parages quand il s’agit de déguster un bon plat en sauce, Georgette a su se faire une place de choix auprès des professionnels des métiers de bouche. Mais si elle fréquente aujourd’hui les restaurants étoilés, elle a débuté sa carrière au côté d’un explorateur. Jean-Louis Orengo, ichnologue ariégeois qui étudie les traces et les empreintes des animaux fossiles, l’emmenait avec lui lors de ses expéditions. Ce n’est pas derrière lui, dans ses pas, qu’il faut chercher Georgette, mais plutôt dans son sac à dos. D’ailleurs, il convient de l’appeler… la Georgette.
Moitié fourchette, moitié cuillère, cet objet aussi surprenant qu’inédit est le résultat d’une longue réflexion de son inventeur Jean-Louis Orengo, entamée au retour d’une traversée du grand Nord canadien. « Je cherchais à réduire le poids de mon traîneau et n’avais donc emporté qu’une cuillère. Mais l’usage d’une fourchette m’a vite semblé indispensable », se souvient-il.
Suivant un processus biomimétique, il s’inspire de la forme des pattes des animaux pour créer un couvert deux en un. Après huit prototypes, il finit par mettre au point la Georgette. « Pour des raisons pratiques inhérentes à ma profession, mais aussi dans une volonté écologique, car un seul ustensile permet de diminuer l’utilisation de matières premières et d’économiser l’eau pour la vaisselle », note l’ichnologue.
Des avantages auxquels s’ajoute celui insoupçonné de décupler les saveurs, comme en témoigne Franck Rénimel, chef étoilé du restaurant En Marge (Aureville, sud de Toulouse) : « La Georgette offre la possibilité de les mélanger en bouche, notamment celles des plats en sauce. » Amateur d’originalité, il loue le couvert auprès de ses clients et le présente systématiquement avec ses soupes de choux-fleurs ou son cappuccino à la truffe noire.
Ce couvert unique permet donc de piquer, ramasser et séparer, voire couper les aliments sans avoir plusieurs ustensiles en main. Jean-Louis Orengo l’utilise tous les jours. « Il doit rester quelques fourchettes au fond de mes tiroirs, mais la Georgette est de tous mes repas », précise-t-il. Comme lui, de plus en plus d’adeptes sont séduits par les courbes arrondies de la belle. Ce qui, d’ailleurs, lui a valu son nom : « Il fait référence à la féminité de sa forme, mais aussi à son origine française. Il est facile à retenir et se prononce aisément en anglais. »
En 2017, il s’est vendu près de 300 000 Georgettes. Un succès dû notamment à une notoriété acquise lors du concours Lépine 2016 où elle a remporté la médaille d’or. Depuis, Jean-Louis Orengo a développé une nouvelle version, biodégradable. Rien de plus logique pour cet amoureux de la nature qui a d’ailleurs prévu de financer la création d’un conservatoire des traces d’animaux, via les recettes générées par les ventes de ce couvert unique.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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Commentaires
Gilles et John le 17/01/2025 à 08:19
Il n'a rien inventé. Les canadiens (la spork) et les japonais en sont les précurseurs.