Dès 2025, un puits va être creusé quartier Saint-Aubin dans le cadre des travaux de la ligne C du métro à Toulouse, suscitant l’inquiétude des commerçants. Ils craignent une désertion de leurs clients et des indemnisations insuffisantes.
« Les palissades vont être à seulement un mètre de l’entrée du bar », déplore Julien, salarié du bar “Le St-Aubin”. Place des Refuzniks à Toulouse, un puits va être creusé dès l’année prochaine dans le cadre des travaux de la future ligne C du métro. Un chantier qui va durer trois ans. « Une réunion d’information sera programmée au printemps pour présenter l’ensemble des travaux de l’ouvrage du puits Saint-Aubin ainsi que les aménagements de voirie au droit du chantier », précise Tisséo. Mais déjà, les commerçants sont inquiets. Les emprises de ce chantier, qui longeront le trottoir, représenteront la totalité de la place et une partie de la rue Pierre-Paul Riquet. Les commerçants seront ainsi privés de leur terrasse pendant plusieurs années. Ils s’attendent donc à un manque à gagner important. « La terrasse représente 80 à 90% de notre chiffre d’affaires en été », indique Julien. Le café “Le Grain de blé” vit lui « grâce à son extérieur » doté d’une soixantaine de places. Il ne peut accueillir que très peu de clients en intérieur. « Sans la terrasse, cela n’a plus aucun intérêt », regrette Allan Luino, son gérant.
Outre la disparition de son extérieur, Jules Le Clézio, gérant de la cave de Saint-Aubin “Cave et Créations”, craint un manque de visibilité pour son commerce avec ces grandes palissades qui doivent masquer le chantier. Julien est du même avis. « À part les habitués, nous aurons beaucoup moins de monde », appréhende-t-il. Luino Allan est encore plus inquiet. « Nous avons peur de ne plus avoir de client », craint le gérant. Un seul mot d’ordre avant les travaux : attirer. « Nous allons trouver des idées pour faire venir du monde en attendant le lancement des travaux. Nous allons notamment accentuer le côté “créations” avec davantage d’expositions d’art. Il faut fidéliser afin que la perte soit moins importante », estime le gérant de la cave.
Durant les travaux du puits, les commerçants de Saint-Aubin seront en partie indemnisés par Tisséo. « Ils vont se baser sur les anciens chiffres d’affaires des dernières années et nos marges actuelles », informe le salarié du bar. Ce qui s’annonce en revanche compliqué pour la cave. « Nous avons ouvert en décembre 2022. Comme il s’agit d’une reprise de commerce, nous allons devoir donner à Tisséo le bilan de l’ancienne propriétaire pour l’indemnisation. Sauf que nos chiffres sont en hausse par rapport à ceux du précédent commerce », révèle Jules Le Clézio. Allan Luino soulève une autre problématique. « En se basant sur nos marges, ceux qui en font peu risquent de se faire avoir. Ce qui est notre cas », déclare-t-il. À cela s’ajoute l’attente. « L’indemnisation se fera au bout de trois mois à partir du début des travaux du puits. Cela va être compliqué pour ceux qui n’ont pas de trésorerie », relève le salarié du bar.
Mis à part l’aspect financier, les commerçants de la place des Refuzniks craignent un impact sur leur moral. « Ce sera un moment difficile. Les palissades vont nous masquer la vue toute la journée », souligne Julien. Allan Luino le rejoint : « Psychologiquement ça va être dur. D’autant que nous allons aussi subir des nuisances, comme du bruit et des vibrations causés par les machines ».
Une forte appréhension dont est conscient le maire du quartier Saint-Aubin, Clément Riquet. « Dès que les emprises seront installées, nous vérifierons que tout est bien respecté, comme la largeur du passage », affirme l’élu qui indique que la Mairie a « déjà rencontré les commerçants à de multiples reprises ». « Nous faisons de l’information et de la médiation. Nous souhaitons que les riverains et les commerçants soient bien informés. Nous sommes également à leur écoute et allons le rester », assure Clément Riquet. Pour autant, les commerçants ne se sentent pas réellement soutenus. « On fait semblant de nous rassurer », juge le gérant du café.
D’ailleurs, si les palissades disparaîtront une fois le chantier de génie civil achevé, la place restera en chantier encore un certain temps. Des travaux d’embellissement seront effectivement réalisés durant six mois. « Tisséo réaménagera l’espace compris dans l’emprise du chantier », précise Clément Riquet. Pour le moment, les aménagements ne sont pas encore définis. « Nous sommes trop en amont pour cela. Le moment venu, nous associerons sans doute les riverains au projet de ces travaux d’embellissement », envisage le maire de quartier. Travaux durant lesquels les commerçants ne seront pas indemnisés, tout comme lors des phases préparatoires qui ont eu lieu début 2024. Ce qu’ils regrettent. « Il faudra donc compter plusieurs mois avant que les gens reviennent normalement et en plus, nous ne toucherons pas d’indemnisation », dénonce Allan Luino.
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