Invité le 16 novembre par la députée Corinne Vignon à présenter à Toulouse ses 113 propositions pour les personnes en situation de handicap, Adrien Taquet, député LREM des Hauts-de-Seine, revient pour nous sur la question de l’emploi.
Quelle place est réservée à l’emploi dans vos réflexions sur l’insertion des personnes handicapées ?
C’est un sujet qui a été peu abordé en raison des diverses consultations lancées par le gouvernement en parallèle. Certaines ont débouché sur des propositions dans la loi Pacte, d’autres sont toujours en cours.
Quels sont, selon vous, les principaux freins à l’emploi des personnes en situation de handicap ?
Il en reste malheureusement beaucoup mais, selon moi, le plus important est un frein culturel et la loi n’y peut pas grand-chose. Il faut arrêter de voir l’emploi de ces personnes comme une contrainte et un coût mais plutôt parler d’investissement et de création de valeur. Nous aurons fait un grand pas quand nous aurons réussi à convaincre les chefs d’entreprises et les autres salariés, qui parfois l’appréhendent, qu’avoir une personne en situation de handicap est un levier de performance. Pour un manager, cela doit être l’occasion de repenser l’aménagement de sa société, les process de travail. Mais ce changement culturel sera long.
D’ici là, quelles pistes vous paraissent les plus intéressantes pour faire progresser le taux de personnes handicapées dans les entreprises ?
Il y a plusieurs choses. Dans un premier temps, je pense qu’il est nécessaire, à l’heure actuelle, de conserver l’obligation d’embaucher 6 % de travailleurs handicapés pour les sociétés de plus de 20 salariés. Il y a encore des progrès à faire. Mais, j’estime qu’il existe un manque de reconnaissance pour les entreprises qui font des efforts, notamment celles qui sont largement au-dessus des 6 % sans vouloir devenir des entreprises adaptées ( qui emploient plus de 80 % de personnes handicapées). Il faudrait peut-être imaginer un mécanisme d’incitation pour valoriser ces entreprises.
Par ailleurs, l’une des propositions du rapport a été intégrée dans la loi Pacte, afin de mettre en place des référents handicap dans les établissements de plus de 250 personnes. Cela permet la création de vraies politiques de ressources humaines en faveur de ces personnes au sein des grandes entreprises. Mais j’aimerais surtout arriver à objectiver l’impact de l’emploi des personnes handicapées. Comment parvenir à montrer que cela génère des effets positifs ? C’est une piste qu’il me semble important de creuser pour accélérer ce changement culturel.
Au-delà de la place de ces personnes au sein des entreprises, la question de l’emploi est aussi liée à l’accessibilité du lieu de travail. Cela implique également de nombreuses évolutions.
Tout à fait. La problématique de l’emploi doit être abordée de façon environnementale. Si les transports publics ou le trottoir devant l’entreprise ne sont pas adaptés, l’aménagement du poste de travail n’a aucune importance. Il faut aussi apporter davantage de souplesse. C’est pour cette raison qu’avec le gouvernement, nous avons mieux encadré et facilité le télétravail, qui ne doit cependant pas être un outil d’exclusion de ces publics mais un moyen supplémentaire d’insertion.
Paul Périé
Député LREM des Hauts-de-Seine, il est le coauteur du rapport ‘’Plus simple la vie’’, consacré à la simplification des démarches administratives des personnes en situation de handicap, publié en mai dernier.
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