Ébranlé par de multiples crises internes, l’hôpital Joseph Ducuing a décidé de faire le ménage à la tête de son organisation. Nouvelle gouvernance et nouveau projet d’établissement, l’hôpital prévoit de rouvrir son service de médecine et d’augmenter le nombre d’accouchements réalisés.
Ébranlé par de multiples crises internes qui avaient abouti, entre autres, à la fermeture de son service de médecine interne en décembre dernier, l’hôpital Joseph Ducuing a fait le ménage au sein de sa gouvernance. À deux mois d’intervalle, le conseil d’administration des Amis de la médecine sociale (AMS), l’association propriétaire et gestionnaire de l’établissement, a renouvelé une partie de son bureau et élu une nouvelle présidente puis le conseil d’administration de l’hôpital a nommé une nouvelle directrice.
Claudine Regourd, membre de l’association depuis 30 ans, a ainsi été élue à l’unanimité, le 6 janvier 2022, à la tête d’AMS. Cette dernière a pour mission d’impulser un nouvel élan à l’hôpital et de veiller à la bonne mise en œuvre du nouveau projet d’établissement aux côtés de Cathy Garcia, nommée directrice de l’établissement le 24 février dernier.
Depuis plusieurs années, l’hôpital Ducuing faisait face à des difficultés économiques ainsi qu’a de vives tensions internes. Démissions en cascade de médecins-urgentistes et internistes, licenciements de chefs de service… L’équipe de direction mise en place en 2018 pour redresser la situation s’est rapidement retrouvée confrontée à un climat social intenable. Au point que l’établissement a dû fermer son service de médecine interne en pleine épidémie de Covid-19. Et qu’un renouvellement de la direction s’est imposé comme un préalable indispensable au redressement de cet établissement de soin au statut particulier (hôpital privé et associatif à but non lucratif).
« Le dialogue est renoué et se fait désormais dans des conditions apaisées », dr Marie-Josée Ferro-Collados
La première mission de la nouvelle équipe de direction consiste donc à résorber la fracture avec son personnel. « Nous avons mis en place un groupe d’administrateurs volontaires pour suivre l’évolution des choses et garantir la qualité de l’encadrement. Personnellement, j’irai sur le terrain », s’engage Cathy Garcia. De bonnes dispositions qui semblent rassurer les personnels soignants. « Le dialogue est renoué et se fait désormais dans des conditions apaisées. Même si cela n’empêche pas les désaccords sur certains sujets, nous nous sentons écoutés et nous pouvons de nouveau discuter de manière constructive. C’est déjà énorme, mais nous resterons vigilants », se félicite le docteur Marie-Josée Ferro-Collados, médecin addictologue et représentant de la Commission médicale d’établissement au Conseil d’Administration.
« Aujourd’hui, nous sommes en danger, c’est clair ! », Claudine Regourd
« Nous sortons d’une période très compliquée. Désormais, nous devons construire ensemble les nouvelles pistes d’amélioration », confirme Claudine Regourd avant de dévoiler les grands axes de la feuille de route pour les années à venir. L’objectif essentiel étant, à moyen terme, le redressement économique de l’hôpital après plusieurs années dans le rouge. « Nous visons un retour à l’équilibre budgétaire pour la fin de l’année 2024. Aujourd’hui, nous sommes en danger, c’est clair ! Nous devons donc, en urgence, augmenter notre activité et nous engager dans l’innovation », ajoute la présidente de l’association AMS.
Parmi les grandes priorités, la direction a évidemment ciblé la réouverture rapide de son service de médecine interne, fermé après quatre démissions. Une première embauche d’un médecin polyvalent ainsi que plusieurs à venir (médecins et infirmiers) devraient permettre de remettre en service quatre lits, dans un premier temps, avant d’atteindre une pleine capacité (36 lits) au début de l’année 2023. De quoi retrouver un niveau d’activité équivalent avec celui de 2019, année de référence, et accueillir en hospitalisation près de 2000 patients par an.
Souhaitant s’appuyer sur ses points forts, la médecine sociale et sa maternité, l’hôpital Ducuing prévoit également d’augmenter le nombre d’accouchements réalisés dans sa maternité. « Nous ambitionnons de passer de 2500 à 3000 par an », précise Claudine Regourd. Pour cela, l’établissement s’est doté d’une sixième salle d’accouchement et devrait recruter des personnels supplémentaires afin de ne pas altérer la qualité des soins. Enfin, la direction de l’hôpital envisage de développer ses activités de chirurgie orthopédique, digestive et gynécologique.
« Nous ne voulons pas nous laisser enfermer par une étiquette de médecine sociale et devenir un hôpital ghetto. La qualité de notre service vient précisément du fait que nous soignons tout le monde », assure Cathy Garcia avant de réaffirmer son intention de défendre l’héritage et les valeurs historiques d’accès au soin de l’hôpital. Une volonté partagée par tous les acteurs : la direction, l’association AMS et les personnels soignants.
Commentaires