RESTRUCTURATION. Le Conseil des ministres a annoncé son choix en juillet dernier : la Chambre régionale des comptes basée dans la ville rose sera supprimée pour ne garder que celle de Montpellier sur la future grande région. Une décision qui inquiète les magistrats et personnels toulousains.
Surprise, abattement, inquiétude, incompréhension, sont des mots qui résonnent depuis plusieurs semaines dans les couloirs de la Chambre régionale des comptes de Toulouse, suite à l’annonce du gouvernement qui a décidé la fermeture de l’établissement. Car « le plan initial laissait plutôt présager un maintien de l’administration dans la ville rose », explique Christian Buzet, délégué local du Syndicat des juridictions financières. « Si la décision avait été prise sur des critères objectifs tels que la localisation, l’organisation du travail ou encore la présence sur le territoire, Toulouse aurait certainement été retenu », poursuit-il, regrettant une décision purement politique. Ainsi, ce serait par souci d’équilibre que Montpellier aurait été choisi, Toulouse ayant déjà obtenu le statut de capitale de la future région. Ce que ne nie pas Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, venu à Toulouse pour rassurer le personnel. Lui, s’était clairement positionné en faveur d’un maintien de l’administration dans la ville rose, mais « peu importe le choix que j’ai eu à exprimer, une décision a été prise, il est de mon devoir de faire en sorte qu’elle s’applique », nous confiait Didier Migaud. Ainsi, au 1er janvier 2016, le siège de la nouvelle Chambre régionale sera installé à Montpellier et, d’ici l’été 2016, le site de Toulouse sera fermé. Dans la foulée, le premier président de la Cour des comptes balaye également toute idée d’annexes ou autres décrochements : « C’est à partir du site de Montpellier que les magistrats et l’ensemble du personnel travailleront. » Ce pose alors le problème des contrôles effectués, ce que souligne Christian Buzet : « En centralisant les deux institutions dans l’Hérault, on s’éloigne du terrain » affectant, voire altérant, le travail. « Comment faire un bon suivi et contrôle dans les départements de l’Ouest de la future région comme le Gers ou les Hautes-Pyrénées à partir de Montpellier ? » s’interroge le syndicaliste. Mais éloigner les magistrats des territoires sur lesquels ils devront se rendre génère-t-il réellement une économie, raison principale de la fusion ? « Il faudra rester sur place, payer un hôtel, alors qu’avant, nous pouvions nous déplacer sur tout le territoire de Midi-Pyrénées en faisant l’aller-retour dans la journée », constate un autre syndicaliste.
Outre la logistique, il s’agit également d’un problème humain comme le reconnait Didier Migaud car ce sont une cinquantaine de personnes qui se sont vues annoncer la disparition de leur poste. « Ils sont abattus et ne savent pas quelle option choisir entre leur transfert sur Montpellier ou leur reclassement sur place car se pose la question du travail du conjoint, des patrimoines immobiliers… », témoigne Christian Buzet. Un plan d’accompagnement a été garanti par le premier magistrat de la Cour des comptes mais il sera difficile pour les salariés d’effacer l’ardoise.
©Franck Alix/JT3 questions à Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes
Pourquoi avoir fait le déplacement à Toulouse ?
J’ai souhaité venir à Toulouse pour rencontrer l’ensemble des magistrats et du personnel, afin de leur garantir que nous ferons le maximum pour que ce regroupement sur Montpellier soit une réussite, que nous tenterons d’apporter des réponses personnalisées pour toutes les situations. Je comprends que cette décision puisse bouleverser un certain nombre, d’autant que la Chambre régionale fonctionnait remarquablement bien mais la réforme territoriale implique une réorganisation et les juridictions financières doivent s’y inscrire.
Qu’est-il proposé au personnel ?
Nous leur proposerons de rester dans une juridiction financière et il est souhaitable que le maximum puisse rejoindre Montpellier mais ils auront la possibilité d’exprimer des souhaits pour d’autres Chambres régionales. Pour ceux qui ne voudront ou ne pourront pas suivre, nous ferons le maximum pour un reclassement sur Toulouse.
Tout regroupement, toute restructuration, entraîne des bouleversements et la dimension humaine est à prendre en considération. Nous avons une expérience de réorganisation puisqu’en 2012, nous sommes passés de 22 Chambres régionales à 15, j’espère qu’elle nous permettra justement de passer cette étape le mieux possible.
Cette restructuration a pour vocation de réaliser des économies. Qu’en est-il réellement ?
Nous ferons au moins l’économie de la location du bâtiment de Toulouse puisque, dans quelques jours, nous adresserons notre préavis et qu’à l’été prochain, le site sera fermé. A Montpellier, le nouveau personnel sera accueilli au sein même de l’actuel établissement, sans travaux excessifs, en louant un étage supplémentaire. L’opération se fera au moindre coût. Ces économies n’ont pas encore été chiffrées mais il est évident qu’il y en aura même si la première année il peut y avoir quelques surcoûts.
Commentaires