Mise au point. Alors que sept investisseurs sur dix refusent d’investir dans un projet si celui-ci présente un risque environnemental, social ou de gouvernance, la CFE-CGC revient sur l’importance de la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises). Bernard Brambilla, secrétaire général Midi-Pyrénées de la CFE-CGC, précise son rôle dans l’amélioration du dialogue social.
Bernard Brambilla, la RSE est une considération d’actualité avec l’approche de la Cop21, de quoi s’agit-il exactement ?
La RSE est un concept dans lequel les entreprises intègrent les préoccupations sociales, environnementales et économiques dans leurs activités et dans leurs interactions avec leurs parties prenantes sur une base volontaire. Ainsi, la RSE redonne du sens aux entreprises, elles-mêmes qui mènent une course effrénée à la recherche du profit. Elle porte d’autres valeurs et s’est bien pour cela que les entreprises se sentent obligées de répondre à certaines normes pour être reconnues en tant qu’établissement responsable. La RSE ne doit plus être une caution pour l’entreprise mais se positionner au cœur même de leurs enjeux pour rechercher le meilleur équilibre possible entre la production et sa conséquence sur les salariés.
La RSE séduit-elle aujourd’hui ?
La jeune génération a été davantage habituée à entendre ce discours de préservation de l’environnement notamment. Ainsi, la RSE a effectivement un bon écho chez les jeunes, ils y sont plus sensibles. Les anciens ont plus de mal à intégrer qu’une entreprise, ce n’est pas que de l’argent. C’est un peu comme la ceinture de sécurité. Les conducteurs l’ont mise par peur du gendarme au début et puis son port est devenu normal et systématique pour les jeunes générations. Les mentalités ont changé et changent encore. Générer de l’argent c’est bien mais si l’on ne peut pas l’utiliser parce qu’il n’y a plus d’air pur, à quoi bon ?
Vous parlez là des salariés mais la RSE s’invite de plus en plus dans les Conseils d’administration, qu’est-ce que cela traduit ?
Tout à fait, d’ailleurs nous avons obtenu qu’un représentant syndical soit présent dans les Conseils d’administration des grosses entreprises pour participer à la stratégie économique et savoir par avance le chemin sur lequel souhaite se diriger les actionnaires. C’est une démarche de RSE… même si elle n’est souvent que symbolique. Car il faut bien le dire, on voit de tout : certains chefs d’entreprises n’en ont rien à faire et veulent simplement faire bonne figure, voire remporter des marchés grâce à la RSE. Quoi qu’il en soit, toutes les raisons de prôner la RSE restent une bonne chose car ce qui compte in fine, c’est le résultat ! De même que de petites entreprises peuvent faire de la RSE sans même le savoir, simplement en prenant en compte leur environnement et en respectant leurs salariés.
« Vouloir préserver des emplois peut conduire à de véritables cas de conscience ! »
La RSE est donc un investissement socialement responsable ?
Tout à fait car si un chef d’entreprise fait de la RSE, sa société ne s’en portera que mieux. Il existe des normes pour cadrer tout cela. Il faut que la RSE soit constatable. Notre organisation syndicale s’est fixée cinq axes qui permettent d’affirmer qu’une entreprise mène réellement une politique de RSE : le dialogue social, le respect de l’écosystème et de l’environnement de l’entreprise, le développement humain ou la considération des salariés (capital à préserver) à leur juste valeur, la performance pour considérer la RSE comme porteuse d’équilibre face au marché financier et pour finir, la gouvernance responsable qui vise à associer les salariés aux décisions de l’entreprise. La RSE doit donc être le socle de l’évolution d’une entreprise pour protéger notre environnement naturel mais aussi la santé des salariés ainsi que celle des chefs d’entreprises car les burn out touchent aussi les dirigeants.
La RSE peut-elle contribuer à la compétitivité des entreprises ?
Au sein de l’Europe oui car cette démarche est vertueuse et permet l’accès à certains marchés. Malheureusement, face à la concurrence mondiale, c’est plus compliqué. Rappelez-vous de l’usine au Bengladesh qui s’est effondrée sur les employés… Des entreprises internationales qui n’ont que faire des préoccupations de la RSE et des conditions de travail sont forcément plus compétitives car ils exploitent l’humain et ont une cadence effrénée.
La RSE est donc indissociable du dialogue social…
Elle en fait partie puisque si le dialogue social n’existe pas, la RSE ne peut pas se mettre en place dans une entreprise.
Pourtant les événements démontrent que le dialogue social reste difficile…
C’est le moins que l’on puisse dire ! Mais il ne faut pas baisser les bras, il faut avancer, toujours. Les choses sont aujourd’hui difficiles parce que certains syndicats réformistes, dont la CFE-CGC, signent des accords qui font régresser les acquis sociaux comme le disent certains, mais ce n’est pas le cas. Simplement nous avancons, cela ne sert à rien de bloquer des situations. Prenons l’exemple des retraites, les faits sont là : il y a plus de bénéficiaires que de cotisants. Le Medef ayant consenti à un abattement de 10% pour pouvoir conserver la caisse ARGIR, préserver le pouvoir d’achat des retraités… Il faut donc aussi consentir à des efforts. Mais cela devient difficile pour les organisations syndicales de défendre les salariés, cependant, à la CFE-CGC, nous ne sommes pas adeptes de la politique de la chaise vide… Aujourd’hui, vouloir préserver des emplois peut conduire à de véritables cas de conscience !
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