Rugbyman international, Yoann Maestri est aussi un amateur éclairé d’art contemporain. Une passion qu’il fait partager depuis deux ans dans sa Galerie M, rue Bouquières, à Toulouse.
La formule est légendaire, digne de Michel Audiard. Ce n’est pourtant pas au célèbre dialoguiste qu’on la doit, mais à Pierre Danos, un demi de mêlée des années 1950 : « Au rugby, il y a ceux qui jouent du piano et ceux qui les déménagent. » Du haut de ses 2,02 mètres et de ses 119 kilos, le deuxième ligne Yoann Maestri appartient sans aucun doute à la seconde catégorie. Parti cette saison rejoindre la capitale et le club du Stade Français, le gaillard fut au cours de la dernière décennie l’un des joueurs les plus en vue de la mêlée du Stade Toulousain. Un dur au mal, jamais avare de quelques plaquages désintégrateurs.
Depuis plus de deux ans toutefois, ce n’est plus seulement à la faveur de ses tampons virils et autres raffuts aux vertus anesthésiantes que les Toulousains connaissent ce tout juste trentenaire. Yoann Maestri est aussi galeriste d’art contemporain. Dans la quiète et bucolique rue Bouquières, en plein coeur de la Ville rose, ce Varois d’origine a ouvert au printemps 2016 la Galerie M. Sur les murs blancs de ce local étroit et épuré, le rugbyman fait partager sa passion pour l’art, la création, la jeune scène des plasticiens, peintres, photographes ou dessinateurs.
L’histoire a d’abord surpris. Interpellé. Comme si l’attirance d’un rugbyman professionnel pour l’art, de surcroît contemporain, relevait de l’incongruité — seuls ceux qui n’ont jamais vu les sculptures de Jean-Pierre Rives ou de Cédric Soulette demeurent dans la conviction de cette idée fausse. Enfant de Carqueiranne, grandi sous le chant des grillons et la lumière méridionale des escarpements de cette côte méditerranéenne où tant de peintres posèrent leurs chevalets, Yoann Maestri, petit-fils d’immigrés italiens, aurait pu devenir graphiste ou ingénieur du son.
Il choisit finalement le rugby, mais un oeil aiguisé très tôt par un père dessinateur industriel continue d’alimenter sa curiosité artistique. « J’aime ou non, au premier regard » répète-t-il, sans jamais céder aux cuistreries qui sont la sourdine de tant de vernissages mondains.
« J’aime ou non, au premier regard »
À Londres, à Paris, à Berlin, il a écumé d’innombrables galeries. En quête de talents encore peu connus, animé par le désir de diffuser un travail accessible, il scrute les réseaux sociaux que l’art et son marché ont désormais investis. À la Galerie M, se sont succédées, entre autres, les oeuvres d’Inès Longevial, de Jean André, de Cyril Hatt, de Nelly Monnier, de Julien Lefèvre, de Yann Le Bec, de Vincent Sarda et plus récemment de l’Atelier Wanc.
Une nouvelle génération, un nouveau regard. Dorénavant parisien, Yoann Maestri aura tout le loisir, entre deux sprints sur le pré, de courir les galeries pour dénicher des artistes et, d’une longue passe sautée, les envoyer jusqu’à Toulouse.
Nicolas Coulaud
La rédaction
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