Ras-le-bol. La rentrée s’annonce houleuse pour les Chambres de Commerce et d’Industrie qui dénoncent les dernières mesures du gouvernement les concernant. Le président de la CCI Midi-Pyrénées, Didier Gardinal, ne cache pas sa colère.
Didier Gardinal, pouvez-vous revenir sur ce qui oppose aujourd’hui les CCI au gouvernement ?
Après avoir repris 15% de notre fiscalité en 2010 et 20% l’année dernière, le gouvernement veut nous retirer 36% de plus entre 2015 et 2017. Cela équivaut à une baisse de plus de 50% et nous met à genoux, dans l’impossibilité de fonctionner. De plus, il a annoncé une ponction de 500 millions d’euros sur nos réserves cette année, après nous avoir déjà prélevé 170 millions l’année dernière ; pourtant la loi nous impose de disposer de trois mois de réserve. Autre aberration : Il nous est désormais «interdit» de développer l’apprentissage puisque le gouvernement nous demande de ne plus y consacrer un euro alors qu’il s’agit là de l’une de ses priorités. Enfin, nos décideurs souhaitent que l’on ne s’occupe plus des établissements gérés tels les ports, les aéroports, les parcs expositions, les parkings, les écoles de commerce… partant du principe que cela peut être assumé par le privé.Tout ceci nous a été confirmé par Arnaud Montebourg en juillet dernier. Nous étions donc très en colère et prêts à mener des actions fortes.
En Midi-Pyrénées, plus précisément, qu’en est-il, quelles seront les conséquences si ce plan aboutit ?
D’après nos calculs, si le gouvernement persiste, toutes les réserves des Chambres de notre région disparaîtront, soit 20 millions d’euros et 150 à 200 emplois seront menacés. Ainsi, sur les trois ans qui viennent, nous serons dans l’obligation de licencier du personnel. Ce plan met réellement les CCI en danger. Si le gouvernement estime ne pas avoir besoin des Chambres, qu’il les supprime purement et simplement mais si demain elles venaient à disparaître, je promets un « joyeux bordel » en France.
A vos yeux, existe-t-il des solutions pour sortir de cet affrontement ?
A l’heure où nous parlons de réformes territoriales et de fusion des régions, pourquoi ne pas en faire de même ? Personnellement, je suis en discussion avec mon homologue de Languedoc-Roussillon pour envisager des mutualisations de moyens et ainsi baisser nos coûts. Le but étant de tout faire pour préserver les services assurés par les CCI, nos missions premières, à savoir l’apprentissage, la formation, l’accompagnement à l’international, etc. Peut-être nous sommes-nous un peu trop dispersés mais nous ne pouvons pas revoir tout un fonctionnement d’un seul coup. Et pourquoi n’avons-nous jamais évoqué l’idée de fusionner les CCI et les Chambres de Métiers qui, somme toute, ne sont pas bien différentes ? Nous ferions-là des économies réelles.
Mais certains présidents de Chambres seraient alors sur la sellette…
Personnellement, je ne suis pas là pour le poste… La présidence de CCI consiste à se mettre au service des autres et confère, il est vrai, un peu de notoriété, mais aucun des collègues occupant ce poste ne le fait pour être sous les projecteurs !
« Je me réjouis de l’arrivée d’E. Macron »
Comprenez-vous que le gouvernement qui cherche à réaliser des économies, demande aux CCI de faire un effort ?
Que l’on nous demande un effort supplémentaire en 2015 pour aider au redressement économique de l’Etat, d’accord ! Mais pas si la survie des CCI en dépend ! Actuellement, un projet de fusion entre la CCI Midi-Pyrénées et celle de Toulouse est en cours. Cela permettra de réaliser des économies mais il faut nous laisser le temps de le faire. Et nous faisons des efforts depuis longtemps puisque depuis 2010, nous avons mutualisé les ressources humaines et la direction financière de toutes les Chambres départementales. De plus, nous avons gelé les embauches et ne renouvelons pas les départs.
La nomination d’Emmanuel Macron au ministère de l’Economie peut-elle changer la position du gouvernement à l’égard des CCI ?
Les présidents des CCI le connaissent bien et l’ont rencontré plusieurs fois car il était conseiller en économie du Président de la République. Il est plutôt libéral et soutient les Chambres de commerce, ce qui est de bon augure pour nous. Je me réjouis du débarquement d’Arnaud Montebourg et de l’arrivée d’Emmanuel Macron. Cette nomination peut changer la donne, mais nous restons sur nos gardes… Nous croisons les doigts.
Commentaires