Or et pierre rouge : il arbore avec éclat les couleurs du drapeau catalan. Désormais protégé par une Indication géographique, le grenat de Perpignan bénéficie d’un savoir-faire unique au monde.
Bien sûr, il y a la sardane, la cargolade ou encore le rugby. Mais, parmi les traditions catalanes, la transmission d’un grenat de Perpignan de mère en fille est l’une des plus solidement implantées puisque ce bijou est apparu à la fin du règne de Napoléon III. Si la croix badine à la partie inférieure articulée, la bague marquise au chaton oblong et les boucles d’oreilles dormeuses constituent la parure la plus emblématique, rien n’interdit aux coquettes de sortir des sentiers battus. « Nous sommes en permanence dans la création », se réjouit Alain Pagès, artisan bijoutier à Ille-surTêt et président du Syndicat des bijoutiers des Pyrénées-Orientales. « À cause de son ancienneté, le grenat a souffert d’une réputation de bijou de grand-mère mais il séduit aussi bien les jeunes filles et les jeunes femmes. Nous proposons des formes très modernes, et parfois surprenantes. » Le savoir-faire ne change pas, en revanche.
« Le grenat a souffert d’une réputation de bijou de grand-mère mais il séduit aussi les jeunes filles et les jeunes femmes. »
Afin de le protéger, une Indication géographique protégée (IGP) a été décernée au grenat de Perpignan par l’État, le 23 novembre 2018. Il fallait bien cela pour garantir à la clientèle la qualité d’un bijou monté de manière unique. Taillées selon le principe de la “taille rose”, ou “taille Perpignan”, les pierres présentent des facettes sur le dessus tandis que le dessous reste plat. On les sertit ensuite dans des chatons d’or dix-huit carats fabriqués à la main et parfaitement adaptés à leur forme. À l’abri des impuretés, les pierres conserveront malgré les années leur éclat extraordinaire, rehaussé grâce au “paillon”, une feuille métallique rouge vif qui tapisse le fond bombé du chaton. « Le rouge vif se déclare au milieu de la couleur grenat sous la moindre source lumineuse. Un bijou splendide ! » s’enthousiasme Alain Pagès.
Seuls les membres de la Confrérie du grenat de Perpignan respectent cette méthode que l’on n’enseigne plus dans les écoles de bijouterie françaises, et qui nécessite la fabrication d’outils spécifiques. Répartis dans les communes des Pyrénées-Orientales, une quinzaine de maîtres bijoutiers-joailliers apprennent donc à leurs apprentis les gestes des anciens. Autrefois extraites des mines du département, les pierres proviennent de sites étrangers. Mais qu’importe leur origine tant que subsistent la qualité et le savoir-faire.
Grâce à cette IGP, le grenat de Perpignan a tout l’avenir devant lui, Alain Pagès en est persuadé : « Observez les vitrines des plus grandes joailleries parisiennes : la tendance est aux couleurs vives et chatoyantes. Nos ambitions sont à l’échelle nationale, et même au-delà. » Symbolisant tout à la fois la loyauté, la sincérité et la constance, le bijou sang et or a bien l’intention de faire un coup d’éclat.
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