Depuis fin 2023, les personnes ayant des symptômes notamment de cystite ou de conjonctivite, peuvent désormais se faire soigner en pharmacie sans passer par le médecin. c Initiée en Bretagne, elle permet aux pharmaciens de prendre en charge certaines pathologies courantes, dans le but de désengorger les cabinets médicaux et les services d’urgence.
Vous vous êtes brûlés et vous ne savez pas vers qui vous tourner ? Vous pouvez désormais faire appel à votre pharmacien pour une prise en charge encadrée. En effet, un nouveau service de conseils fait progressivement son apparition dans les officines de France. Initiée en Bretagne, l’expérimentation Osys est désormais en train de s’implanter dans 40 pharmacies d’Occitanie, réparties en trois types de secteurs étudiés : les « zones urbaines en tension médicale », les « zones rurales avec faible accessibilité aux soins » et les « zones littorales avec suractivité en haute saison ». Elle est ainsi présente dans neufs départements jugés prioritaires.
Le protocole d’Orientation dans le système de soins (Osys) consiste à prendre en charge six pathologies spécifiques, notamment l’odynophagie (maux de gorge), la cystite (infection urinaire), la conjonctivite, les piqûres de tique, les brûlures de toute taille et les plaies simples, afin de se faire soigner en se rendant directement en pharmacie, sans passer par le médecin.
Pour cela, les pharmaciens disposent d’un logiciel dédié qui les guide. En fonction des symptômes, ils peuvent recommander un traitement adapté, pouvant aller jusqu’à la prescription d’antibiotiques, ou encore orienter le patient vers un médecin ou les services d’urgence. Ainsi, toutes les interventions sont enregistrées dans le logiciel, ce qui permet aux médecins d’avoir accès à un historique complet lors du suivi des patients.
Sur les 40 pharmacies concernées par l’expérimentation Osys en Occitanie, certaines sont plus avancées que d’autres dans la mise en place du protocole. Chaque pharmacien doit en effet d’abord suivre une formation pour ensuite l’appliquer dans son officine. Et parmi les premiers à le mettre en œuvre, nous retrouvons Pascal et Stéphanie Beaucourt, les propriétaires de la pharmacie Beaucourt Malou, à Laboutarié, dans le Tarn, un département classé dans les « zones rurales avec faible accessibilité aux soins ». La formation de ces deux professionnels de santé a débuté en décembre dernier, suivie de quelques ajustements, notamment sur l’aménagement de la pharmacie, avant le lancement officiel de l’expérimentation Osys fin janvier.
Concernant les retours sur cette initiative, Pascal Beaucourt a souligné qu’ils n’ont rencontré aucune difficulté majeure. « Nous sommes très bien encadrés », assure-t-il. Pour lui, l’expérimentation Osys est bénéfique, surtout dans les zones confrontées à des déserts médicaux. Le pharmacien précise : « Nous apprécions d’autant plus la possibilité de prescrire des antibiotiques, qui est un énorme atout en hiver. Lorsque les médecins sont saturés par les angines, nous pouvons venir en soutien et désencombrer les salles d’attente des cabinets médicaux. Nous pouvons comprendre la crainte des généralistes, mais cette expérimentation ne les court-circuite pas, bien au contraire. C’est complémentaire, elle vient les aider. »
Du côté des généralistes, les avis sont d’ailleurs partagés selon le docteur Olivier Darreye, délégué régional adjoint de MG France en Occitanie. Pour lui, l’expérimentation Osys peut être une aide précieuse. Il explique : « Le pharmacien n’est pas censé faire des choses qu’il ne sait pas faire. Selon les organigrammes, il peut donner des conseils, diriger vers un médecin, ou vers les urgences. Pour moi, ce n’est pas du tout quelque chose qui devrait faire peur aux généralistes. Cela permettrait aux personnes qui ont du mal à trouver des médecins de se faire soigner. »
Le représentant de la région ajoute : « Tout ce qui peut nous aider à mieux flécher des pathologies, mieux aider des patients dans leur parcours de santé, c’est toujours bon à prendre. » Il est ainsi convaincu que cette initiative n’est pas une menace pour la profession médicale, mais plutôt un moyen supplémentaire de garantir un accès rapide aux soins pour les patients, en particulier dans les zones rurales où l’accès aux services de santé est limité.
L’expérimentation est en train de se développer progressivement sur le territoire régional. Elle est également en phase d’essai dans les régions Centre Val de Loire et Corse. À terme, les résultats d’évaluation obtenus sur ces trois régions viendront compléter ceux déjà obtenus lors de la première phase en Bretagne, permettant d’étendre ou non l’expérimentation sur l’ensemble du territoire français.
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