Sur la liste Archipel Citoyen aux dernières élections municipales à Toulouse, Odile Maurin est aujourd’hui élue dans l’opposition. Atteinte du syndrome d’Asperger, elle milite pour les droits des personnes handicapées et porte une attention particulière aux problèmes d’accessibilité dans la ville. Mais qui est vraiment Odile Maurin ? Elle donne quelques indices en répondant à notre interview… décalée.
Odile Maurin, quelle est la phrase que vous ne supportez pas d’entendre ?
« Le budget ne nous permet pas… Il n’y a pas d’argent magique… » C’est une phrase récurrente des professionnels de la politique. Par exemple, chaque fois que les personnes handicapées demandent à l’État et aux collectivités de tenir leurs engagements en matière d’accessibilité. Ou quand le Département prétend ne pas avoir d’argent pour mettre fin à la maltraitance des services d’aide à domicile, alors qu’il en trouve dans bien des domaines qui ne relèvent pas vraiment de sa compétence, comme le soutien à Notre-Dame de Paris. Je rappelle alors qu’il s’agit simplement de choix politiques.
Un cauchemar qui a hanté vos nuits ?
Quelques cauchemars répétés dans la petite enfance : un crocodile me poursuivait pour me croquer. Pour croquer Odile… Depuis, j’ai appris que les bêtes qui paraissent les plus dangereuses de prime abord ne sont pas forcément celles dont il faut le plus se méfier. Un autre cauchemar à l’époque d’une forte fièvre enfantine, celui d’un rouleau compresseur qui écrasait mon lit et moi dedans.
Quel est votre plus beau souvenir d’enfance ?
Le temps passé à soigner des chevaux en échange de cours d’équitation gratuit. Puis, mes balades à moto ou à cheval dans la montagne basque.
Votre plus grosse gaffe ?
S’il n’y en avait qu’une seule… En tant que personne autiste, je peux être maladroite dans mes relations et ma franchise peut déranger. Pour autant, j’assume de ne pas être policée comme certains le souhaiteraient. En effet, nos sociétés doivent accepter les différences, considérer que c’est la diversité de l’espèce humaine qui en fait la richesse.
Votre plus grande peur ?
Devenir comme mes adversaires. Me résigner ou devenir cynique. Accepter les inégalités, la misère, les oppressions, le désespoir de beaucoup trop de gens. Et ne pas réussir à faire ma part pour faire obstacle à la destruction de la nature et du vivant, et à l’accroissement des inégalités, qui sont la marque de fabrique de nos sociétés.
Votre plus belle expérience ?
Avoir survécu. Quelles que soient les galères, la vie vaut la peine d’être vécue. J’ai beaucoup appris, même si mes apprentissages furent souvent douloureux et que je reste effrayée par l’immensité de ce qu’il me reste à apprendre.
Votre plus gros fou rire ?
Ça ne m’a pas marqué, mais je ris de bon cœur à écouter certains et certaines humoristes.
Quelle est votre émission TV préférée ?
Je regarde rarement la télévision, mais je dirais “Cash investigation” d’Élise Lucet.
Et celle que vous détestez ?
L’émission de Cyril Hanouna, les journaux télévisés type BFM et CNews, et les émissions de télé-réalité.
Qu’est-ce qui vous fait rire ?
Beaucoup de choses. La vie. C’est une comédie dramatique qu’il vaut mieux prendre avec humour.
Quel est votre péché mignon ?
Je suis gourmande, mais aussi très difficile sur le plan alimentaire. Je suis une grande amatrice de pâtisseries, et nostalgique des grandes tablées familiales de la paysannerie lot-et-garonnaise dont vient la famille de mon père.
La pire soirée que vous ayez connue ?
Celle du décès de ma mère, morte dans des conditions horribles d’un Parkinson juvénile à 51 ans, après 10 ans d’une maladie terrible dans un environnement qui excluait et exclut encore les personnes malades et handicapées.
Le pire cadeau que vous ayez offert?
Quand nous étions de jeunes enfants, mon frère et moi achetions des savons parfumés à notre grand-mère maternelle. C’était nul. En plus, elle n’en avait franchement pas besoin… Nous ne savions pas quoi lui choisir pour Noël, car étant enfants, nous n’étions pas proches d’elle, et ce n’est qu’à l’âge adulte que j’ai découvert la femme aimante qu’elle était derrière sa sévérité. Je me suis énormément rapprochée d’elle.
Votre restaurant toulousain préféré?
Je sors peu, mais j’aime bien le J’Go, car il est accessible, et utilise des produits de bonne qualité. Dommage que ce soit, parait-il, la cantine du PS. Et le Basso Compotes, resto d’un ami passionné de cuisine et de bons produits, et homme de cœur.
Quelle est la chanson que vous aimez fredonner sous la douche?
Je ne fredonne ni sous la douche ni ailleurs, car il risquerait de pleuvoir. Et je déteste la pluie.
Par contre, j’adore la musique, du rock à l’opéra en passant par le rap. Je suis fan des Rolling Stones.
Quel est votre gadget préféré?
La liste est hélas trop longue… Je me laisse parfois séduire par des produits techno pas franchement indispensables.
Quelle est votre destination préférée?
J’adore le Pays Basque, où j’ai vécu adolescente et adulte une dizaine d’années. Il y a la mer, la montagne, la campagne et la ville. Malheureusement, l’humidité n’était pas compatible avec mon état de santé. Sinon, en tant que grande frileuse (c’est lié à ma maladie), j’aurais rêvé de vivre sous les tropiques.
Odile Maurin, si la fin du monde approchait, que vous empresseriez-vous de faire?
Je pense qu’il s’agirait plutôt de la fin de l’être humain et de la vie tels qu’on les connaît sur Terre. En tout cas, difficile de savoir à l’avance. Mais n’étant pas du genre à baisser les bras, je pense que je me battrais aux côtés de tous ceux qui chercheraient les solutions pour préserver la nature et la vie au maximum. Et si cela s’avérait vain, je serais aux côtés de mes proches, et j’essayerais de laisser des traces des erreurs commises par nos sociétés pour éviter à d’autres civilisations (éventuelles ?) de les commettre.
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