AVE MARIA – La basilique Notre-Dame de la Daurade, dont la rénovation vient d’être achevée et dont la visite est à nouveau possible, abrite une Vierge noire. Des statues similaires sont apparues en Europe, et surtout dans le sud de la France, au Moyen Âge, mais l’origine de leur couleur reste un mystère. À Toulouse, cette teinte spéciale confèrerait à la sculpture d’incroyables pouvoirs.
// Par Michael Ducousso
À la basilique Notre-Dame de la Daurade, les fidèles se succèdent aux pieds de la statue de la Vierge Marie habillée d’une robe bleue. Si la couleur du tissu fait partie des codes du culte marial, celle du bois est plus inhabituelle.
La Vierge noire de la Daurade, c’est le Da Vinci Code de René Souriac. Un mystère que l’historien toulousain a tenté de percer, sans parvenir à en dissiper toutes les zones d’ombre. Seule certitude : l’église installée là depuis le Ve siècle a été vouée au culte de Marie. Elle a donc dû abriter de nombreuses représentations de la mère du Christ, « mais elles n’étaient certainement pas noires. C’est la statue datant du XIVe siècle qui a noirci avec le temps. Au XVe siècle, on l’appelait déjà ‘’Brune’’ et elle est devenue ‘’Vierge noire’’ à partir du XVIIe siècle ».
Comme pour la célèbre Vierge noire du Puy-en-Velay, polychrome à l’origine, ce changement de teinte ne s’explique pas vraiment. Est-ce la faute d’un peintre puriste qui a voulu rappeler les origines moyen-orientales de Marie ? Ou lui donner un style gothique, plus à la mode ? Ou bien, est-ce parce que le noir va avec toutes ses robes ? Mystère. « Une hypothèse possible est que la fumée des cierges a fini par les noircir », pense plutôt l’historien. Quoi qu’il en soit, « il y a un aspect magique dans l’affaire, car on a attribué aux vierges noires plus de pouvoirs qu’aux autres. » Cette superstition explique la multiplication de ce type de statue en Europe au Moyen Âge. Des apparitions plus souvent dues aux coups de pinceau qu’aux miracles.
En ce qui concerne la Vierge noire de la Daurade, le mystère entourant sa couleur restera entier. Impossible de faire intervenir la police scientifique pour mener l’enquête puisque la statue a été brûlée dans des circonstances troubles, à la Révolution. Les autorités de l’époque craignaient sans doute la ferveur populaire dont cette Vierge, protectrice de la ville et surtout des futures mamans et des accouchées, faisait l’objet.
Celle qui est exposée aujourd’hui à la basilique de la Daurade est en fait une réplique, sculptée et peinte à l’image de la statue originale, en 1807. Malgré cet artifice, elle reste une des plus célèbres d’Europe et protègerait toujours les femmes enceintes. Selon les statistiques de la paroisse, entre 2003 et 2006, 754 femmes ont demandé des rubans bénits, dits « ceintures de la Vierge », à l’église. Noués autour de la taille, ils sont censés protéger les futures mères et leurs enfants. « C’est ce qui fait que l’église de la Daurade est la plus fréquentée de Toulouse, avec presque 300 personnes par jour », assure René Souriac, en juin 2017, lors de la première publication de cet article.
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