Environ 3 500 médicaments sont régulièrement en rupture de stock ou en risques de rupture ces derniers mois en France ; Le Journal Toulousain s’est alors demandé quelle était la situation en Occitanie. Et aux dires des pharmaciens de la région, la situation est « catastrophique ».
Avez-vous eu des difficultés à vous procurer certains médicaments dernièrement en pharmacie ? Depuis plusieurs mois, de nombreux patients peinent à se soigner en raison de problèmes d’approvisionnement. Et pour cause, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) recense au mois d’août plus de 3 500 déclarations de rupture de stock ou de risques de rupture en France. Pour l’occasion, Le Journal Toulousain s’est rapproché de Bruno Galan, président de l’Ordre des pharmaciens d’Occitanie, afin de faire un point sur la situation dans la région.
Le pharmacien explique alors que les ruptures de stock concernent tout particulièrement trois grandes catégories de médicaments très utilisés. Tout d’abord, les antibiotiques. Selon Bruno Galan, l’Amoxicilline ainsi que l’Augmentin sont régulièrement en rupture de stock en Occitanie et plus généralement en France. Seulement, les médecins prescrivent souvent ces traitements, notamment pour les enfants. « C’est embêtant parce que ce sont des antibiotiques de première intention », déplore le président de l’Ordre.
Une autre catégorie de médicaments est également touchée par des ruptures : les antiarythmiques. Selon le pharmacien, la Flecaine, médicament prescrit contre les problèmes cardiaques, est difficile à trouver. Pour pallier cette pénurie, « l‘ARS a labellisé des pharmacies pour qu’elles puissent en fabriquer et en préparer », ajoute Bruno Galan. Et enfin, les officines rencontrent des difficultés avec une troisième famille de médicaments : les antidiabétiques. Le Trulicity (une insuline) est compliqué à trouver puisque « tous les dosages sont en rupture depuis des mois. » Les pharmacies ne reçoivent que quelques boîtes de temps en temps, mais elles n’arrivent pas à créer de véritable stock. « C’est catastrophique », alerte Bruno Galan.
Interrogé sur la raison de ces innombrables ruptures de stock, le président de l’Ordre des pharmaciens d’Occitanie évoque plusieurs pistes possibles : « Nous ne savons pas vraiment ce qu’il se passe. D’une part, les laboratoires préfèrent vendre leurs productions à certains pays voisins qui achètent les traitements plus chers que nous. Ensuite, les épidémies faisant augmenter la demande de manière ponctuelle, la fabrication a du mal à suivre… C’est donc un contexte général qui impacte très fortement les approvisionnements. Par exemple, quand nous voulons commander les antidiabétiques, les laboratoires affirment livrer les grossistes, qui de leur côté déclarent ne rien recevoir ou pas assez. Et, concernant le Trulicity plus spécifiquement, la rupture est certainement due à la forte demande des Américains qui l’utilisent pour perdre du poids. Non seulement c’est faux, mais en plus cela crée des pénuries partout dans le monde. »
Le pharmacien fait également part des difficultés de gestion qu’il rencontre depuis quelque temps : « Nous n’avons pas de visions à long terme. Pour exemple, la Cortisone a été en rupture totale pendant un temps, puis nous en avons eu à nouveau. Cela dépend vraiment des périodes. C’est une situation délicate pour nous. Un jour, nous pouvons avoir du stock, et le lendemain, nous n’avons plus rien. Alors, nous nous organisons avec d’autres officines pour satisfaire au mieux les besoins des patients », raconte Bruno Galan. Le président de l’Ordre des pharmaciens d’Occitanie insiste sur l’instabilité de la situation en ajoutant que certains médicaments peuvent être en rupture de stock dans une officine et disponibles dans un établissement de la même rue, créant ainsi l’incompréhension chez certains patients.
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