L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) vient de rendre son bilan de l’économie en Occitanie pour 2022, dressant ainsi un état des lieux de l’emploi et de l’activité dans la région. Voici ce qu’il faut en retenir.
La Covid et la guerre en Ukraine ont pesé sur l’activité de la région en 2022. Ce que confirme le dernier bilan économique de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) Occitanie. « L’activité économique a été affectée par Omicron puis par des difficultés d’approvisionnement liées aux confinements en Chine et à la guerre en Ukraine. Mais des effets de rattrapage dans les secteurs de l’hébergement, de la restauration et des activités de loisirs ont permis une reprise », détaille Hervé Le Grand, chef du service études et diffusion de l’Insee Occitanie.
Ainsi, le volume de travail rémunéré par les entreprises privées a seulement augmenté de 2,2% dans la région en 2022 après avoir bondi de 10,7% en 2021. Une activité qui s’est donc essoufflée, surtout dans le secteur de la construction qui a connu un fort ralentissement l’année dernière. En cause, notamment : les épisodes de canicule. L’industrie, elle, se porte de mieux en mieux dans la région. « Il y a une reprise progressive dans le secteur portée par la fabrication de matériel de transports dans l’aéronautique, notamment », note Hervé Le Grand.
Tous les départements d’Occitanie ont vu leur activité ralentir en 2022 par rapport à 2021. Sans surprise, la Haute-Garonne est le territoire le plus dynamique de la région (+3,5%). La croissance est aussi assez soutenue sur le littoral, c’est-à-dire dans l’Hérault (+2,5%), l’Aude (+2,4%), les Pyrénées-Orientales (+2,4%) et le Gard (+1,8%). C’est tout l’inverse au sein des départements ruraux, principalement dans le Lot (-0,3%), en Aveyron (-0,2%), dans le Gers (-0,2%), le Tarn (0%), la Lozère (+0,2%), en Ariège (+0,6%) et le Tarn-et-Garonne (+0,8%), où l’activité stagne voire diminue.
« Si l’activité a été stable dans les départements ruraux, c’est parce qu’ils ont été davantage impactés par le contexte d’inflation élevée », informe François Hild, chef de projets conjoncture à l’Institut national de la statistique et des études économiques Occitanie. Seul le département des Hautes-Pyrénées (+1,7%) échappe à cette stagnation de l’activité économique grâce à une reprise de la filière aéronautique. Il bénéficie ainsi d’une hausse du volume de travail rémunéré par les entreprises privées de 2% entre le quatrième trimestre de 2021 et celui de 2022.
Ce ralentissement de l’activité économique a limité la croissance de l’emploi salarié. « Il a résisté, mais moins qu’en 2021 », indique Hervé Le Grand. Ainsi, la région a gagné 30 400 emplois entre fin 2021 et fin 2022. Ce qui représente une hausse de 1,4%, contre 4,2% l’année précédente. Toutefois, l’emploi dépasse nettement son niveau d’avant-crise puisque 117 000 postes ont été créés entre fin 2019 et fin 2022. « Cette hausse est portée pour un tiers par le développement de l’apprentissage », révèle Hervé Le Grand. En 2022, l’emploi ralentit dans tous les secteurs, mais surtout dans la construction et le commerce.
De son côté, le chômage est en légère baisse (-0,3 point) pour s’établir à 8,6%. La région conserve donc un taux de chômage supérieur au niveau national. « L’Occitanie est la deuxième région de France Métropolitaine où le taux de chômage est le plus élevé après les Hauts-de-France », rappelle Hervé Le Grand. La demande d’emploi diminue d’ailleurs moins qu’en 2021, précisément de 3,8% sur un an après -4,7 % l’année précédente. Pour information, 546 670 personnes sont inscrites à Pôle emploi en catégories A, B ou C au quatrième trimestre 2022 dans la région Occitanie.
La filière aérospatiale a participé à cette croissance de l’emploi dans la région. Pour preuve, le nombre de salariés a augmenté de 4,1% l’année dernière dans les 900 établissements d’Occitanie consacrant tout ou partie de leur activité à l’aérospatial. Ce qui conduit, toujours dans le secteur, à une hausse des effectifs dans l’industrie (+2,4%) et le tertiaire (5,8%). « Le trafic aérien, qui s’améliore nettement en 2022, permet une progression de l’activité dans l’aérospatial et donc de l’emploi. Cela profite aussi au secteur touristique qui retrouve quasiment son niveau d’avant-crise », souligne François Hild.
En effet, 54,5 millions de nuitées ont été enregistrées dans les hébergements collectifs touristiques d’Occitanie en 2022. Un nombre presque identique à celui de 2019 (-0,7 %). Ce sont les campings qui dynamisent la fréquentation touristique dans la région, contrairement aux hôtels où le nombre de nuitées reste inférieur de 7% en 2022 à celui de 2019. « Cela s’explique par le retour tardif de la clientèle en provenance de l’étranger », déclare le chef de projets conjoncture. D’ailleurs, la fréquentation touristique ne rattrape pas son niveau d’avant-crise partout, notamment dans les zones touristiques traditionnelles comme Lourdes et dans l’urbain.
Autre indicateur économique : les créations d’entreprise. 96 400 ont été créées en 2022 dans la région Occitanie, soit une diminution de 1,4% par rapport au niveau record de 2021. « Cette baisse s’explique par un retour à la normale dans certains secteurs qui avaient connu une forte hausse de créations d’entreprise pendant la crise sanitaire », indique François Hild. Ainsi, les créations d’entreprises ont diminué de 21% dans le commerce, le transport, l’hébergement et la restauration et continuent d’augmenter dans les services aux entreprises et aux particuliers et dans l’industrie.
Au nombre de 3 700, les défaillances d’entreprises sont elles en hausse sur l’année 2022, précisément de 66% par rapport à 2021. « C’est aussi un retour à la normale puisqu’elles avaient été basses en 2020 et 2021 grâce aux aides de l’Etat », rappelle le chef de projets conjoncture. Le nombre de défaillances d’entreprises reste toutefois moins important qu’en 2019. En effet, il y en avait eu 4 400 cette année-là. Enfin, le financement aux entreprises demeure dynamique. L’encours des crédits a augmenté de 7,4% en 2022 contre 4,9% l’année précédente.
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